Quel complément ?

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Jacques
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Message par Jacques »

Si vous prenez le verbe dans le sens premier que donne l'Académie, on pourrait dire qu'il a une bonne descente.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Zeitnot
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J'avoue...à moitié !

Message par Zeitnot »

Ahhh, mais Jacques,

Vous avez été obligé de créer un contexte de toutes pièces pour être en mesure de donner un sens à «Ils entonnent.» alors que je me limitais au contexte dépouillé des expressions citées.

On pourrait probablement faire de même pour «Je prends mon temps.»
Quel contexte tordu pourrait-on inventer pour donner un sens à la phrase simple : «Je prends.» ?
Idem pour «J'évoque mes souvenirs.» et «J'évoque.»
«J'abaisse la poignée.» et «J'abaisse.»
«J'abolis la règle.» et «J'abolis.»

Sauf qu'un tel contexte n'est pas, à priori (!) présent pour donner un sens à l'expression elle-même. Il faut le formuler, l'imaginer, faire la mise en scène !
(Ça me rappelle ce qu'on faisait pour créer un calembour : la ligue a tort, l'alligator; on parlait d'abord d'une ligue qui exprimait une opinion différente de la nôtre, etc.)

Ce que je voulais montrer, c'est que le caractère essentiel d'un complément est lié fortement aux particularités sémantiques du verbe, plutôt qu'à celles du complément lui-même.

Vous venez de montrer que le contexte de l'énoncé joue aussi sur le caractère essentiel du complément (ou sinon, qu'aucun complément n'est essentiel ! )

C'est un plaisir de discuter avec vous !
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Jacques
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Message par Jacques »

Contexte ou pas, le résultat y est : le verbe entonner n'a pas de complément d'objet dans mon exemple et il est donc intransitif. Il s'agit de démontrer que les verbes transitifs sont susceptibles d'exister à la forme intransitive (c'est Bescherelle qui le dit, pas moi), peu importe s'il faut situer l'action. Le fait grammatical est là.
Vous confondez avec le verbe pris dans un sens absolu. On peut dire je chante tout court dans le sens absolu. On peut imaginer que, quand un chœur a pris place, quelqu'un crie : « J'entonne ! » et c'est aussi un sens absolu.
Quant au « contexte tordu » pour prendre, il existe au moins à la Bourse, dans les cotations à la criée. Quand on arrive à la cotation d'une valeur, les vendeurs crient « j'ai » et les acheteurs « je prends ». C'était l'ancienne méthode, avant les cotations par ordinateurs, mais peu importe.
Moi aussi je pense qu'il y a plaisir à débattre sur ces questions épineuses.
Dernière modification par Jacques le mer. 16 mai 2012, 13:37, modifié 1 fois.
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Perkele
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Message par Perkele »

Tiens, c'est amusant, nous nous servions des mêmes termes en réunion quand nous cherchions des idées. :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Zeitnot
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J'admets.

Message par Zeitnot »

Bon, j'admettrai donc que pour tout verbe, il existe un contexte dans lequel on peut l'utiliser de façon intransitive (vous n'auriez pas, par hasard, une référence précise que je pourrais aller lire à ce sujet?). Je pourrais partir un nouveau fil de discussion où on mettra ça en application ! Ça pourrait être rigolo.

Mais cette digression nous a fait passer à côté de l'idée principale de mon argumentation. Considérons les exemples dans le contexte des phrases particulières où ils apparaissent.

Qu'est-ce qui fait qu'on peut supprimer ou non un complément, tout en gardant une phrase correcte ?

«Le Ministre a aboli la loi.»
«Le Ministre a aboli ø .»
Cette phrase est incorrecte même si, théoriquement et selon vos sources, on pourrait inventer une autre phrase dans un autre contexte où «Le Ministre a aboli.» aurait un sens.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Tiens, c'est amusant, nous nous servions des mêmes termes en réunion quand nous cherchions des idées. :D
Vous voulez dire ces termes boursiers : j'ai, je prends ? Je les ai surtout entendus dans le métier, mais ils ne lui sont pas spécifiques et se conçoivent facilement ailleurs, même si de nos jours on dit plutôt « je suis preneur ».
À moins que notre jargon n'ait été sorti de son milieu pour essaimer dans le langage courant ?
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Jacques
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Re: J'admets.

