Sur le sort du passé simple

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Islwyn
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Message par Islwyn »

Il y a mainmise, mais c'est la syllabe suivant -in qui porte l'accent.
Quantum mutatus ab illo
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

La succession d'une voyelle nasale et d'un "m" est monnaie courante dans le discours, mais généralement dans deux mots de suite : on met, de main morte, l'an mil, un mulet.
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

Mainmise et mainmorte sont des mots soudés. c'est différent.

Immanquable est intéressant.

Pourquoi le son in tandis qu'on a le son i dans immoral ?

Et effectivement, ce doit être la suffixation d'une racine vin- qui donne cet effet graphique bizarre.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Yeva Agetuya a écrit :Immanquable est intéressant.

Pourquoi le son in tandis qu'on a le son i dans immoral ?
Voir ici :
http://www.achyra.org/francais/viewtopic.php?t=2633
et ailleurs :
https://forum.wordreference.com/threads ... 556/?hl=fr
https://www.etudes-litteraires.com/foru ... ml#p485523
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

Conclusion ? La norme serait i- et la forme in- une aberration ?
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Quel contexte visez-vous exactement ?
Pour le préfixe de négation, la norme est clairement in-, mais pour des questions de phonétique, ce -in a pu être dénasalisé en il-, im-, in- ou ir- (par assimilation à la consonne suivante).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :Pour le préfixe de négation, la norme est clairement in-, mais pour des questions de phonétique, ce -in a pu être dénasalisé en il-, im-, in- ou ir- (par assimilation à la consonne suivante).
(lettres mises en gras pas moi)

Excusez-moi, Leclerc92 et Yeva Agetuya : vous écrivez « in » aussi bien quand il s'agit du phonème /ɛ̃/ que de la graphie authentique, si bien qu'il est difficile de s'y retrouver.
Je suppose, Leclerc92, que, dans votre phrase ci-dessus, il faut lire « ce in- a pu être dénasalisé... ». Et la norme dont vous parlez ne concerne plus uniquement les mots commençant par imm-, pour lesquels elle s'applique à peine, comme le montrent immoral (déjà cité), immatériel, immuable, immobile, imminent, immigré, immeuble, immergé... Par ailleurs « dénasalisé » évoque une évolution contradictoire, me semble-t-il, avec l'étymologie de ces mots : si l'on est à peu près certain que le latin immobilis ne comportait pas le son nasal, comme on le voit sous votre lien vers l'article des Études littéraires, on admet généralement que dans cette langue, incertus, incertain, ne comportait pas davantage de voyelle nasale qu'illegitimus, illégitime. Pourtant le préfixe du premier est devenu /ɛ̃/ en français.

Je crois d'ailleurs, Yeva Agetuya, que la référence possible au latin constitue un élément important de réponse à votre question : on prononce /ɛ̃/ le préfixe im- dans immangeable et immanquable (mais il n'en a peut-être pas toujours été ainsi) parce que ces mots n'ont pas, en tant qu'unités graphiques, d'étymons latins directs.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

On peut constater que la nasalisation se restreint à deux adjectifs en -able (indiquant une propriété) dont le radical commence par une consonne, ce que semble oublier Martinon quand il écrit « Il n'y a pas plus de raison pour prononcer in-mangeable que pour prononcer in-neffaçable ».
Cette nasalisation du préfixe dans immangeable et immanquable est peut-être due à l'attraction des autres adjectifs en -able : introuvable, imbuvable, insolvable, etc.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Yeva Agetuya a écrit :Et effectivement, ce doit être la suffixation d'une racine vin- qui donne cet effet graphique bizarre.
Je ne comprends pas.
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

La racine du verbe venir est vin- au passé.

Mais comme nous avons :

nous partîmes
vous partîtes
ils/elles partirent

nous conquîmes
vous conquîtes
ils/elles conquirent

nous dîmes
vous dîtes
ils/elles dirent

nous aurions dû avoir :

nous vînimes
vous vînites
ils/elles vinirent
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Yeva Agetuya a écrit :
nous aurions dû avoir :

nous vînimes
C'était presque ça en ancien français : vin, venis, vint, venimes, venistes, vindrent.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Yeva Agetuya a écrit :La racine du verbe venir est vin- au passé.
Ah, pardon, vous reveniez (!) au verbe venir !
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Vous devriez recentrer la discussion sur le sujet du fil, parce que le sort du passé simple n'est pas sans intérêt pour les lecteurs et les écrivains.

Le passé simple a mauvaise presse, parce que l'on méconnaît aujourd'hui son rôle dans la narration.

Par rapport au passé composé et à l'imparfait de l'indicatif, le rôle du passé simple est distinct dans la narration.

Même si la sonorité de certains verbes au passé simple est désuète et que ceux-ci sont absents de la prose des auteurs contemporains, il n'empêche que ce temps détermine mieux les événements ponctuels dans la narration que le passé composé et l'imparfait de l'indicatif.

On ne saurait donc lui substituer indistinctement le passé composé et l'imparfait de l'indicatif sans affecter la mise en forme du récit.

Si aujourd'hui nous remplaçons avantageusement par le passé composé certains verbes au passé simple dont la sonorité ne convient plus (p.ex. ... tu mourus... vous mourûtes ; tu es mort... vous êtes mort), cependant bien des conjugaisons au passé simple, notamment au singulier, conviennent encore (voir infra).

À ce sujet, j'avais ainsi illustré mon précédent commentaire (i.e. que le passé simple indique un événement ponctuel qui a eu lieu à un moment déterminé dans le passé) :

J'étudiais quand il entra.

(La sonorité de «quand il entra» ne prête pas à rire et cette formulation ressort du récit littéraire, tandis que la tournure «quand il est entré» relève du procès-verbal)

De même, la concision de la formulation suivante adopte un style littéraire :

Nous marchions près de l'étang, quand s'envolèrent des canards.

... laquelle contraste avec la lourdeur de celle-ci :

Nous marchions près de l'étang, quand se sont envolés des canards


Par ailleurs, pour aborder la littérature et lire les classiques, il importe de connaître l'emploi du passé simple.

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La liberté de se soumettre est une perversion
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