Féminisations, encore !
- Perkele
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De mon côté, je me suis assez tôt demandé pourquoi nous allions chez Tante Jeanne alors que nous y voyions aussi Tonton Joseph et il en allait de même autour de moi ; mes camarades allaient chez leur tante, chez leur grand-mère, etc. J'en ai déduit que c'était reconnaître tacitement que la femme était la vestale du foyer conjugal.
À la maison les adultes disaient couramment madame Untel ou monsieur Untel (même pour des gens qu'ils fréquentaient) et parfois, pour situer, "la fille Untel" ou "le fils Untel" ou encore "la belle-soeur de madame Untel".
Outre cela il y avait "la grande brune qui louche", "la boiteuse", "le grand René" (c'était un cousin de ma grand-mère", "le zèbre", "le chasseur" et les gens qui étaient désignés par leur métier.
À la maison les adultes disaient couramment madame Untel ou monsieur Untel (même pour des gens qu'ils fréquentaient) et parfois, pour situer, "la fille Untel" ou "le fils Untel" ou encore "la belle-soeur de madame Untel".
Outre cela il y avait "la grande brune qui louche", "la boiteuse", "le grand René" (c'était un cousin de ma grand-mère", "le zèbre", "le chasseur" et les gens qui étaient désignés par leur métier.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Claude
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Tous mes petits-enfants disent « on va chez mamie », jamais « chez papy ».Perkele a écrit :De mon côté, je me suis assez tôt demandé pourquoi nous allions chez Tante Jeanne alors que nous y voyions aussi Tonton Joseph et il en allait de même autour de moi ; mes camarades allaient chez leur tante, chez leur grand-mère, etc. J'en ai déduit que c'était reconnaître tacitement que la femme était la vestale du foyer conjugal. [...]
PS : Je ne sais pas si je suis unique mais j'écris toujours mamie et papy ; pourquoi me direz-vous ? Je n'en sais rien.
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Le phénomène, éventuellement un peu plus marqué dans le Finistère, ne lui est donc pas véritablement spécifique, contrairement à ce que je croyais.
D'ailleurs, de votre intervention, Jacques-André-Albert, je conclus qu'il touche probablement davantage le Finistère maritime que le Finistère rural.
J'aime bien votre tante Jeanne, Perkele !
J'écris aussi mamie et papy, Claude. Le très ancien « ma mie », bien que de sens différent, est sans doute pour quelque chose dans mamie. Parfois je pense à noter papi, d'apparence moins anglaise !
D'ailleurs, de votre intervention, Jacques-André-Albert, je conclus qu'il touche probablement davantage le Finistère maritime que le Finistère rural.
J'aime bien votre tante Jeanne, Perkele !
J'écris aussi mamie et papy, Claude. Le très ancien « ma mie », bien que de sens différent, est sans doute pour quelque chose dans mamie. Parfois je pense à noter papi, d'apparence moins anglaise !
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- Jacques-André-Albert
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Dans ma famille aussi, du moins du côté du Nord, les oncles étaient appelés Tonton Untel et les tantes Tante Unetelle. C'est tardivement que je me suis demandé pourquoi tonton et tante, et non oncle et tante ou tonton et tata.Perkele a écrit :Tante Jeanne et Tonton Joseph étaient tous les deux bretons et leurs enfants les appelaient "tipère" et Tit'mère"
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Cassandre
Les opposants aux féminisations d'épicènes masculins citent des noms féminins pareillement épicènes comme sentinelle, recrue... qui, malgré leur genre, désignent souvent des personnages masculins. Rarement j'ai vu mentionner dans cette catégorie l'antonomase* une cassandre, qui me semble pourtant en faire partie. Un savant pessimiste peut être qualifié, je crois, de cassandre de la science.
* Nom propre utilisé comme nom commun.
* Nom propre utilisé comme nom commun.
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Prédécesseur
« Prédécesseur » a-t-il déjà été évoqué sur ce fil, dont je renonce à relire les trente pages ?!
