négation avec "rarement"

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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :
Perkele a écrit :
Monsieur Pogo a écrit :
Contrairement à ''jamais'' qui a un sens négatif...

Sait-on jamais ?

Vous avez raison, Perkele, « jamais » n'a pas de sens négatif, sauf en langage relâché. Il signifie « un jour », « à un moment donné »...


Bien entendu, si vous l'extrayiez du contexte de mon propos…

… Il était question de l'emploi de l'adverbe «ne», de l'emploi de «rarement» avec «ne» …

L'adverbe «rarement» ayant un sens positif, il s'emploie sans la négation «ne»... tandis que par comparaison l'adverbe «jamais» employé conjointement avec «ne» signifie «en aucun temps», lequel syntagme, à mon humble avis, a un sens négatif que partage d'ailleurs l'Encyclopédie universelle Fracademic :

Rarement adverbe Peu souvent (…) Contrairement à jamais qui a un sens négatif, rarement a un sens positif. Il s'emploie donc sans le ne de négation (…)

Réf. : http://encyclopedie_universelle.fracademic.com/64542/rarement

Leclerc92 a écrit :
La faute portait bien sur le genre de "écritoire".
En revanche, pas d'accord sur le "ne" explétif. Votre justification ne tient pas : vous alléguez un hiatus après "boulevard", or il n'y en a pas, les sons "a" sont séparés par une consonne sans qu'il soit besoin d'introduire un "n".


Oui, le genre grammatical du mot « écritoire ». Pour Rabelais, il est masculin ; je ne lui en tiendrai pas rigueur…

Pour ce qui de votre consonne, encore faut-il qu'elle soit prononcée pour qu'il n'y ait pas d'hiatus, mais en l'occurrence elle est muette… Je n'ai encore rien justifié, mais j'y viens :

Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a passé ainsi à l'écran avec cette élégance (Mauriac)

Il importe de distinguer le «mot grammatical» d'avec le «mot phonétique». L'écrivain François Mauriac est d'une époque où la chaîne parlée était encore inhérente à la grammaire, tandis qu'aujourd'hui l'on ne prête plus attention à la sonorité de la langue que rend l'écrit. C'est la raison pour laquelle je constate la présence d'un «n» euphonique, là où vous relevez une faute.

- Boulevard a passé -

La consonne finale de «boulevard» est muette ; il n'y a pas de liaison entre le «d» de boulevard et le «a» du v. avoir à la 3e pers. du sing. : nous ne prononçons pas [boulevardapassé];

L’accent tonique est sur la dernière syllabe «boulev[ard]» et sur la première syllabe «[pa]ssé»;

Nous prononçons boulev[ar], mais il n'y pas de liaison entre la consonne «r» du son accentué [ar] et la voyelle accentuée [a] du v. avoir ; généralement, il n'y a pas de liaison entre les syllabes accentuées: nous ne prononçons pas [boulevarapassé].

Les syllabes [ar] [a] p[a] se suivent: boulev[a]rd [a] p[a]ssé; il y a donc un hiatus entre les éléments vocaliques [ar] [a].

Vous constaterez que la période est rompue en lisant à haute voix cette phrase-là, sans le métaplasme* «n»:

- Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard a passé ainsi à l'écran avec cette élégance. -

Par ailleurs, si l'on substitue le syntagme «pas souvent» à «rarement», l'analyse logique révèle que le «n» est explétif:

(Avec la négation complète)

- L'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a pas souvent passé ainsi à l'écran avec cette élégance -

(Synthèse ; le sujet, le verbe, les deux compléments circonstanciels)

- Il n'a pas souvent passé de la façon qu'il a passé (cette fois-là).-

- L'esprit du Boulevard n'a pas souvent passé de cette façon-là à l'écran -

(Sans la négation)

- L'esprit du Boulevard a passé rarement de cette façon-là à l'écran -

(Avec la combinaison harmonique de la *prosthèse «n»)

Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a passé ainsi à l'écran avec cette élégance


Il n'y a donc point de faute (sic) mais plutôt un procédé d'écriture, à la rigueur une licence littéraire.
.