Message par Jacques »

Zeitnot a écrit : Qu'est-ce qui fait qu'on peut supprimer ou non un complément, tout en gardant une phrase correcte ?

«Le Ministre a aboli la loi.»
«Le Ministre a aboli ø .»
Cette phrase est incorrecte même si, théoriquement et selon vos sources, on pourrait inventer une autre phrase dans un autre contexte où «Le Ministre a aboli.» aurait un sens.
Je crois que nous sommes là dans le domaine de la spéculation intellectuelle. Mais on peut toujours imaginer quelque chose :
– abolissons ces lois désuètes
– mais justement, le ministre a aboli.
Ou encore :
– quelles mesures le ministre a-t-il prises ?
– il a aboli.
Mes sources ? Je ne peux pas passer des heures à explorer tous les livres de français qui sont dans ma bibliothèque pour retrouver ce que j'ai lu à ce sujet. Il se peut qu'il existe quelques verbes transitifs qui ne peuvent pas s'employer à la forme intransitive, mais jusqu'à présent la preuve n'en a pas été apportée. Il faudrait dénicher ces oiseaux rares.
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Zeitnot
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Re: J'admets.

Message par Zeitnot »

Jacques a écrit : – abolissons ces lois désuètes
– mais justement, le ministre a aboli.
Ou encore :
– quelles mesures le ministre a-t-il prises ?
– il a aboli.
Là, je m'avoue vaincu, à défaut d'être convaincu.

Je vais faire un peu de recherche personnelle pour tenter de trouver réponse à mes questions.

À plus tard et merci
Marc81
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Re: J'admets.

Message par Marc81 »

Jacques a écrit :Il se peut qu'il existe quelques verbes transitifs qui ne peuvent pas s'employer à la forme intransitive, mais jusqu'à présent la preuve n'en a pas été apportée. Il faudrait dénicher ces oiseaux rares.
Affubler ?
Sauf erreur de ma part, il me semble qu'il s'agit d'un verbe qui ne peut s'employer absolument (exige un complément d'objet indirect).
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Jacques
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Message par Jacques »

Il se pourrait que vous ayez raison. Mais je crois qu'il est plutôt transitif direct : les gens l'ont affublé d'un surnom insolite. C'est le cas de l'accusatif.
Ne pourrait-on cependant envisager un emploi intransitif de ce genre ? :
« Il affuble tout le monde d'un sobriquet. C'est une manie chez lui, il faut toujours qu'il affuble ».
Dernière modification par Jacques le mer. 16 mai 2012, 8:17, modifié 2 fois.
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Perkele
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Message par Perkele »

Je l'ai rencontré (rarement, il est vrai) dans les mêmes constructions que "déguiser".

Je cherche des exemples...

Comme le voilà affublé !

Il est plaisamment affublé.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Message par Marc81 »

Jacques a écrit :Mais je crois qu'il est plutôt transitif direct
Exact, c'est ce que je voulais écrire :lol:

Mais, au vu des exemples de Perkele, ce verbe n'est pas encore l'oiseau rare recherché...
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Jacques
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Message par Jacques »

Marc81 a écrit :
Jacques a écrit :Mais je crois qu'il est plutôt transitif direct
Exact, c'est ce que je voulais écrire :lol:

Mais, au vu des exemples de Perkele, ce verbe n'est pas encore l'oiseau rare recherché...
Les exemples de Perkele ne ramènent pas à un emploi intransitif.
Cet emploi intransitif ne donnerait pas l'auxiliaire être au passé composé, mais avoir.
Mon exemple plaide mieux pour la cause.
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valence verbale

Message par Zeitnot »

À propos du concept de «valence verbale»

« ...Enfin, certains verbes ne peuvent changer de valence sans agrammaticalité : c'est le cas des verbes qui apportent peu d'informations sur la situation, comme faire : je fais quelque chose, et non *je fais.»
http://fr.wikipedia.org/wiki/Valence_%28linguistique%29


Je raffole.
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Jacques
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Message par Jacques »

Cette histoire de valence et d'actant me laisse perplexe. Je ne vois pas ce qu'elle apporte à la connaissance du langage.
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