Quel complément ?

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Yeva Agetuya a écrit :
  • AMAT-UR-US, AMAT-UR- A, AMAT-UR-UM

    On le traduira par « sur le point d'aimer », « disposé à aimer » ou « destiné à aimer »

    Exemple: OMNES MORITURI SUMUS. Nous sommes tous destinés à mourir.
Donc, dans "une chambre à balayer", nous avons un participe futur.
Vous voulez, me semble-t-il, appliquer à tout prix à la grammaire française ce qui concerne la latine. Tous ceux d'entre nous qui ont abordé le latin connaissent évidemment la phrase prononcée par les gladiateurs Morituri te salutant, Ceux qui vont mourir te saluent. Je me garderai bien de contester la nature de participe futur de moriturus (masculin singulier).*
Mais je dois rappeler ce qu'est un participe, ou plutôt citer le Grand Robert :
PARTICIPE. n. m. (Participle en 1220 ; empr. lat. gramm. participium). Gramm. Forme modale impersonnelle*, sous laquelle le verbe « participe » de la nature de l'adjectif et peut en jouer le rôle.
Aucun mot ne correspond à cela dans « une chambre à balayer », où le verbe est à l'infinitif et ne saurait « jouer le rôle » d'un adjectif.
Par ailleurs, je l'ai déjà dit, une chambre à balayer peut rester perpétuellement sale, tandis que morituri signifie que la mort proche des gladiateurs est certaine.

* Dans Morituri te salutant, le participe futur est peut-être substantivé.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Yeva Agetuya a écrit : en 2 "j'ai à" est gallicisme
Je n'en suis pas sûr. En allemand, on dit Du hast zu gehorchen ! (Tu dois obéir !), mot à mot : Tu as à obéir ! Pour l'anglais, je trouve sur la Toile You have to learn to live alone (Tu dois apprendre à vivre seul [ou : seule], Il faut que tu apprennes à vivre seul [ou : seule]), mot à mot : Tu as à apprendre à vivre seul [ou : seule].
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Yeva Agetuya a écrit :En 1, c'est tout de même "destiné à être bu", donc un participe futur : Le vin avait été bu
Vous êtes difficile à suivre : vous parlez de participe futur et donnez une phrase au plus-que-parfait passif pour l'illustrer. Certes, en latin, si mes souvenirs sont bons, le participe futur pouvait s'employer avec un verbe au passé : Morituri te salutabant*, Ceux qui allaient mourir te saluaient. Mais cela n'a rien à voir avec un plus-que-parfait passif français.

* J'espère cet imparfait latin correct. Qu'on veuille bien me corriger si nécessaire.
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

En 1, c'est tout de même "destiné à être bu", donc un participe futur : Le vin avait été bu / Le vin était à boire.
Je donnais un participe passé pour le comparer au participe futur.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Dans un texte au passé, on peut effectivement souhaiter :

• considérer un fait plus ancien qu'un autre, c'est ce à quoi sert le plus-que-parfait (passif ici) : J'arrivai à vingt heures, le vin avait été bu,
• parler d'un fait plus tardif qu'un autre, pour lequel on utilisera facilement le conditionnel présent (passif ici) ou l'imparfait d'« avoir » avec l'infinitif : J'arrivai à vingt heures, le vin serait bu (ou : allait être bu) à minuit.

Le participe futur latin conviendrait-il pour rendre cette dernière phrase ? Je n'en sais rien, mais cela suppose qu'existe dans cette langue un passif du participe futur. Or : boire se dit bibere en latin et il me semble, après recherche, que son participe futur sera bibiturus, appelé à boire, qui boira, et non : appelé à être bu, qui sera bu.

Tout latiniste connaît la formule attribuée à Caton l'Ancien Delenda est Carthago, Il faut détruire Carthage (mot à mot : Devant être détruite est Carthage). Je me demande si ce n'est pas cette forme verbale en -ndus, -nda, -ndum, -ndi qui conviendrait le mieux si l'on souhaitait traduire en latin « vin à boire » : Bibendum est vinum ?!
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

André (G., R.) a écrit : Vous voulez, me semble-t-il, appliquer à tout prix à la grammaire française ce qui concerne la latine.
Je fais de la grammaire comparée. Ne pas avoir formellement un participe futur n'empêche pas de reconnaître comme telles certaines constructions.

On trouvera dans certaines langues un optatif n'existant pas en français et on le traduira par "Je souhaite que".
Tous ceux d'entre nous qui ont abordé le latin connaissent évidemment la phrase prononcée par les gladiateurs Morituri te salutant, Ceux qui vont mourir te saluent. Je me garderai bien de contester la nature de participe futur de moriturus (masculin singulier).*

Mais je dois rappeler ce qu'est un participe, ou plutôt citer le Grand Robert :
PARTICIPE. n. m. (Participle en 1220 ; empr. lat. gramm. participium). Gramm. Forme modale impersonnelle*, sous laquelle le verbe « participe » de la nature de l'adjectif et peut en jouer le rôle.
Donc il y a un mode participe permettant de tirer d'un verbe un adjectif, comme il existe un mode gérondif pour en tirer un adverbe et un mode infinitif pour en tirer un nom.
Aucun mot ne correspond à cela dans « une chambre à balayer », où le verbe est à l'infinitif et ne saurait « jouer le rôle » d'un adjectif.
Cette chambre est bleue. Cette chambre est grande. Cette chambre est à louer. Cette chambre est à balayer.

"À louer" et "à balayer" sont tout autant attributs que "bleue" et "grande"

Dans "cette chambre a été balayée", le groupe attribut est un participe passé.

Dans "cette chambre est à balayer", je vois un groupe attribut au participe futur.
Par ailleurs, je l'ai déjà dit, une chambre à balayer peut rester perpétuellement sale, tandis que morituri signifie que la mort proche des gladiateurs est certaine.
Mais en l'absence de terminaison du participe futur en français, on recourt à des périphrases.

Et il se trouve que "chambre à balayer" est moins lourd que "chambre qui va être balayée".
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