Ambigüité de au et aux

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Jacques-André-Albert
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Ambigüité de au et aux

Message par Jacques-André-Albert »

J'ai déjà mentionné ici la disparition, depuis la fin du moyen âge de l'article contracté ou, signifiant en le(dans le) ou en les(dans les), commme dans ces vers de François Villon :

Je plains le temps de ma jeunesse,
Ouquel j’ay plus qu’autre gallé

(dans, ou pendant lequel je me suis plus qu'un autre amusé)

Hé ! Dieu, se j’eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse folle

(au temps, ou pendant le temps)

J'ai entendu dire, ce matin, par un un ancien otage en Afrique : « j'étais à leurs mains ». Il fallait, bien sûr, dire « en leurs mains ». L'ambigüité de aux lui a fait rétablir abusivement un à leurs (de à les).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

En vérité, l'expression « aux mains de » n'a pas d'équivalent avec un pronom, sauf peut-être entre leurs mains qui est une adaptation, mais il a inconsciemment donné l'équivalent de aux. La faute reste quand même bizarre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

L'équivalent avec un pronom est « en leurs mains », bien attesté dans le passé, comme ici.
La faute ne me paraît pas bizarre. Cette personne a cru pouvoir rétablir « à leurs mains », prenant aux pour à les, alors que dans ce cas, il est mis pour en les.
C'est pour cela que je dis qu'il y a ambigüité, ou plutôt ambivalence de l'article contracté au, qui remplace soit à le, soit en le (idem au pluriel).
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Jacques
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Message par Jacques »

VU !
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jolie découverte pour moi que celle d’un vieil article contracté « ou » !
Une petite réserve : « en leurs mains » ne me semble pas comporter de pronom, mais un adjectif possessif. Et la tournure me fournit une seconde information : j’aurais été bien embêté si j’avais dû remplacer « des ravisseurs » dans « aux mains des ravisseurs » ! Pour le moins j’aurais dû chercher. Maintenant je sais !
À propos d’article contracté : le cas d’« ès » (!) a sans doute déjà été traité ici, mais il est toujours bon de rappeler sa valeur « en les », excluant qu’il soit suivi d’un nom singulier. Et j’ai du mal à comprendre pourquoi Larousse en fait une préposition, alors qu’il considère « au » et « aux » comme des articles.
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Jacques
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Message par Jacques »

Robert aussi en fait une préposition, ainsi que Hachette, Littré, le Maxidico et l'Académie française.
Grevisse ne le qualifie pas mais le cite à la rubrique « Articles ».
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci, Jacques.
À regarder les vers de VILLON de plus près j’ai un doute sur la valeur « en les » (ou plutôt "en le") de la contraction « ou ». D’ailleurs, Jacques-André-Albert, vous inscrivez vous-même « au temps » sous « Ou temps ». Et ce doute m’est venu, bien sûr, à la suite de ce que j'ai écrit sur « ès », préposition ou / et article qui remplaçait précisément « en les » !
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Il faudrait vérifier si, à cette époque, on employait aussi la préposition « à » pour introduire un complément de temps.
Au 17ème siècle, c'était encore « en » qui servait, comme on peut le voir ici ou .
À ce propos, j'ai remarqué qu'à l'époque de Balzac l'expression « en ce moment » ne signifiait pas « à l'instant présent » mais « à ce moment », « à cet instant », expression pouvant dater un évènement passé.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Vos liens vers ces textes avec « Es jours… » montrent bien quel était le pluriel de « en le jour… »
Ignorant à peu près tout des emplois anciens de la préposition « à » en introduction de compléments de temps, je viens de consulter le Dictionnaire historique de la langue française, d’Alain REY (éditions Les Dictionnaires LE ROBERT), où l’on peut trouver page 1 l’entrée « À », avec cette phrase : « La situation temporelle est marquée par a dès le IXe s. (881, sainte Eulalie) »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Ceci dit, on peut se demander pourquoi "à le" serait devenu "ou", puisqu'on ne connaît aujourd'hui que la forme "au" et qu'elle est assez ancienne à ma connaissance.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Eurêka ! Mon dictionnaire historique donne la solution, à l’entrée « LE, LA, LES », page 1114, et confirme votre version, Jacques-André-Albert, sans ridiculiser mes interrogations ! « AU, AUX sont issus de à le, à les : au a absorbé une ancienne forme ou (encore chez Villon), issue de en le (d’où el, eu, ou) comme on le voit dans jeter au (en, dans le) feu. Du fait que, devant voyelle, on employait simplement en, on a aujourd’hui au Portugal, mais en Espagne, au printemps, mais en été. Aux a éliminé une ancienne forme ès (f. et m.) qui subsiste dans les formules du type docteur ès-lettres et dans les parlers de l’Est et du Sud-Est. »
Je note que mon correcteur d’orthographe refuse ès lettres avec trait d’union, que j’ai pourtant correctement copié. Et je me demande ce que les parlers de l'Est font aujourd'hui de "ès"!
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shokin
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Message par shokin »

Juste pour le titre : il me semble que nous devons écrire ambiguïté au lieu de ambigüité.
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Jacques
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Message par Jacques »

shokin a écrit :Juste pour le titre : il me semble que nous devons écrire ambiguïté au lieu de ambigüité.
NON, ambigüité est correct. Je vous suggère de lire le sujet où il est question de la nouvelle orthographe, et de consulter le lien que j'ai donné.
http://www.achyra.org/francais/viewtopi ... 6&start=30
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shokin
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Message par shokin »

Nous pourrions donc placer le tréma soit sur le u, soit sur le i, ainsi que dans contiguïté.

Et qui du féminin de l'adjectif ? aigüe, ambigüe, exigüe, contigüe sont-ils aussi acceptés ?

Je vais pouvoir dire qu'elles ont le choix.
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Jacques
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Message par Jacques »

Avez-vous suivi le lien que je donne dans le sujet ? Les réponses y sont données
http://www.renouvo.org/regles.php
Voyez encore ici, paragraphe 9
http://www2.ac-lyon.fr/etab/ien/rhone/s ... _ortho.pdf
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