Liaisons fort mal-t-à propos
- Perkele
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- Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
- Localisation : Deuxième à droite après le feu
Il m'avait semblé que cette revue jouait avec cette possibilité de cuir pour suggérer qu'elle apportait de nombreuses idées à ce qui, précisément, n'en avaient pas.Jacques-André-Albert a écrit :Un de mes anciens collègues parlait souvent de la revue « Cent-z-idées », ce qui, phonétiquement, est un comble pour une revue censée apporter des solutions aux sans idées.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je crains bien de ne pas pouvoir partager l'optimisme, même très mesuré, d' André (G., R.) quant aux progrès des médias. Ce que j'ai appelé "l'effet euro", cet affranchissement des liaisons consécutif à la propagation fulgurante du "vin-euro" et autres "deu-euros", ne me paraît pas en perte de vitesse. J'entends maintenant quasiment toujours "c'é-extrêmemen-important" là où les deux liaisons ont toujours été faites auparavant sans paraître pédantes dans le contextes des échanges auxquels je fais allusion.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Mon optimisme relatif ne concernait que la liaison entre un nombre et « euro » ou « euros », non des tournures comme « c'est extrêmement important ». Je n'ai évidemment pas d'enquête chiffrée sérieuse à vous opposer, mais j'ai déjà raconté ici qu'au moment de la mise en circulation de la nouvelle monnaie, une collègue enseignant le français m'avait assuré qu'elle préférait ne pas lier oralement les nombres à « euro » ou « euros », pour des raisons d'euphonie. Il m'avait semblé alors la persuader de son erreur en lui demandant si elle refusait également la liaison pour des groupes comme « cent Européens ». Dans les premiers temps de l'euro, j'avais véritablement le sentiment que presque tout le monde voyait cela comme elle, que presque personne, y compris dans les médias, ne faisait la liaison. Or, il y a un quart d'heure encore, sur une radio, j'ai entendu « vingt euros » prononcé correctement.
Je comprends, Koutan, vos réserves. Nous sommes presque toujours désagréablement surpris des évolutions de langage ; elles nous dérangent par rapport à ce que nous avons appris dans notre jeunesse oû ce que nos parents ou nos maitres nous disaient nous paraissait une vérité éternelle ; nous ne soupçonnions pas la relativité et l'instabilité des usages linguistiques. Mais la langue ne cesse d'évoluer : nouveaux mots, nouvelles expressions à la mode, nouvelles tournures syntaxiques, et aussi nouvelles prononciations, de certains mots eux-mêmes (dam, cheptel, legs, dompter...), ou de groupements de lettres (prononciation de -et, ai/ais, consonnes doubles), et naturellement, l'éternelle question des liaisons. C'est sûrement ce dernier point qui évolue le plus d'une génération à l'autre dans la mesure où les règles sont très arbitraires et très peu enseignées ; elles sont d'ailleurs horriblement complexes et loin d'être universellement acceptées.
D'un côté, il est exact que beaucoup de liaisons sont de moins en moins faites dans le discours ordinaire. D'un autre côté, je constate dans la presse parlée une tendance inverse à l'exagération des liaisons et surtout, chose que je trouve personnellement agaçante, la coupure avant ou mise en attente après liaison avancée : cette question est très ... (pause)...avancée, prononcé ou bien "treize ... avancé" ou bien "trè ... zavancé".
Dans le cas de "c'est extrêmement important", il me semble que ma propre prononciation est généralement de faire seulement la première liaison et non la seconde : l'hiatus faible me paraît plus agréable qu'une liaison forte. Je ferais probablement les deux liaisons en déclamation et je n'exclus pas non plus de n'en faire aucune à l'occasion.
D'un côté, il est exact que beaucoup de liaisons sont de moins en moins faites dans le discours ordinaire. D'un autre côté, je constate dans la presse parlée une tendance inverse à l'exagération des liaisons et surtout, chose que je trouve personnellement agaçante, la coupure avant ou mise en attente après liaison avancée : cette question est très ... (pause)...avancée, prononcé ou bien "treize ... avancé" ou bien "trè ... zavancé".