André (G., R.) a écrit :
Ce fil a pour titre Négation avec “rarement”. Vous l’avez relancé, Philippe S, pour nous expliquer que vous perceviez une différence de sens entre des phrases comme « Rarement nous avons eu des nouvelles aussi rassurantes » et « Rarement nous n'avons eu des nouvelles aussi rassurantes ». Si cette différence existait, « n’ » ne serait pas explétif. Je crois que nous serons utiles au lecteur si nous affirmons haut et fort qu’une négation n’est pas correcte dans cette sorte de phrase.

Ce point acquis, on peut revenir sur l’hypothèse selon laquelle « ne » pourrait être considéré comme explétif à proximité de « rarement ».
Vous proposez, Monsieur Pogo, la phrase Rarement la ville n'aura-t-elle été aussi peu polluée. Et vous écrivez un peu plus loin : Vous retrouverez cette rubrique sur l'Encyclopédie Universelle :
* http://encyclopedie_universelle.fracademic.com/64542/rarement
De quelle « rubrique » s’agit-il ? Voulez-vous dire que l’Encyclopédie Universelle mentionnerait des emplois explétifs de « ne » avec « rarement » ? Je ne vois cela nulle part. Et j’ai cité hier le portail Reverso, où l’on ne trouve aucune mention de cette sorte d’emploi non plus.

Vous écrivez : Dans les phrases complexes, on ne répète pas le «ne» explétif de la première proposition : «Rarement un couple exécutif ne s'est aussi bien porté dans l'opinion six mois après un scrutin présidentiel ; rarement ce zénith aura été aussi peu productif». Je ne sais pas si la première partie de ce passage est de vous ou s’il s’agit d’une citation. Quoi qu'il en soit, si, pour démontrer que « ne » est explétif dans la phrase du Monde, on affirme d’emblée qu’il l’est, je cherche la démonstration.

Le Robert en six volumes, troisième source sérieuse, consacre une très longue entrée à « ne », dont il relève et explicite, sur une demi-page d’écriture très serrée, cinq domaines d’emploi explétif (je ne cite que ce qui me paraît essentiel) :
1° (Après certains verbes ou expressions verbales, en phrase affirmative).
a — (Verbes à expression marquant la crainte : appréhender, craindre… « Je crains presque, je crains qu’un songe ne m’abuse. » RAC., Phèdre, II, 2.
b — (Verbes comme empêcher…, éviter…) ; — mais cela n’empêche pas qu’il ne soit fort malade (MOL., Mal. imag., II, 2)
2° (Après certains verbes et expressions verbales marquant le doute ou la négation, en phrase négative)… « Je ne nie pas que ces interprétations ne soient ingénieuses. » FRANCE, Livre de mon ami, Livre de Suzanne ,III, II
3° (Après un comparatif d’inégalité…)...
4° (Après les expressions Il s’en faut de,… peu s’en faut,… il ne tient qu’à… que ne…)…
5° Après certaines locutions conjonctives : À moins (…) que, avant (…) que…
— Après sans que…
Aucun « ne » explétif associé à « rarement » n’est relevé. Rien de tel non plus à l’entrée RAREMENT.

Je suis à peu près certain que des auteurs ont cherché, après avoir constaté leur faute, à la justifier en évoquant à tort un « ne » explétif. Si « rarement... ne... » en comportait un, cela justifierait qu'on insère sans raison ce petit mot dans à peu près n'importe quelle phrase française !


Ce «petit mot», en l'occurrence ce « ne » explétif, nous l’employons souvent dans le style soutenu.

Au sujet de l’Encyclopédie Universelle, je vous avais posté l'hyperlien de la rubrique qui épuise la question de l'emploi de l'adverbe « rarement », que vous ne retrouvez nulle part ailleurs parce que ce n'est pas un mot-vedette («entrée» est un anglicisme : dictionary entry), fort probablement parce qu'il ne présente pas de particularités; il est simplement du lot des adverbes formés avec le suffixe -ment agglutiné à un adjectif.

Je sais de mémoire que le «ne» explétif dans les phrases complexes ne se répète pas après la première proposition. Puisqu'il n'a aucune fonction grammaticale, pour démontrer que le « ne » est explétif, vous n'avez qu'à le retrancher, ce qui ne changera pas le sens de la phrase :

«Rarement un couple ne s'est aussi bien porté dans l'opinion six mois après un scrutin présidentiel ; rarement ce zénith aura été aussi peu productif» =

Rarement un couple exécutif s'est aussi bien porté dans l'opinion six mois après un scrutin présidentiel ; rarement ce zénith aura été aussi peu productif.

