"Entrer" existe-t-il encore ?

André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Vous avez quasiment répondu vous-même à la question ! Le Larousse explique :
REMONTER... 4. Redonner à un ressort l'énergie nécessaire à son fonctionnement : Remonter une horloge.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Mais n'est susceptible d'être remontée qu'une montre qui a été montée un jour ou l'autre !
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Claude a écrit :
Claude a écrit :Et pour remonter sa montre, on peut considérer que le ressort s'est détendu et qu'on le tend à nouveau (les montres à pile sont exclues :lol: ).
Et ma montre ? :lol:
Et mon 22 à Asnières ?
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Et pour les montres, il est essentiel de ne pas les démonter. :lol:
Quantum mutatus ab illo
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

André (G., R.) a écrit :Je ne vois rien à redire à ce passage de CHATEAUBRIAND, où « je remontai l'avenue... » s'explique par « Ma voiture descendit la rampe », à la différence de ce que l'on observe dans « Le président de la République remonte les Champs-Élysées ».
J'avoue ne pas comprendre ce que vous voulez dire. Je ne vois pas de rapport entre "ma voiture descendit la rampe" (les Champs-Élysées, en l'occurrence) et "je remontai l'avenue", d'autant qu'autour du Champ-de- Mars, le terrain est pratiquement plat. Ici, "remonter l'avenue" a plus le sens d'aller vers la "source" de l'avenue, son début, qui est probablement considéré comme étant l’École militaire, plutôt que le côté Seine.
Autre exemple. Hugo :
Vers cinq heures, le char-catafalque, vide maintenant, remonte l’avenue des Champs-Élysées afin d’aller se remiser sous l’arc de l’Étoile. Ceci est une belle idée.
https://fr.wikisource.org/wiki/Choses_v ... ol%C3%A9on
André (G., R.) a écrit :Le 26 août 1944, le général DE GAULLE descendit (simplement) les Champs-Élysées, et pourtant il les avait déjà parcourus souvent dans les deux sens.
Oui, l'usage est capricieux. On n'utilise pas ou on utilise peu "redescendre", sauf pour indiquer la répétition, au contraire de "remonter".
De manière surprenante, certains emploient "remonter" pour "descendre", en pensant peut-être que « remonter » peut prendre le sens de « défiler dans la rue » :
Le 26 août, le général de Gaulle remonte les Champs-Elysées sous les acclamations d'une foule immense.
http://fresques.ina.fr/de-gaulle/fiche- ... paris.html
J’avais un ami provincial qui utilisait toujours « remonter » à l’inverse de mes habitudes parisiennes ! Ça m’agaçait prodigieusement !
Mais si je comprends bien, le Président Macron a fait le 11 novembre ce qu’il avait déjà fait lors de son investiture, il a bien remonté les Champs-Élysées, comme le faisaient traditionnellement les présidents, par exemple De Gaulle :
« Le premier des Français est désormais le premier en France", déclare le président de la IVe République pour accueillir le général de Gaulle, se souvient le Nouvel Observateur. Les deux hommes remontent les Champs Élysées à bord d'une Simca décapotable. Place de l’Étoile, Charles de Gaulle abandonne René Coty, après s'être fendu d'un "au revoir Coty" glacial, une façon de marquer sa désapprobation de la IVe République. »
http://www.europe1.fr/politique/passati ... le-1079585
Pompidou :
« Le 20 mai 1969, Georges Pompidou remonte les Champs-Elysées, après la cérémonie d'investiture qui s'est déroulée à l’Élysée. »
http://www.20minutes.fr/elections/diapo ... republique
Giscard d’Estaing :
« Valéry Giscard d'Estaing, 48 ans, entend faire la démonstration de sa modernité, vêtu d'un costume de ville au lieu du traditionnel habit de cérémonie, rappelle Libération. Et c'est à pied, et non en voiture, qu'il choisit de remonter les Champs Élysées. Dans son discours, il affirme vouloir ouvrir une "ère nouvelle de la politique française". »
On se rappelle aussi la fameuse remontée des Champs-Élysées par une foule immense le 30 mai 1968, qui marqua le basculement dans les événements de mai 68.
http://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_ ... _48_1_4422
« De la place de la Concorde, suivant André Malraux, Michel Debré, Maurice Schumann, Jacques Foccart, Robert Poujade et tous les caciques de la majorité, une foule immense remonte les Champs-Elysées vers l'Etoile. Ils sont un million à hurler à De Gaulle qu'il "n'est pas seul". Le reflux s'annonce. La France sent qu'on va bientôt siffler la fin de la récréation. »
http://www.parismatch.com/Actu/Politiqu ... eul-101633
Dernière modification par Leclerc92 le dim. 12 nov. 2017, 22:31, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