Dans le cas de "c'est extrêmement important", il me semble que ma propre prononciation est généralement de faire seulement la première liaison et non la seconde : l'hiatus faible me paraît plus agréable qu'une liaison forte. Je ferais probablement les deux liaisons en déclamation et je n'exclus pas non plus de n'en faire aucune à l'occasion.
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- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Dans les années cinquante, mon instituteur me recommandait certes de faire la liaison entre « c'est » et « extrêmement », mais personne ne la faisait dans mon milieu ! Je me méfie véritablement, pour moi-même, de l'impression qu'on peut avoir, dès qu'on rencontre un désagrément, et pas seulement sur le plan linguistique, que c'était mieux auparavant, tout en étant conscient que c'est incontestable dans certains domaines.
J'ai toujours entendu à la radio des gens prononçant correctement les liaisons avec euro, mais si peu. Et je ne crois pas malheureusement en entendre plus aujourd'hui qu'hier. J'en suis à éprouver de la reconnaissance envers eux. Bien sûr, une langue évolue, mais si cette évolution fait que seul le contexte permet de savoir si on a entendu "vingt hauteurs" ou "vingt auteurs", il me semble que la langue a perdu de sa richesse. Et qu'on ne pourra pas s'en féliciter.
Je fais bien la différence entre une conversation ordinaire et un débat télévisé, par exemple. Et moi non plus, dans une conversation familière, je n'irai pas dire "c'est textrêmement", mais même je peux dire que je n'utiliserai probablement pas l'adverbe "extrêmement" mais plutôt "vachement". Au moins, pas de liaison à faire.André (G., R.) a écrit :Dans les années cinquante, mon instituteur me recommandait certes de faire la liaison entre « c'est » et « extrêmement », mais personne ne la faisait dans mon milieu !....
C'est juste.Leclerc92 a écrit :En ne faisant pas la liaison, vous perdez un avantage dans l'exemple que vous citez, mais vous en obtiendrez un dans tous les cas (que je crois aussi nombreux) où la liaison introduit une confusion : vingt ans = vingt temps, à cause de la liaison ! Alors, où gagne-t-on le plus ?
Mais ira-t-on jusqu'à dire le journal de vin-heures ou un garçon de vin-ans ?
- Claude
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- Localisation : Décédé le 24 août 2022. Humour et diplomatie. Il était notre archiviste en chef.
Vous n'êtes pas le seul.Koutan a écrit :Je fais bien la différence entre une conversation ordinaire et un débat télévisé, par exemple. Et moi non plus, dans une conversation familière, je n'irai pas dire "c'est textrêmement", mais même je peux dire que je n'utiliserai probablement pas l'adverbe "extrêmement" mais plutôt "vachement". Au moins, pas de liaison à faire.André (G., R.) a écrit :Dans les années cinquante, mon instituteur me recommandait certes de faire la liaison entre « c'est » et « extrêmement », mais personne ne la faisait dans mon milieu !....
Avatar : petit Gaulois agité (dixit Perkele)
Mais je pense aussi, en bon partisan du développement de la francophonie, que lorsqu'il faudra expliquer à un chinois pourquoi on prononce vinteures mais vin-euros, alors que le premier comporte un "h", certes non aspiré, et le second seulement un "e" qui, lui, ne s'aspire normalement jamais dans notre langue, la seule explication qu'on pourra lui fournir sera : « C'est parce que les Français ne savaient pas accorder l'adjectif numérique qui précède "euro". AÏe aÏe aÏe !
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- Messages : 7437
- Inscription : dim. 17 févr. 2013, 14:22
Disons que les cas où « vingt hauteurs » et « vingt auteurs » d'une part, « vingt ans » et « vingt temps » d'autre part risquent d'être confondus dans un texte sérieusement rédigé sont assez rares ! Je ne sais plus si, pendant les deux mille heures, environ, que j'ai passées à enregistrer des livres, j'ai jamais buté sur cette sorte de difficulté. Il m'arrive un peu plus souvent de me reprendre après avoir fait deux liaisons pour des expressions comme « des zoos autorisés » et de ne garder que la première.