accord du participe passé

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jofra
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accord du participe passé

Message par jofra »

Pourriez-vous me dire si "accompagné" est bien accordé dans cette phrase.

C’est sous le signe de la fête et de la continuité, accompagné par le souffle puissant de la cornemuse, que s’ouvrent les portes du Salon des artisans.

Je vous remercie beaucoup!
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est la fête qui est accompagnée, et pas le signe, donc il faut le féminin. La phrase est toutefois équivoque et il n'y a pas de certitude. Si on pense que c'est le Salon des artisans, il vaut mieux la tourner autrement : ... que s'ouvrent les portes du Salon... accompagné... et pas de virgule après salon.
Mais qu'on la prenne comme on voudra, cette phrase est insolite et difficile à analyser grammaticalement.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Bernard_M
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Message par Bernard_M »

Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord répondre à celle-ci "Qu'est-ce qui est accompagné par le souffle de la cornemuse ?"

Une difficulté apparaît alors immédiatement :
- Vous parait-il compréhensible que la fête et la continuité puissent être accompagnées par le souffle de la cornemuse ? La fête peut-être, mais la continuité, je ne le pense pas.
- ou alors les portes du salon ? De toute évidence je vois mal des portes être accompagnées par un instrument de musique quel qu'il soit... Leur ouverture peut-être...

En conclusion, il me parait impossible de répondre à votre interrogation, la formulation étant un peu emberlificotée.
Il faudrait à mon avis reformuler la phrase de façon plus simple. Et là, ce ne sont pas les possibilités qui manquent.

Jacques, nous étions en ligne de concert. Nos conclusions sont proches l'une de l'autre : pour plus de compréhension, une reformulation est souhaitable.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je suis entièrement d'accord Bernard. Nos raisonnements se rejoignent, et nous avons le même avis sur la confusion syntaxique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Pourquoi lit-on des phrases si complexes dans les annonces d'événements ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

C'est un style qui se veut empreint de solennité, en accord avec l'importance de l'événement..
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Perkele
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Message par Perkele »

Au point de vue sens, ce ne peut être que l'ouverture des portes qui est accompagnée des cornemuses qui sonnent sous le signe de la fête et de la tradition.

N'est-ce pas ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Au point de vue sens, ce ne peut être que l'ouverture des portes qui est accompagnée des cornemuses qui sonnent sous le signe de la fête et de la tradition.N'est-ce pas ?
Alors la phrase est mal construite et devrait être rédigée autrement.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
cyrano
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Message par cyrano »

Bernard_M a écrit :Pour répondre à cette question, il faudrait d'abord répondre à celle-ci "Qu'est-ce qui est accompagné par le souffle de la cornemuse ?"
Je pense que, dans l'idée de l'auteur, accompagné ne se rapporte directement à aucun élément en particulier, mais qu'il faut le comprendre plus ou moins comme "avec l'accompagnement du souffle puissant de la cornemuse".

Si la phrase était par exemple: "Au son du souffle puissant de la cornemuse, les portes du Salon des artisans s'ouvrent sous le signe de la fête et de la continuité", il n'y aurait pas de problème grammatical et on comprendrait bien que le souffle puissant est un élément qui se rapporte à l'ensemble de la phrase/scène.

Mais en introduisant le complément par un participe passé plutôt que par un substantif, on provoque une rupture syntaxique (un zeugme, si je ne me trompe) du même genre que "Abandonné par sa femme, il faudra que je lui remonte le moral".
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un zeugme : celui-ci associe deux éléments sans lien dans une seule forme syntaxique.
Exemples : Il connaît ses voisins et le code de la route ; c'était un gendarme à cheval et à moustache ; viens avec tes amis et ta bonne humeur. Et encore :
Jeune Napoléon était maigre et officier d'artillerie. Plus tard il prit du ventre et beaucoup de pays.
Je me demande, en revanche, si cette phrase ambigüe ne relèverait pas de l'amphigouri.
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cyrano
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Message par cyrano »

Oui, c'est vrai: c'est plutôt une anacoluthe qu'un zeugme.
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Jacques
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Message par Jacques »

L'anacoluthe est une rupture syntaxique dont l'exemple typique est : Le nez de Cléopatre, s'il eût été plus court, la face du monde en eût été changée. Le bouleversement syntaxique peut être réparé par une remise en ordre des éléments : S'il eût été plus court le nez de Cléopatre, la face du monde en eût été changée. Il y a désordre syntaxique, une sorte de puzzle, mais pas faute de français. Dans l'exemple que vous donnez, il faudrait dire Abandonné par sa femme, il a besoin que je lui remonte le moral. Ce qui cloche c'est que le PP abandonné devrait logiquement donner lieu à une reprise du personnage soit par son nom, soit par un pronom personnel de la troisième personne qui le désigne. Je crois que ce n'est pas une rupture syntaxique mais une faute de construction. Je ne sais plus quel est le nom qu'on donne à cette erreur.
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cyrano
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Message par cyrano »

J'ai toujours cru que l'exemple typique de l'anacoluthe était les formules épistolaires du genre "En vous remerciant encore, veuillez agréer...", c'est-à-dire avec un participe (passé ou présent) "en l'air" et qui ne se rapporte pas au sujet.

Le Petit Robert donne d'ailleurs comme exemple d'anacoluthe: "Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre..." (La Fontaine).
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Jacques
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Message par Jacques »

La formule que vous donnez en tête est grammaticalement fautive : le verbe remercier n'a pas de sujet. Il faut donc écrire En vous remerciant, je vous prie...
Dans la citation de La Fontaine Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre ce que je viens de raconter, vous remarquerez que le pronom il reprend le mot vieillard. L'anacoluthe est hardie mais logique.
En voici une de Céline : Pourtant les flics, un peu la veille, ils l'avaient traité encore pire. Le pronom ils fait référence à flics. Le procédé est de type populaire, c'était la marque de Céline, le « médecin des pauvres » un brin anarchiste. L'anacoluthe n'est pas donnée comme une figure de rhétorique mais comme une figure de style, ce qui ouvre la voie aux procédés non littéraires.
Le phénomène de l'anacoluthe dépasse mes faibles compétences d'amateur, et peut revêtir plusieurs formes, mais il ne faut pas confondre rupture syntaxique et faute de construction, malgré une certaine ressemblance.
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jofra
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Message par jofra »

Ce que je trouve particulièrement intéressant en lisant toutes vos réponses, c'est qu'elles me donnent non seulement la réponse à ma question, mais aussi d'autres exemples sur la syntaxe ou encore la grammaire.
Je vous remercie beaucoup!
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