Les pléonasmes

[André (G., R.)]

Je trouve un peu catégorique et peu aimable « très laid » qualifiant « Il n'y en a plus rien », la laideur étant difficile à mesurer. Je m'en tiendrai à « moins heureux ».
Mais vous m'étonnez peut-être davantage à voir un supplément d'expressivité dans « Il n'en reste plus rien » par comparaison avec « Il n'en reste rien » : la forme la plus courte, qui évite par ailleurs le pléonasme, me semble au contraire faire ressentir avec plus de force la destruction totale de la maison. Et l'on remarque que les adjectifs « courtes » et « expressives » qualifient facilement ensemble le nom « phrases », comme ici.

[Leclerc92]

J'assume la subjectivité totale de la laideur, mais le bonheur d'une expression n'est pas plus objectif, me semble-t-il. Mais laissons ces perceptions personnelles et examinons l'usage dans les livres.
Sans attacher trop d'importance au nombre d'occurrences relevées dans Google Livres, je note quand même :
"Il n'en reste rien" : 28300
"Il n'en reste plus rien" : 14900
"Il n'en reste rien du tout" : 602
"Il n'y en a plus rien" : 1 (tirée d'un livre en allemand !)
C'est quand même un indice très fort du peu de crédit dont jouit cette dernière expression.
J'ai mis l'exemple de "il n'en reste rien du tout" pour montrer une autre formation expressive que vous pourriez trouver pléonastique.
En tout cas, le journaliste de radio que vous avez écouté parle comme Voltaire et beaucoup d'autres écrivains classiques, ce n'est pas si mal !

[Jacques-André-Albert]

Ne pas oublier que rien représente l'accusatif latin rem de res, la chose. J'entends encore quelquefois, par ici, « j'ai pas rien fait » pour dire « je n'ai rien fait »

[André (G., R.)]

"Il n'en reste rien" : 28300
"Il n'en reste plus rien" : 14900
"Il n'en reste rien du tout" : 602
"Il n'y en a plus rien" : 1 (tirée d'un livre en allemand !)
C'est quand même un indice très fort du peu de crédit dont jouit cette dernière expression.
J'ai mis l'exemple de "il n'en reste rien du tout" pour montrer une autre formation expressive que vous pourriez trouver pléonastique.

Ce fil a pour titre Les pléonasmes. Il se trouve que, ci-dessus, les occurrences de « Il n'en reste rien » sont deux fois plus nombreuses que celles de « Il n'en reste plus rien » : je me réjouis, vous l'imaginez bien, de constater le souci qu'a une majorité des locuteurs d'éviter le pléonasme. Mais la question n'est pas là pour moi : si les tenants de la forme pléonastique représentaient 99 % des locuteurs, on n'en aurait pas moins affaire à une forme pléonastique !
Ce qui m'importe lorsque je lance cette sorte de sujet, c'est de savoir si d'autres télépapoteurs ont la même vision que moi, indépendamment des statistiques et de l'usage que VOLTAIRE, HUGO, GIDE ou... Frédéric DARD peuvent avoir fait du mot ou de la tournure sur lesquels j'espère alors que nous réfléchirons ensemble : je serais le plus heureux des hommes si vous, personnellement, démontriez à l'aide d'arguments solides que je me trompe en voyant un pléonasme dans « Il ne reste plus rien ». Toutefois, si nous nous demandions, mais facultativement et en conclusion de l'échange, après nous être mis d'accord sur la réalité du pléonasme, pourquoi certains écrivains en ont usé, je ne pourrais pareillement que me réjouir.

Je croyais par ailleurs vous avoir déjà indiqué que certaines formulations proposées en pareil cas ne sont là que pour la démonstration : que voulez-vous que je fasse de l'information selon laquelle n'a été trouvée qu'une occurrence de « Il n'y en a plus rien » ? Là aussi, je serais plus intéressé par l'éventuelle démonstration de son incorrection.

Ce que vous dites sur « rien », Jacques-André-Albert, signifie-t-il que pour vous « Il ne reste plus rien » ne serait pas pléonastique ?

