Puissé-je ?
Puissé-je ?
Voici une sujet à propos des questionnements utilisant certains verbes à la première personne du singulier du présent de l'indicatif.
D'après vous, est-ce que les formulations suivantes sont encore considérées comme correctes de nos jours :
- Puissé-je vous demander...?
- Pensé-je réellement...?
Dans le permier exemple, si l'expression est bonne, on pourrait préférer une version plus récente comme : "Puis-je...?"
Mais dans le deuxième exemple, qu'en est-il ? Je ne connais pas d'équivalence, souhaitant éviter le trop lourd "Est-ce que...?"
D'après vous, est-ce que les formulations suivantes sont encore considérées comme correctes de nos jours :
- Puissé-je vous demander...?
- Pensé-je réellement...?
Dans le permier exemple, si l'expression est bonne, on pourrait préférer une version plus récente comme : "Puis-je...?"
Mais dans le deuxième exemple, qu'en est-il ? Je ne connais pas d'équivalence, souhaitant éviter le trop lourd "Est-ce que...?"
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
« Puissé-je ? » est une forme qui existe mais ce n'est pas de l'indicatif : c'est du subjonctif (que je puisse), on parle même de subjonctif optatif ; on utilise cette forme pour traduire le souhait latin, Utinam. Chez Baudelaire, par exemple : « Puissé-je user du glaive et périr par le glaive ! ». « Puis-je » n'est donc pas une version plus récente, c'est la façon usuelle de demander si l'on peut ou non faire quelque chose. « Puis-je savoir si vous m'aimez ? »
Quant à « Pensé-je ? », c'est une forme admise. Vous pouvez également dire : « Suis-je réellement en train de penser ? » ou, comme vous le suggérez : « Est-ce que je pense réellement ? ».
Quant à « Pensé-je ? », c'est une forme admise. Vous pouvez également dire : « Suis-je réellement en train de penser ? » ou, comme vous le suggérez : « Est-ce que je pense réellement ? ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Rappelons-nous les imprécations de Camille dans Horace :
Rome, l'unique objet de mon ressentiment
......................................
Que le courroux du Ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feu !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre
....................................
C'est le subjonctif présent : puissé-je, puisses-tu, puisse-t-il / elle, puissions-nous, puissiez-vous, puissent-ils / elles, (que je puisse, que tu puisses...) avec une sorte de valeur d'impératif. On dit assez couramment : « Puissiez-vous dire vrai ! ». C'est le même type de construction que : « fasse le Ciel que vous ayez raison ! ».
Rome, l'unique objet de mon ressentiment
......................................
Que le courroux du Ciel allumé par mes vœux
Fasse pleuvoir sur elle un déluge de feu !
Puissé-je de mes yeux y voir tomber ce foudre,
Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre
....................................
C'est le subjonctif présent : puissé-je, puisses-tu, puisse-t-il / elle, puissions-nous, puissiez-vous, puissent-ils / elles, (que je puisse, que tu puisses...) avec une sorte de valeur d'impératif. On dit assez couramment : « Puissiez-vous dire vrai ! ». C'est le même type de construction que : « fasse le Ciel que vous ayez raison ! ».
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je doutais un peu du temps de mon premier exemple. J'avais supposé un instant que c'était du subjonctif, mais j'ai cru finalement qu'il s'agissait d'une particularité du verbe pouvoir. J'ai pensé que "puissé-je" pouvait venir du présent "je puis", mais dans ce cas là, vous avez raison, cela donne le fameux "puis-je".
Pensez-vous que l'on peut abuser à l'infini du "é" terminal pour les verbes "similaires" ?
- Osé-je vous dire...?
- Supposé-je bien...?
Il doit exister des exceptions pour lesquelles il est impossible d'utiliser une forme aussi directe dans le questionnement, me trompé-je?
Pensez-vous que l'on peut abuser à l'infini du "é" terminal pour les verbes "similaires" ?
- Osé-je vous dire...?
- Supposé-je bien...?
Il doit exister des exceptions pour lesquelles il est impossible d'utiliser une forme aussi directe dans le questionnement, me trompé-je?