Dans un mensuel régional, je trouve la phrase « Dans la continuité des actions entreprises par ma prédécesseure [...] et son équipe, nous souhaitons... »
Quitte à paraître un peu provocant, je ne vois pas comment une telle féminisation ne finirait pas par s'imposer. Bien que le mot soit toujours considéré comme un épicène masculin dans le Larousse de 2016, je ne m'imagine pas dire « mon prédécesseur » si je veux parler de la femme qui m'a précédé à tel ou tel endroit : le besoin de l'adjectif possessif « ma » qu'on éprouve alors est trop fort ! Et son emploi ne peut pas rester sans conséquence sur la graphie du nom.
Dans un mensuel régional, je trouve la phrase « Dans la continuité des actions entreprises par ma prédécesseure [...] et son équipe, nous souhaitons... »
Quitte à paraître un peu provocant, je ne vois pas comment une telle féminisation ne finirait pas par s'imposer. Bien que le mot soit toujours considéré comme un épicène masculin dans le Larousse de 2016, je ne m'imagine pas dire « mon prédécesseur » si je veux parler de la femme qui m'a précédé à tel ou tel endroit : le besoin de l'adjectif possessif « ma » qu'on éprouve alors est trop fort ! Et son emploi ne peut pas rester sans conséquence sur la graphie du nom.
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Re: Prédécesseur
Un peu à la page 19 avec d'autres de même suffixe.André (G., R.) a écrit :« Prédécesseur » a-t-il déjà été évoqué sur ce fil, dont je renonce à relire les trente pages ?! [...]
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Ce n'est pas pour rien qu'on l'a nomméAndré (G., R.) a écrit :Il y a vraiment l'archiviste en chef et les autres !
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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« Épicène » revient souvent ci-dessus. Le mot a deux sens, certes non totalement étrangers l'un à l'autre, mais qu'il importe sûrement de distinguer pour la bonne compréhension de ce fil.
• « Hirondelle » s'emploie lorsqu'on reconnaît une espèce d'oiseau précise. Le nom n'existe qu'au féminin, mais une hirondelle peut être aussi bien un mâle qu'une femelle. De même, pour l'autre genre, « un aigle » peut désigner tout autant une femelle qu'un mâle. « Hirondelle », « aigle », « gazelle »… sont épicènes dans la première acception de ce mot, me semble-t-il : on a affaire à des noms de genre grammatical unique, malgré la bisexualité banale de l'espèce concernée.
• « Enfant », « artiste », « utile » (eh oui, cette fois cela touche aussi des adjectifs… et des pronoms !)... peuvent être soit masculins, soit féminins. Ils sont épicènes pour une autre raison : ni la graphie ni la prononciation ne varient quand le genre varie.
Les féminisations dont il est question ici ne peuvent donc toucher que la première catégorie d'épicènes. Des substantifs désignant toujours, ou souvent, des êtres humains ont la même caractéristique que « gazelle », « aigle »..., ils se réfèrent aussi bien à des femmes qu'à des hommes malgré leur genre unique. Entrent dans cette catégorie : médecin, sentinelle, victime, individu et beaucoup d'autres noms, plus souvent des masculins que des féminins.
Les féminisations peuvent consister dans la simple acceptation nouvelle d'un article féminin devant un nom traditionnellement épicène masculin (une médecin, la professeur…). Mais on comprend que la présence de ce nouvel article entraine le besoin d'attribuer aussi au nom lui-même une marque du féminin : d'où « professeure », que beaucoup contestent, mais que j'accepte. On comprend sans doute encore mieux que presque personne ne veuille de « médecine » comme féminin de « médecin » (le nom féminin désignant traditionnellement la science médicale) et que ce nom pourrait rester longtemps encore épicène masculin.
