Quel complément ?

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Si j'entends « Tu sais où i' reste ? », je comprends « Sais-tu où il habite ? »

Ce fil avait pour titre Quel complément ? Olivers30 avait raison de ne pas voir de compléments circonstanciels dans
• Nos amis rentrent de Grèce
• Il habite rue Jean Jaurès
• Elle se rendit boulevard Rostand
• Ils sont passés par l'Italie

Plusieurs liens avaient été fournis, montrant la différence entre les compléments essentiels et les compléments circonstanciels. En voici un nouveau, qui donne des explications brèves et claires.
Plus récemment, nous avons évoqué la notion de prédicat : le complément essentiel fait partie de ce dernier, le complément circonstanciel non.
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Claude
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Message par Claude »

Vous avez raison, les explications de votre premier lien sont brèves et claires ; je les aime ainsi. 8)
Je n'ai aucun souvenir de cette distinction lorsque j'étais à l'école et je suis certainement loin d'être le seul. Mais alors, que nous enseignait-on ? Je suppose que les compléments essentiels étaient traités comme les compléments circonstanciels.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Claude a écrit :Je n'ai aucun souvenir de cette distinction lorsque j'étais à l'école et je suis certainement loin d'être le seul. Mais alors, que nous enseignait-on ? Je suppose que les compléments essentiels étaient traités comme les compléments circonstanciels.
Oui. Pendant ma scolarité primaire et secondaire, on m'a fait qualifier de circonstanciel tout complément de lieu.
On considérait sans doute que des enfants peineraient à admettre que « à l'hôtel », par exemple, pût être complément essentiel dans tel contexte, complément circonstanciel dans tel autre :
• Pour l'occasion, nous sommes allés à l'hôtel.
• À l'hôtel, j'ai pris deux kilos.
La première de ces deux phrases comporte le groupe verbal aller à l'hôtel ; dans la seconde, c'est prendre des kilos qui sera nommé ainsi. Les prédicats sont respectivement sommes allés à l'hôtel et ai pris deux kilos.

Je me rappelle toutefois m'être demandé enfant pourquoi certains compléments étaient circonstanciels et d'autres non.

Des compléments de temps peuvent pareillement ne pas être circonstanciels : dans « Son supplice a duré une nuit entière », « une nuit entière » fait partie du groupe verbal, c'est un complément essentiel.
Ce n'est pas le cas dans « Ils ont cherché l'animal une nuit entière » (complément circonstanciel).

Les compléments essentiels de lieu et de temps accompagnent généralement des verbes ayant un rapport sémantique avec le lieu (aller...) ou le temps (durer...).
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Claude
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Message par Claude »

Je saisis la nuance. Dans l'exemple « Ils ont cherché l'animal une nuit entière » on voit bien que « l'animal » étant un COD est, si je puis dire, le complément « essentiel » par rapport à « une nuit entière » qui n'est que « secondaire » et donc qui n'est pas un complément essentiel mais de « circonstance ».
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Oui.
Nos enseignants avaient peut-être une autre raison de nous parler uniquement de compléments circonstanciels lorsqu'il s'agissait du temps, du lieu, de la manière, du moyen, du but, de la cause, de la conséquence...
On reconnaît en principe un complément circonstanciel au fait qu'on peut le supprimer sans que la phrase devienne inintelligible ; or certains grammairiens, je viens de l'apprendre, voient deux compléments circonstanciels (de quantité) dans « Cette poupée mesure trente centimètres et vaut vingt euros ». Pourtant, on se rend bien compte que « Cette poupée mesure et vaut » est ridicule. Il s'agirait alors de compléments circonstanciels non supprimables. Je préfère considérer dans cette phrase « trente centimètres » et « vingt euros » comme des compléments essentiels (de mesure, de prix, on dira : de quantité) : « valoir » et « vingt euros » d'une part, « mesurer » et « trente centimètres », de l'autre, me paraissent avoir entre eux un rapport sémantique tout à fait comparable à celui entre « aller » et « à l'hôtel » dans « aller à l'hôtel ».
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Claude
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Message par Claude »

Vous avez raison. Dans ces exemples, mesurer, valoir et aller attendent obligatoirement un complément qui devient donc essentiel, indispensable.
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

J'ai des choses à faire.

Je n'ai rien à dire.

Auriez-vous une idée de la nature de ce complément introduit par "à" ?
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Peut-être des éléments de réflexion ici :
https://books.google.fr/books?id=hstUNN ... &q&f=false
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

Merci.

Mais "le contrôleur de l'infinitif".... Quel est encore ce laïus de novlangue ?
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

C'est en fait assez simple et clairement expliqué sur cette autre page
https://books.google.fr/books?id=hstUNN ... &q&f=false
ou si vous préférez, expliqué et illustré par de nombreux exemples, sur celle-là :
Le support -ou "pivot", ou "contrôleur"- de l'infinitif, c'est-à-dire le constituant dont le référent réalise le procès exprimé par l'infinitif, peut être le sujet syntaxique, le complément direct ou le complément indirect de la phrase.
https://wwwling.arts.kuleuven.be/alfagr ... faperc.htm
Somme toute, cela désigne ce qu'on appelle aussi parfois sujet virtuel ou sujet sémantique de l'infinitif. Comme l'infinitif n'est pas un temps conjugué et n'a pas vraiment de sujet, les grammairiens ont préféré trouver un autre mot que "sujet".
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Soit la phrase « Avant de sortir, tu as encore à balayer ! » On admet facilement sa synonymie avec « Avant de sortir, tu dois encore balayer ! » Les verbes exprimant la capacité, la nécessité, la volonté, l'autorisation, le devoir sont des auxiliaires modaux. « Avoir à » me semble entrer dans cette catégorie.