André (G., R.) a écrit :
Claude a écrit :
Claude a écrit :Et pour remonter sa montre, on peut considérer que le ressort s'est détendu et qu'on le tend à nouveau (les montres à pile sont exclues :lol: ).
Et ma montre ? :lol:
Et mon 22 à Asnières ?
Un incontournable. :wink:
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Leclerc92 a écrit :
André (G., R.) a écrit :Je ne vois rien à redire à ce passage de CHATEAUBRIAND, où « je remontai l'avenue... » s'explique par « Ma voiture descendit la rampe », à la différence de ce que l'on observe dans « Le président de la République remonte les Champs-Élysées ».
J'avoue ne pas comprendre ce que vous voulez dire. Je ne vois pas de rapport entre "ma voiture descendit la rampe" (les Champs-Élysées, en l'occurrence) et "je remontai l'avenue", d'autant qu'autour du Champ-de-Mars, le terrain est pratiquement plat. Ici, "remonter l'avenue" a plus le sens d'aller vers la "source" de l'avenue, son début, qui est probablement considéré comme étant l’École militaire, plutôt que le côté Seine.
Cher Leclerc92, vous nous proposez une série de citations dont je supprime ci-dessus la plus grande partie, pour rester raisonnable dans l'utilisation de l'espace sur FNBL et parce qu'elles ne concernent de toute façon que « remonter les Champs-Élysées », tournure précisément à l'origine de mon intervention parce que, à mon sens, on en abuse !

Mais je ne considère pas que cet abus soit une catastrophe linguistique, comme pourrait le laisser supposer la quantité de vos liens. La rubrique où nous nous trouvons a pour titre « Entrer » existe-t-il encore ? Son auteur se rendait compte qu'on emploie de plus en plus « rentrer » là où « entrer » suffit. Il me semble qu'il en va de même avec « remonter » et « monter », et trop d'autres verbes.

Qui contesterait que « remonter » convient mieux après un verbe comme « descendre » que dans l'expression répétée à satiété « remonter les Champs-Élysées » ? Dans votre phrase ci-dessus, vous expliquez que « la rampe » dont parle CHATEAUBRIAND est une autre manière pour lui d'évoquer cette avenue. Si tel est le cas, il nous fournit un très bon exemple d'emploi irréprochable de notre verbe, mais je n'ai pas l'impression que vous ayez voulu dire cela.

J'aurais donc aussi besoin d'explications, d'autant que mon incompréhension croît lorsque vous évoquez l'École Militaire située à bonne distance des Champs-Élysées, d'une part, et d'autre part la « source » d'une rue, notion qui me dépasse.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Ça n'a pas grande importance et je ne m'étendrai pas sur la question, mais c'est juste de la topographie urbaine parisienne. D'après la description de Chateaubriand, après être descendu de l'Étoile sur la rive droite, il a traversé la Seine au pont de l'Alma et a poursuivi sur la rive gauche afin de rejoindre Montparnasse. Au sortir du pont de l'Alma, il a emprunté vraisemblablement l'avenue de la Bourdonnais (ou avenue de la Bourdonnaye, à l'époque) pour rejoindre l'angle de l'École militaire, du côté des Invalides. Cet angle est un très gros carrefour à partir duquel plusieurs rues sont formées en étoile. C'est en ce sens que ce carrefour est spontanément ressenti comme un point d'origine, une source, vers laquelle on remonte l'avenue, laquelle ne présente aucune dénivelée.

Mais Paris n'est sûrement pas la seule ville concernée. Il suffit de regarder les assez nombreuses occurrences de "remonter le cours Mirabeau", cette belle artère aixoise totalement plate, pour comprendre qu'on impose spontanément un sens à ces axes (en l'occurrence, remonter, c'est aller de la fontaine de la Rotonde en direction du centre de la ville). On ne trouve pratiquement pas d'occurrence de "monter le cours Mirabeau".