[Jacques-André-Albert]

Ce que vous dites sur « rien », Jacques-André-Albert, signifie-t-il que pour vous « Il ne reste plus rien » ne serait pas pléonastique ?

Si la tournure est ancienne, elle peut avoir été forgée à une époque où on comprenait « chose » en disant « rien ». Je ne vois rien équivaut à je ne vois chose (aucune). Mais je n'affirme rien. Il faudrait trouver des occurrences en ancien français.

[André (G., R.)]

Ce que vous dites sur « rien », Jacques-André-Albert, signifie-t-il que pour vous « Il ne reste plus rien » ne serait pas pléonastique ?

Si la tournure est ancienne, elle peut avoir été forgée à une époque où on comprenait « chose » en disant « rien ». Je ne vois rien équivaut à je ne vois chose (aucune). Mais je n'affirme rien. Il faudrait trouver des occurrences en ancien français.

Je ne vous suis pas. La phrase que j'ai proposée a été dite hier à la radio. « Il n'en reste plus rien » ne peut tout de même pas signifier « Il en reste quelque chose » ! Acceptez-vous l'idée que « Il n'en reste rien » donne autant d'informations que « Il n'en reste plus rien » ? Pensez-vous comme moi que « Il n'y a plus rien de la maison » (Il n'y en a plus rien !) exprime la même chose ? La démonstration de la présence du pléonasme est faite, selon moi, si l'on répond positivement à ces deux questions !

[Claude]

Je réponds positivement à vos deux questions.
Ne (dans ce cas n') ne serait-il pas associé en même temps à plus et à rien, ce qui confirmerait le pléonasme (ne plus et ne rien) ? Peut-on l'expliquer ainsi ?

[Leclerc92]

Il ne fait pas de doute qu'il y ait pléonasme mais un pléonasme n'est pas nécessairement vicieux. Il en est d'admissibles. C'est ce qu'ont bien compris les grands écrivains. La belle langue française, qui nous rassemble ici, ne se résume pas à des règles mécaniques. C'était le sens de mon intervention.

[André (G., R.)]

Je réponds positivement à vos deux questions.
Ne (dans ce cas n') ne serait-il pas associé en même temps à plus et à rien, ce qui confirmerait le pléonasme (ne plus et ne rien) ? Peut-on l'expliquer ainsi ?

Évidemment, si l'on compare « Il n'en reste plus rien » à « monter en haut », la démonstration de la réalité du pléonasme est moins facile. Je crois comme vous que l'on doit s'attacher à « n' », mais si l'on ne considère pas le verbe rester par ailleurs, j'ai l'impression qu'on n'avancera pas : « ne plus être là », me semble-t-il, couvre une partie du champ sémantique de « ne pas rester là » et, si je raccourcis encore les groupes verbaux, je dirai que « ne pas rester » signifie à peu près « ne plus être ». Donc, si « ne plus » convient avec « être », il fait double usage avec « rester ». Et là on retrouve ce que vous disiez sur « n' », qu'on souhaite supprimer pour éviter le pléonasme, mais qu'on est obligé de conserver pour que « rien » ait bien son sens négatif.

[Islwyn]

Que penseriez-vous d'une formule telle « il n'en restera plus jamais rien » qui ne me semble pas pléonastique ?

[André (G., R.)]

Désolé. J'y vois pareillement un pléonasme constitué par l'association de « rester » et de « n'... plus ».

[André (G., R.)]

J'assume la subjectivité totale de la laideur, mais le bonheur d'une expression n'est pas plus objectif, me semble-t-il.

C'est vrai.

[André (G., R.)]

Sur un autre fil, un télépapoteur écrit : Il y a probablement plus de chances que la première hypothèse soit la bonne...

[Claude]

Pour information, voici une liste de pléonasmes courants.
Y voyez-vous des anomalies, notamment pour certains qui seraient plutôt des redondances ?

[Christophe]

Merci pour cette liste.
Il y en a que j'ignorais (Cotiser - faux prétexte).