de plus en plus

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jofra
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de plus en plus

Message par jofra »

Bonjour,

Est-ce fautif de dire :

Elle fait de plus en plus bonne figure sur la scène provinciale.

Je vous remercie d'avance!
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Marco
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Message par Marco »

De plus en plus a une fonction adverbiale et peut donc modifier un nom, un adjectif, un verbe :

La peur s’exagère de plus en plus.
Être de plus en plus mauvais en quelque chose.
On s’était assis devant la cheminée, de plus en plus près à mesure que l’on était plus loin dans la vie…
Il fait de plus en plus chaud.


(Les trois premiers exemples sont tirés du TLFi.)

Il me semble que dans votre exemple, avec faire bonne figure, nous sommes dans le cas de faire chaud, où l’on peut intercaler de plus en plus.
jofra
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Message par jofra »

Merci Marco!

J'ai eu un doute, car j'ai vu « plus » suivi de « bonne » et du coup j'ai hésité.
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Marco
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Message par Marco »

De rien ! :) Plus bonne peut se dire dans certains cas : Marie est plus bonne que Nadia (elle a plus de bonté en elle) ; si on disait Marie est meilleure que Nadia, on se référerait, je crois, plutôt à ses capacités dans un certain domaine.

Enfin, je n’ai rien contrôlé de tout cela, je me fie à mon instinct. Donc, si je me trompe, je saurai gré à ceux qui me le feront savoir.
André79
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Message par André79 »

jofra a écrit :
J'ai eu un doute, car j'ai vu « plus » suivi de « bonne » et du coup j'ai hésité.
Je ne vois pas bien pourquoi vous avez soudainement eu un doute.
Car, en effet, ainsi qu'on vous le dit cette formulation est très correcte
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Jacques
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Message par Jacques »

Marco a écrit :De rien ! :) Plus bonne peut se dire dans certains cas : Marie est plus bonne que Nadia (elle a plus de bonté en elle) ; si on disait Marie est meilleure que Nadia, on se référerait, je crois, plutôt à ses capacités dans un certain domaine.

Enfin, je n’ai rien contrôlé de tout cela, je me fie à mon instinct. Donc, si je me trompe, je saurai gré à ceux qui me le feront savoir.
Je suppose qu'on peut dire plus bonne (plus gégéreuse de cœur) comme plus mauvaise, dans le sens de plus méchante, donc avec un sens qui diffère de pire.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Les pires élèves

Message par André (G., R.) »

Les Français sont les pires élèves de l'Union européenne en maths et en sciences : c'est ce que l'on entend et lit ces jours-ci. Il me semble avoir vu par le passé un fil sur FNBL où il était expliqué que les comparatifs « pire » et « plus mauvais » d'une part, les superlatifs « le pire » et « le plus mauvais » d'autre part ne sont pas exactement interchangeables, mais je ne le trouve pas. Le présent fil convient peut-être aussi.
Je dirais plutôt que les jeunes Français sont les plus mauvais élèves de l'Union européenne dans les matières citées, mais je dois admettre que les explications fournies à ce sujet par le Robert en six volumes, uniquement à propos du comparatif, me laissent un peu sur ma faim :
PIRE
I.
Comparatif de supériorité de MAUVAIS, qui peut remplacer la forme comparative régulière plus mauvais dans la plupart des cas, sauf quand cet adjectif est employé au sens propre de « défectueux, dépourvu de qualité » : Ce nouveau moteur est encore plus mauvais que le précédent. [...]
— N.B. Dans la langue parlée, plus mauvais est d'un emploi beaucoup plus courant que pire qui se rencontre surtout dans des expressions toutes faites, des adages : Il n'est pire eau que l'eau qui dort [...]