Nous avons beaucoup parlé de « docteur », de sa valeur originelle de titre universitaire, de son féminin un peu désuet « doctoresse », utilisé, lui, uniquement pour le métier. Il a été dit que « le docteur » est souvent synonyme de « le médecin ». Or j'ai constaté récemment qu'à l'instar de sa secrétaire, je nommais facilement mon dentiste « le docteur X » (son doctorat ne saurait être mis en doute). Il serait donc un peu curieux que « le docteur » tout court (que je ne dis pas) veuille dire seulement « le médecin » (généraliste), tandis que « le docteur X » s'emploie aussi bien pour un médecin généraliste que pour un ou une dentiste (Eh oui, ce dernier nom est épicène dans la seconde acception de l'adjectif, ainsi qu'« archiviste », Claude !)
Merci à vous, chers cotélépapoteurs, de corriger ce qui vous paraît contestable dans tout cela !
• « Hirondelle » s'emploie lorsqu'on reconnaît une espèce d'oiseau précise. Le nom n'existe qu'au féminin, mais une hirondelle peut être aussi bien un mâle qu'une femelle. De même, pour l'autre genre, « un aigle » peut désigner tout autant une femelle qu'un mâle. « Hirondelle », « aigle », « gazelle »… sont épicènes dans la première acception de ce mot, me semble-t-il : on a affaire à des noms de genre grammatical unique, malgré la bisexualité banale de l'espèce concernée.
• « Enfant », « artiste », « utile » (eh oui, cette fois cela touche aussi des adjectifs… et des pronoms !)... peuvent être soit masculins, soit féminins. Ils sont épicènes pour une autre raison : ni la graphie ni la prononciation ne varient quand le genre varie.
Les féminisations dont il est question ici ne peuvent donc toucher que la première catégorie d'épicènes. Des substantifs désignant toujours, ou souvent, des êtres humains ont la même caractéristique que « gazelle », « aigle »..., ils se réfèrent aussi bien à des femmes qu'à des hommes malgré leur genre unique. Entrent dans cette catégorie : médecin, sentinelle, victime, individu et beaucoup d'autres noms, plus souvent des masculins que des féminins.
Les féminisations peuvent consister dans la simple acceptation nouvelle d'un article féminin devant un nom traditionnellement épicène masculin (une médecin, la professeur…). Mais on comprend que la présence de ce nouvel article entraine le besoin d'attribuer aussi au nom lui-même une marque du féminin : d'où « professeure », que beaucoup contestent, mais que j'accepte. On comprend sans doute encore mieux que presque personne ne veuille de « médecine » comme féminin de « médecin » (le nom féminin désignant traditionnellement la science médicale) et que ce nom pourrait rester longtemps encore épicène masculin.
Nous avons beaucoup parlé de « docteur », de sa valeur originelle de titre universitaire, de son féminin un peu désuet « doctoresse », utilisé, lui, uniquement pour le métier. Il a été dit que « le docteur » est souvent synonyme de « le médecin ». Or j'ai constaté récemment qu'à l'instar de sa secrétaire, je nommais facilement mon dentiste « le docteur X » (son doctorat ne saurait être mis en doute). Il serait donc un peu curieux que « le docteur » tout court (que je ne dis pas) veuille dire seulement « le médecin » (généraliste), tandis que « le docteur X » s'emploie aussi bien pour un médecin généraliste que pour un ou une dentiste (Eh oui, ce dernier nom est épicène dans la seconde acception de l'adjectif, ainsi qu'« archiviste », Claude !)
Merci à vous, chers cotélépapoteurs, de corriger ce qui vous paraît contestable dans tout cela !
- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Ah oui ! Si je dis « l'archiviste Claude », on n'en sait pas plus sur le sexe de la personne. Heureusement que l'article indéfini est là : « un ou une archiviste en la personne de Claude. ».
Rassurez-vous, je suis un homme, quoi de plus naturel en somme... Dans le cas contraire j'aurais choisi Falbala et non Astérix.
Rassurez-vous, je suis un homme, quoi de plus naturel en somme... Dans le cas contraire j'aurais choisi Falbala et non Astérix.
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)