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Le tic de langage qui est le mien.

Publié : sam. 16 nov. 2013, 19:26
par Anne
Avez-vous remarqué cette manie qu'ont certaines personnes, notamment des personnalités politiques, de remplacer les pronoms possessifs par une formule alambiquée qui consiste à ne marquer la possession que par une relative ?

Dans l'idéologie qui est la mienne, il convient de laisser cette question à la place qui est la sienne. (C'est un exemple, pas une citation.)

Publié : sam. 16 nov. 2013, 19:34
par Jacques
Il doit y avoir une explication d'ordre psychologique. Mais les gens qui font profession de parler n'ont-ils pas une tendance à faire de l'effet de style ?

Publié : dim. 17 nov. 2013, 2:56
par Anne
Comme "effet de style", je ne vois là que lourdeur et maladresse. Du coup, je me demande ce que cette formule apporte au discours.

Publié : dim. 17 nov. 2013, 7:28
par Jacques
Anne a écrit :Comme "effet de style", je ne vois là que lourdeur et maladresse. Du coup, je me demande ce que cette formule apporte au discours.
Je partage votre avis, mais l'effet de style (appelons-le peut-être effet de manche) n'est pas toujours heureux. Chez ces gens il faut du pompeux, de l'amphigouri. Comme ils n'ont souvent pas grand-chose d'intéressant à dire, ils meublent en allongeant le discours par ces artifices.

Publié : dim. 17 nov. 2013, 9:41
par André (G., R.)
Cette relative remplaçant l'adjectif possessif se justifie dans un cas, à l'origine, sans doute, de son emploi abusif. Alors qu'en allemand (diese meine Hände [ces mains qui sont les miennes]), en anglais (this my life [cette vie qui est la mienne]) et en d'autres langues un adjectif démonstratif et un adjectif possessif peuvent déterminer ensemble un substantif, c'est impossible en français (Pas de "ces mes mains" !)

Publié : dim. 17 nov. 2013, 9:55
par Jacques-André-Albert
André (Georges, Raymond) a écrit :Cette relative remplaçant l'adjectif possessif se justifie dans un cas, à l'origine, sans doute, de son emploi abusif. Alors qu'en allemand (diese meine Hände [ces mains qui sont les miennes]), en anglais (this my life [cette vie qui est la mienne]) et en d'autres langues un adjectif démonstratif et un adjectif possessif peuvent déterminer ensemble un substantif, c'est impossible en français (Pas de "ces mes mains" !)
Il me semble qu'au seizième siècle une construction était possible : ces miennes mains.
C'est d'ailleurs toujours possible, mien étant un adjectif qualificatif (cf chapitre B)

Publié : dim. 17 nov. 2013, 11:09
par Perkele
Un "mien cousin" est tellement plus agréable à l'oreille qu'"un cousin à moi".

Publié : dim. 17 nov. 2013, 11:14
par André (G., R.)
Jacques-André-Albert a écrit :[Il me semble qu'au seizième siècle une construction était possible : ces miennes mains.
C'est d'ailleurs toujours possible, mien étant un adjectif qualificatif (cf chapitre B)
Merci pour toutes les informations que fournit votre lien. Militons pour le retour en grâce de la construction "ces miennes mains" ! Mais j'imagine mal aujourd'hui un député lançant à ses collègues "Cette mienne idéologie vous effraie, je le sais !" Et l'on ne peut effectivement plus guère, en pareil cas, considérer "mien" ou "mienne" que comme des adjectifs qualificatifs, conservant cependant leur sens possessif.

Publié : lun. 18 nov. 2013, 0:43
par Anne
Le tic de langage que je pointe du doigt concerne les cas où il n'y a aucune raison de ne pas employer un simple possessif, puisqu'il ne s'agit même pas de juxtaposer l'expression du possessif et du démonstratif ou de l'indéfini.

Un cousin à moi se corrige en un mien cousin ;
ces mains qui sont les miennes en ces miennes mains ;
et l'idéologie qui est la mienne en mon idéologie.

Publié : lun. 18 nov. 2013, 7:09
par André (G., R.)
Anne a écrit :Un cousin à moi se corrige en un mien cousin ;
ces mains qui sont les miennes en ces miennes mains ;
et l'idéologie qui est la mienne en mon idéologie.
Corrections de bon sens !
Avez-vous remarqué que, concernant le "possesseur", on s'en tient ici à la première personne du singulier ?
En reprenant les trois phrases on obtient pour certaines autres personnes quelques originalités —certes grammaticalement irréprochables —, en particulier avec le possesseur au pluriel :

Un cousin à toi se corrige en un tien cousin ;
ces mains qui sont les tiennes en ces tiennes mains ;
et l'idéologie qui est la tienne en ton idéologie.

Un cousin à lui ou à elle se corrige en un sien cousin ;
ces mains qui sont les siennes en les siennes mains ;
et l'idéologie qui est la sienne en son idéologie.

Un cousin à nous se corrige en un nôtre cousin ;
ces mains qui sont les nôtres en ces nôtres mains ;
et l'idéologie qui est la nôtre en notre idéologie.

Un cousin à vous se corrige en un vôtre cousin ;
ces mains qui sont les vôtres en ces vôtres mains ;
et l'idéologie qui est la vôtre en votre idéologie.

Un cousin à eux ou à elles se corrige en un leur cousin ;
ces mains qui sont les leurs en ces leurs mains ;
et l'idéologie qui est la leur en leur idéologie.