Un barbarisme qui fait florès

[Jacques]

Je découvre que les éditions L… viennent de publier un album intitulé Art et nouvelles technologies.
La technologie fascine beaucoup de gens, elle envahit notre quotidien, tout le monde ou presque se gargarise de ce mot. Mot malheureusement mal employé. La technologie est l’étude théorique des procédés industriels. C’est une sorte de réflexion, qui envisage sur le papier les moyens à mettre en œuvre pour accomplir certaines actions pratiques, et cette mise en application pratique s’appelle la technique, mot ignoré de la plupart de nos concitoyens, qui confondent la cause avec les effets. Le mot technologie ne peut pas se mettre au pluriel. Et pourtant, il existe un barbarisme qui fait recette, et va se nicher jusque dans le titre d’un ouvrage : on en a plein la bouche de ces « nouvelles technologies » qui infestent le vocabulaire. Cette incongruité, qui englobe dans un concept assez vague le matériel électronique et les moyens de communication, devrait laisser la place à moyens techniques modernes, ou techniques modernes tout court, ou toute autre formule s’appliquant au matériel d’invention récente, à la pointe du progrès.
C’est très, très agaçant.

[jarnicoton]

Il n'est guère de mois que je n'en fasse deux ou trois fois l'observation à l'un ou à l'autre ! Mais demander à des gens de renoncer à des mots ronflants, c'est bien trop. Et puis "les technologies", c'est aussi du baratin marchand, intéressé.

[André (G., R.)]

Le phénomène me semble révélateur d'un mal français : à notre corps défendant, parfois, nous avons en nous quelque chose d'élitiste et faisons vite tomber en désuétude des mots qui nous évoquent des réalités sociales peu flatteuses : je pense évidemment aux établissements scolaires nommés jadis CET (collèges d'enseignement technique), qu'il a vite fallu renommer LEP (lycées d'enseignement professionnel), puis lycées professionnels. Le piquant de la chose est l'actuel retour en grâce de l'apprentissage des métiers manuels, pour lequel avaient été créés les centres d'apprentissage (CA)... devenus CET en 1959 ! De même que j'entends parler aujourd'hui de la réintroduction du tablier dans les écoles primaires, je me dis que le retour auxdits centres d'apprentissage est proche !
Ces réflexions ne modifient en rien mon souhait de tirer vers le haut le niveau de français de mes contemporains ! Et le mien !