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Je ne crois pas qu'il y ait d'interdiction, mais il est recommandé d'éviter les formes par trop originales ou cacophoniques : veux-je, exigé-je, surpris-je, cours-je (« où cours-je, dans quel état j'erre ? »), etc. On trouve toujours une chacalerie, pour reprendre le mot de Claude, c'est-à-dire un moyen de contourner la difficulter : Est-ce que je veux vraiment ?... Où suis-je en train de courir ?, etc.valiente a écrit :Pensez-vous que l'on peut abuser à l'infini du "é" terminal pour les verbes "similaires" ?
- Osé-je vous dire...?
- Supposé-je bien...?
Il doit exister des exceptions pour lesquelles il est impossible d'utiliser une forme aussi directe dans le questionnement, me trompé-je?
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
L'expression habituelle est : réduire en cendres, avec un S. Bien que la césure, selon moi, puisse permettre le hiatus, l'absence de liaison, Corneille a effectivement pris une licence avec la formule, en écrivant cendre. J'ai appris la tirade en 1951, j'ai eu le temps d'en oublier l'orthographe.valiente a écrit :Je me permets une rectification. En relisant ces vers, quelque chose me gênait dans la rythmique... Après vérification, cendre doit s'écrire au singulier, sinon on se retrouve avec un treizième pied embarrassantJacques a écrit :Voir ses maisons en cendres et tes lauriers en poudre
http://pagesperso-orange.fr/jmpetit/cours/the09.htm
Permettez-moi de remarquer à mon tour que les vers n'ont pas de pieds, contrairement à la croyance répandue, mais qu'ils se décomposent en syllabes : les alexandrins sont définis comme vers dodécasyllabiques, et non dodécapodes.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Les poètes ont, au possible, évité de pareilles formulations. Vos verbes doivent-ils impérativement être au présent ? Autrement, vous pourriez mettre : « Oserais-je », qui sonne mieux et qui est plus habituel ; et au lieu de « Supposé-je bien », vous pourriez écrire quelque chose comme « Ai-je tort ou non ? », mais bien sûr, tout cela dépend du contexte. Du reste, je ne doute pas de votre habileté à trouver la périphrase la plus agréable à l'oreille et à l'esprit.valiente a écrit :Je ne suis pas trop friand des tournures trop empruntées, mais je cherchais une correspondance courte pour l'écriture d'un vers de 7 syllabes
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
J'avais essayé un autre temps mais le présent me semblait le mieux adapté.
Le deux vers précédent de mon poème sont au futur et au présent : (il faut croire que je me complique la tâche) :
"Je ne t'offrirai rien si ce n'est des pensées,
C'est que même en ami mon coeur est maladroit."
Si bien que je doute de la justesse du vers suivant, s'il utilisait un troisième temps, par exemple :
"Mais à quelle amitié oserais-je prétendre?"
Maintenant, le second vers me paraissant un peu lourd et perfectible, peut-être aurais-je intérêt à corriger celui-ci en fonction du troisième et non l'inverse...
Le deux vers précédent de mon poème sont au futur et au présent : (il faut croire que je me complique la tâche) :
"Je ne t'offrirai rien si ce n'est des pensées,
C'est que même en ami mon coeur est maladroit."
Si bien que je doute de la justesse du vers suivant, s'il utilisait un troisième temps, par exemple :
"Mais à quelle amitié oserais-je prétendre?"
Maintenant, le second vers me paraissant un peu lourd et perfectible, peut-être aurais-je intérêt à corriger celui-ci en fonction du troisième et non l'inverse...
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Méfiez-vous de ce qu'on trouve sur Internet, il y a plus de mauvais que de bon. Robert précise : « Unité rythmique constituée par un groupement de syllabes d'une valeur déterminée (en français on ne doit pas parler de pieds mais des syllabes d'un vers).valiente a écrit :Oui, cela dit, voici la première définition que je viens de trouver sur internet :
Pied = "Syllabe prononcée d'un vers: vers de 12 pieds."
Malgré ce genre de définition, je sais que certains tiennent à défendre votre point de vue, sans doute plus scrupuleux.
Je fais plus confiance à Robert qu'à Internet.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Le conditionnel du troisième vers ne me choque en rien. En revanche, vous avez raison, chaque vers doit s'inscrire de la manière la plus adéquate dans l'ensemble du poème, ce qui implique qu'on revienne souvent sur ses pas pour changer un mot, une rime, pour insérer un distique, en supprimer un autre, etc. L'écriture d'un poème n'est jamais vraiment linéaire, les vers doivent se répondre.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)