J'interviens ici pour une autre raison. Ci-dessus Marco avait écrit « Plus bonne peut se dire dans certains cas : Marie est plus bonne que Nadia (elle a plus de bonté en elle) ; si on disait Marie est meilleure que Nadia, on se référerait, je crois, plutôt à ses capacités dans un certain domaine ». Ce n'est pas mon avis. « Marie est meilleure que Nadia » peut certes avoir une acception sexuelle, mais pourquoi exclurait-elle d'autres sens ? Faudrait-il dans cette logique renoncer aussi à « Marie est aussi bonne que Nadia » ?
Dans la phrase de jofra « Elle fait de plus en plus bonne figure sur la scène provinciale », il me semble important de prendre en compte d'une part le groupe adverbial « de plus en plus », d'autre part le groupe verbal « faire bonne figure ». D'ailleurs le groupe adverbial pourrait être en tête : De plus en plus elle fait bonne figure sur la scène provinciale.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Dans mon journal : Lors des dernières élections législatives, le parti d'Angela Merkel a réalisé son pire score depuis 1949, avec 32,9 %.
J'essayais ci-dessus, il y a dix mois, d'exprimer la gêne que j'éprouve à constater que « pire » est de plus en plus employé là où « plus mauvais » convient, selon moi. Peut-être complèterai-je ainsi mes explications : le résultat d'élections, quand il est mauvais, n'est généralement pas dû à un crime ou à une action moralement très répréhensible. Si, a contrario, se succèdent à la tête d'un pays deux dictateurs et que le second est encore plus sanguinaire que le premier, on pourra dire qu'il est pire que son prédécesseur. « Pire » me semble devoir être nettement plus péjoratif que « plus mauvais », et cette différence se retrouve, je crois, entre les superlatifs « le pire » et « le plus mauvais ».
Le parti d'Angela Merkel a simplement réalisé son plus mauvais score depuis 1949.
Bien sûr, « pire » est plus court et plus... percutant que « plus mauvais »...
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Peut-être vouliez-vous dire qu'elle a réalisé son moins bon score ? :wink:
Je ne suis pas sûr que tout le monde sente les mêmes nuances entre moins bon, plus mauvais et pire. Mais si je lis cet exemple dans la définition de l'Académie :
Cet hiver a été pire que le précédent.
j'ai tendance à comprendre que l'hiver précédent a été déjà bien mauvais et que celui-ci est encore pire.
Si j'avais lu
Cet hiver a été plus mauvais que le précédent.
j'aurais eu tendance à comprendre que cet hiver est mauvais alors que le précédent ne l'était pas nécessairement, ou l'était mais à un faible degré.
Autrement dit, il y a bien pour moi une différence de degré entre "plus mauvais" et "pire".
Toutefois, je n'associe pas cette différence avec des considérations morales comme celles touchant à la dictature.
Si on a les pires résultats aujourd'hui, cela sous-entend pour moi que ceux d'avant n'étaient déjà pas bien brillants.
Si on a simplement les plus mauvais résultats, c'est que ceux d'avant étaient simplement meilleurs.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Bien sûr, j'ai pensé à « son moins bon score » !

Je n'ai pas affirmé que les considérations morales expliquaient toujours le choix de « pire » : si je dis que tel hiver était pire que tel autre, je considère que l'autre était déjà exceptionnellement rigoureux, mais, s'il s'agit bien là du degré de sa rigueur, notre comparatif n'en reste pas moins plus proche du jugement de valeur. D'ailleurs on ne dit guère « un hiver plus mauvais », sans doute parce que, lorsque le niveau habituel de rigueur est dépassé, il s'ensuit de graves conséquences pour la population, que l'on préfère exprimer par « pire ».

« Pire » et « le pire » sont certes comparatif et superlatif, mais ne font donc pas stricto sensu toujours référence à « mauvais » dans l'esprit de ceux qui les emploient. « C'est la pire catastrophe que j'aie jamais vue » me paraît signifier que je n'ai jamais vu une catastrophe aussi grave, meurtrière, inquiétante ; il ne me viendrait pas à l'idée de dire que je n'ai jamais vu une catastrophe aussi mauvaise.

La meilleure preuve de la subjectivité de « pire », de ses connotations fortes et de sa possible non référence à « mauvais » me paraît d'ailleurs résider dans la création récente (à l'échelle de l'évolution de la langue) du sur-comparatif aberrant « plus pire ».

Je vois là une ou deux bonnes raisons de préférer « son plus mauvais score » ou « son score le plus faible » à « son pire score ».
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