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Hold-up

Publié : dim. 06 oct. 2013, 21:22
par Pautard
J'ai parfois du mal à comprendre la logique des autorités en matière de terminologie. Il me semble que « braquage » est un équivalent correct pour éviter l'anglicisme « hold-up ». Mais l'Académie ne semble pas l'entendre de cette oreille : le dictionnaire de l'Académie française connaît « hold-up », mais ignore « braquage », alors que « hold-up » pose manifestement un problème de morphologie par rapport au français. Le dictionnaire Larousse connaît « braquage » mais le considère comme populaire. Pour éviter l'anglicisme en usant d'une langue soutenue, devrait-on dire « attaque à main armée » ? C'est bien lourd.

Pourtant, « hold-up » est aujourd'hui peu utilisé. La plupart des journalistes emploient maintenant le mot « braquage ». Pour une fois qu'ils cherchent à éviter un anglicisme ! D'autre part, « braquage » a l'avantage de pouvoir se décliner : un braquage, braquer, un braqueur. Pour désigner l'auteur d'un hold-up, il faudrait dire « auteur d'une attaque à main armée » ? « Braqueur » est quand même plus simple.

Publié : dim. 06 oct. 2013, 22:09
par Jacques
Cette remarque est intéressante et nous donne à réfléchir. Effectivement, le Petit Robert indique braquage comme étant argotique, ce qui est confirmé par le dictionnaire d'argot de Larousse, lequel en donne la traduction attaque à main armée. Traduction qui est aussi celle de hold-up. Le Hachette est à l'unisson. Le Petit Larousse également. Nous tournons en rond.
Attaque à main armée serait donc bien le seul équivalent français de hold-up et de braquage. Cependant, ce dernier est bien implanté dans l'usage et finira peut-être par perdre son caractère argotique. En matière de langue, c'est toujours l'usage qui finit par avoir force de loi. J'ai l'impression que bien des gens le voient déjà à peine comme familier.

Publié : lun. 07 oct. 2013, 7:50
par André (G., R.)
Jacques a écrit :J'ai l'impression que bien des gens le voient déjà à peine comme familier.
C'est mon cas. Militons pour le braquage ! L'adoption d'américanismes est une tendance lourde de l'évolution de la langue, mais on sait que certaines tentatives ont échoué ou que quelques-unes, qui avaient apparemment réussi, se sont terminées par des renoncements aux néologismes : soit le mot correspondait à une réalité tombée en désuétude, soit un mot d'origine française a pris le relais. N'oublions pas que leur brièveté fait souvent le succès des mots d'origine américaine : si on n'a le choix qu'entre "hold-up" et "attaque à main armée", le premier a toutes ses chances.

Publié : lun. 07 oct. 2013, 8:12
par Jacques
Je vais dans votre sens, et je dois dire que je n'ai jamais vu braquage comme un terme argotique, tant il me semblait naturel.

Publié : lun. 07 oct. 2013, 8:55
par Jacques-André-Albert
André (Georges, Raymond) a écrit :mais on sait que certaines tentatives ont échoué ou que quelques-unes, qui avaient apparemment réussi, se sont terminées par des renoncements aux néologismes : soit le mot correspondait à une réalité tombée en désuétude
Bien des mots ont quand même survécu aux évolutions des pratiques de la société : voiture, culotte, bavoir, bouclier, cabinet, et d'autres sans doute.

Publié : lun. 07 oct. 2013, 11:16
par Perkele
Je me souviens avoir été, à une époque, dérangée par "il a braqué un flic" car pour moi, il avait "braqué son arme sur".

Publié : lun. 07 oct. 2013, 19:43
par shokin
Est-ce que le policier est resté braqué ?

Publié : lun. 07 oct. 2013, 21:18
par Pautard
Je comprends maintenant : en toute rigueur, on braque une arme, on ne braque pas une banque. L'usage pourtant ne va pas dans ce sens : une recherche dans Google sur « braquer une arme » ramène 99 400 résultats, tandis qu'une recherche sur « braquer une banque » ramène 757 000 résultats.

Publié : lun. 07 oct. 2013, 21:43
par shokin
Les métonymies (et les autres tropes) font partie des changements de relations linguistiques (entre signifiant et signifié). :)

Publié : lun. 07 oct. 2013, 22:09
par Jacques
Pautard a écrit :Je comprends maintenant : en toute rigueur, on braque une arme, on ne braque pas une banque. L'usage pourtant ne va pas dans ce sens : une recherche dans Google sur « braquer une arme » ramène 99 400 résultats, tandis qu'une recherche sur « braquer une banque » ramène 757 000 résultats.
Attention, il faut bien distinguer : le français et l'argot. Braquer une arme (la pointer sur quelqu'un) c'est du français ; mot datant de 1546. Braquer une banque c'est de l'argot (mot apparu en 1941).
On ne peut pas comparer les deux modes d'expression. L'argot n'est pas du français ; un langage riche, très élaboré, mais distinct du français.