Peut-être que remonter prend parfois le sens d'aller de la périphérie vers le centre, indépendamment de tout changement d'altitude. D'une manière voisine, on parle souvent de "monter à/sur Paris" quand on vient de Province, et pas seulement du Sud.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Il me devient difficile de m'expliquer. J'ai l'impression que vous cherchez à me persuader que la plupart des gens disent « remonter les Champs-Élysées ». Or c'est précisément parce que je fais moi-même cette observation que j'ai relancé ce fil. Ce faisant, j'espérais tout simplement, sans exclure qui que ce fût, qu'au moins chacun des intervenants les plus assidus sur FNBL prît position à propos de l'expression « monter les Champs-Élysées » et indiquât pourquoi il la condamne ou non, l'évite ou non... : je trouve curieux que sur un certain nombre de sujets la discussion se limite à un échange entre nous deux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Eh bien je vais vous donner mon avis. Je trouve l'expression « monter les Champs-Élysées » inadaptée (sans doute parce que supplantée depuis longtemps par « remonter »). Il me semble que l'on monte la rue qui mène en haut du village s'il y a une pente. On monte la rue de Belleville qui, de mémoire, est en pente, mais on remonte les Champs-Élysées ou le boulevard de Sébastopol.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Marc81
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Message par Marc81 »

Une piste trouvée dans le Larousse en ligne : remonter une rue, la parcourir une autre fois dans le sens inverse ou la suivre dans l'ordre inverse des numéros.
Mon site Parler français sur les difficultés de la langue française
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Merci à vous, Jacques-André-Albert et Marc81, de donner du sang neuf à cet échange.
Jacques-André-Albert a écrit :Eh bien je vais vous donner mon avis. Je trouve l'expression « monter les Champs-Élysées » inadaptée (sans doute parce que supplantée depuis longtemps par « remonter »). Il me semble que l'on monte la rue qui mène en haut du village s'il y a une pente. On monte la rue de Belleville qui, de mémoire, est en pente, mais on remonte les Champs-Élysées ou le boulevard de Sébastopol.
Eh oui, l'usage s'est imposé, qui permet que, dans des contextes identiques, on monte certaines rues et l'on en remonte d'autres ! Tiens, je ne savais pas que remonter s'employait aussi à propos du boulevard de Sébastopol.
Marc81 a écrit :Une piste trouvée dans le Larousse en ligne : remonter une rue, la parcourir une autre fois dans le sens inverse ou la suivre dans l'ordre inverse des numéros.
Deux arguments clairement en défaveur de l'expression « remonter les Champs-Élysées », que l'on emploie sans qu'il s'agisse de « parcourir une autre fois dans le sens inverse » cette avenue, dont on sait par ailleurs qu'elle est en pente et comporte des numéros pairs d'un côté, impairs de l'autre.
Dernière modification par André (G., R.) le mar. 14 nov. 2017, 8:06, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

Bonjour Marc 81 et content de vous « revoir » !

Monter et remonter quand il n'y a aucun doute possible :
- je monte à Paris = je vais à Paris (on y monte puisque la capitale est l'Olympe français :lol: ) ;
- je remonte à Paris = je vais à Paris une fois de plus.

Bien sûr, il ne s'agit pas de COD.
Dernière modification par Claude le mar. 14 nov. 2017, 9:25, modifié 1 fois.
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Perkele
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Message par Perkele »

Claude a écrit :Bonjour Marc 81 et content de vous « revoir» !

Monter et remonter quand il n'y a aucun doute possible :
- je monte à Paris = je vais à Paris (on y monte puisque la capitale est l'Olympe français :lol: ) ;
- je remonte à Paris = je vais à Paris une fois de plus.

Bien sûr, il ne s'agit pas de COD.
J'ai longtemps été persuadée que seuls les gens du sud montaient à Paris en référence aux cartes de France accrochées aux murs de nos salles de classe.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

... et la dénomination, contestable, « Hauts-de-France » de la région la plus septentrionale du pays va dans ce sens !
Si vous vous intéressez aux considérations sur le préfixe re-, vous pouvez trouver ici un autre fil où le sujet était abordé.
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