Sous votre lien, Leclerc92, on lit « Le GN objet est relié à la fois au verbe et à l'infinitif ». Avec une grande prudence, l'affaire étant délicate, je souhaite dire que je ne suis pas persuadé de cela. En tout cas, comme dans l'exemple que je viens de donner, un groupe nominal objet n'est alors pas toujours présent. Or ce même exemple peut être complété ainsi : « Avant de sortir, tu as encore à balayer ta chambre ! » On se rend compte qu'il est plus logique, au moins à mon sens, de voir dans « ta chambre » un COD du seul « balayer ». Je tends à penser que « Tu as encore ta chambre à balayer », qui présente un ordre de mots différent, peut être analysé de la même manière.

Donc, pour ces phrases, je suis enclin, Yeva Agetuya, à considérer « à balayer », « à balayer ta chambre » et « ta chambre à balayer » comme des compléments d'objet indirect d'« avoir ».

« Contrôleur de l'infinitif » vous est expliqué : il faut comprendre que dans « Paul a du travail à faire », « Paul » est d'une part le sujet strict de « a », mais serait aussi, d'autre part, le sujet de faire si ce verbe était conjugué.

À nouveau, je constate que vous êtes intervenu juste avant ma propre publication, Leclerc92 !
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

André (G., R.) a écrit :Donc, pour ces phrases, je suis enclin, Yeva Agetuya, à considérer « à balayer », « à balayer ta chambre » et « ta chambre à balayer » comme des compléments d'objet indirect d'« avoir ».
Un COD, c'est un accusatif.

Un COI, qu'est-ce donc ?

Mon problème est de traduire ce français dans une langue construite.

Il y a du vin à boire > Il y a du vin dans le but d'être bu > Vinu-heye wa-poti-fa

Mais "une chambre à balayer" semble être un participe futur passif :

Une ménagère ayant balayé > Participe passé actif
Une ménagère devant balayer > Participe futur actif
Une chambre devant être balayée > une chambre à balayer > participe futur passif
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Si, dans la langue cible, vous obtenez l'équivalent de « Je dois faire des choses » pour « J'ai des choses à faire » et « Je ne peux rien dire (sur ce sujet) » pour « Je n'ai rien à dire », vous ne devriez pas être dans l'erreur.
Je parle de COI du fait de la présence de « à » entre « Tu as » et « balayer ».

Le vocabulaire grammatical que vous utilisez ne m'est pas familier. En aucun cas, je ne puis voir un participe dans « une chambre à balayer », où l'infinitif « balayer » est tout simplement complément du nom « chambre ». Mais vous avez soudain abandonné le verbe avoir qui se trouvait dans votre phrase initiale « J'ai des choses à faire » ou dans mon exemple « Tu as ta chambre à balayer », si bien que le raisonnement n'est plus le même et que je peine à vous suivre.

Dans « Une ménagère ayant balayé », ce n'est pas, pour moi, le participe passé balayé qui rend le groupe verbal « ayant balayé » actif, mais le participe présent « ayant ».
Dans « Une ménagère devant balayer », rien n'exprime, me semble-t-il, l'idée de futur : la ménagère qui doit balayer ne balaiera peut-être pas !
Dans « Une chambre devant être balayée », ce n'est pas, je crois, le participe « balayée » qui rend le groupe verbal passif, mais l'auxiliaire être qui l'accompagne.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Soient les phrases :
1 - J'ai encore du vin à boire
et :
2 - J'ai encore du vin à acheter.

Vous dites, Yeva Agetuya, que « à boire » exprimerait le but, c'est pour moi plutôt une simple possibilité, je comprends : J'ai encore du vin, que l'on peut boire.
En 2, très différemment, j'imagine : J'ai encore à acheter du vin, je dois encore acheter du vin. Obligation.

En 1, je vois un COD du verbe avoir dans « du vin à boire », tandis qu'en 2, je l'ai dit, « avoir à » peut être considéré, je crois, comme auxiliaire modal de « acheter du vin », groupe verbal à l'intérieur duquel « du vin » est COD d'« acheter ».

En 1, je l'ai dit aussi, au sein du groupe COD « du vin à boire », « à boire » est complément du nom « vin », tandis qu'en 2, « du vin à acheter » m'apparaît comme un complément d'avoir à.

En 1, « à » introduit le complément du nom « vin ». En 2, cette préposition amène le groupe infinitif « à acheter du vin » ou « du vin à acheter ».

Il me semble que, pour vos traductions, vous devez vous demander si votre phrase d'origine est du type 1 ou du type 2 ci-dessus.
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Yeva Agetuya
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Message par Yeva Agetuya »

http://www.intellego.fr/soutien-scolair ... utur/53111
  • AMAT-UR-US, AMAT-UR- A, AMAT-UR-UM

    On le traduira par « sur le point d'aimer », « disposé à aimer » ou « destiné à aimer »

    Exemple: OMNES MORITURI SUMUS. Nous sommes tous destinés à mourir.
Donc, dans "une chambre à balayer", nous avons un participe futur.

Pour :

1 - J'ai encore du vin à boire

2 - J'ai encore du vin à acheter

Nous avons ici une polysémie de la préposition "à".

En 1, c'est tout de même "destiné à être bu", donc un participe futur : Le vin avait été bu / Le vin était à boire.

En 2, c'est effectivement une obligation.

Mais nous débouchons sur une autre question : si en 1, "avoir" est vraiment le verbe "posséder" et doit être traduit comme tel, en 2 "j'ai à" est gallicisme et la traduction utilisera "je dois", me semble-t-il.

Quoique...

- Qu'avez-vous à faire ?
- J'ai du vin à acheter

n'est pas tout à fait synonyme de :

- Que devez-vous faire ?
- Je dois acheter du vin.
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