Pour le reste, vous êtes bien aimable de me citer Le Grand Robert, mais ne vous donnez pas cette peine, j'ai l'édition 2001 chez-moi. Toutefois, je crains fort que vous n'ayez débordé au-delà du ne explétif jusqu'à l'adverbe de négation «ne», pour lequel la septième édition du Bon Usage ne consacre pas moins de huit pages, tandis qu'un simple nota bene d'à peine deux paragraphes porte sur le «n» explétif… D'ailleurs, à ce sujet, Grevisse renvoie le lecteur à la liste VIII de l'Arrêté ministériel du 26 février 1976 annexé à l'Arrêté du 26 février 1901 relatif aux tolérances grammaticales (cf. l'adverbe de négation ne, liste X, 1901), dont pour votre édification je vous ai aimablement recopié les deux extraits suivants:

«L'emploi de cette négation (…) donne lieu à des règles compliquées, difficiles, abusives, souvent en contradiction avec l'usage des écrivains les plus classiques. Sans faire de règles différentes suivant que les propositions dont elles dépendent sont affirmatives ou négatives ou interrogatives, on tolérera la suppression de la négation ne dans les propositions subordonnées dépendants de verbes ou de locutions signifiant (…) (liste X, 1901) ».

«L'usage n'impose pas l'emploi de ne dit explétif, (liste VIIIl, 1976)»


Réf. : https://manuelsanciens.blogspot.ca/2012 ... -1901.html

[mod]Ne serait-ce point vous qui auriez reproché au Garçon du XXIe siècle d'en écrire "des tartines" ?[/mod]
Dernière modification par Monsieur Pogo le mar. 30 janv. 2018, 14:14, modifié 3 fois.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Monsieur Pogo a écrit : Nous prononçons boulev[ar], mais il n'y pas de liaison entre la consonne «r» du son accentué [ar] et la voyelle accentuée [a] du v. avoir ; généralement, il n'y a pas de liaison entre les syllabes accentuées: nous ne prononçons pas [boulevarapassé].
Eh bien nous, si. D'où le malentendu. Nous faisons une liaison sans tenir compte de la graphie -ard.
Le boulevard a vu passer... ,
le buvard est usé,
le busard a attaqué... ,

tout comme
le caviar est fini,
le bar est ouvert
le hangar a abrité le troupeau.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Je suis de l'avis de Jacques-André-Albert et il y a chez nous bien un enchaînement entre le "r" de "boulevard" et la voyelle du mot qui suit, ce qui fait qu'il n'y a aucun hiatus.
J'ajoute qu'il ne me semble pas que le "ne" explétif soit fait pour "combler" un hiatus, même quand il y en a !
Monsieur Pogo a écrit :Puisqu'il n'a aucune fonction grammaticale, pour démontrer que le « ne » est explétif, vous n'avez qu'à le retrancher, ce qui ne changera pas le sens de la phrase
Je sens poindre une faute de logique. C'est comme si vous affirmiez que la phrase "Le chat ne mange la souris" est correcte dans le sens positif et contient un "ne" explétif ; la preuve, si on l'enlève, il reste la phrase "le chat mange la souris" qui est indéniablement correcte et a un sens positif.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Difficile de ne pas commencer à se poser de questions sur votre sincérité, Monsieur Pogo, en particulier sur ces deux points :
- Voulez-vous dire sérieusement qu’au Québec on ne prononcerait pas le r de « boulevard » ?
- Après avoir noté « Contrairement à ''jamais'' qui a un sens négatif... », vous affirmez que j’extrairais cela de votre propos. Avez-vous écrit « qui a un sens négatif associé à “ne” » ? Si tel était le cas, j’accepterais votre reproche.
Une encyclopédie peut se tromper, il est bon de le signaler, tout simplement. Lorsque celle à laquelle vous faites appel, explique « Contrairement à jamais qui a un sens négatif, rarement a un sens positif », elle oublie clairement notre petit mot devant « jamais ».

Les échanges sur Français notre belle langue ne sont pas ou, en tout cas, ne doivent pas être des compétitions entre télépapoteurs : je cite le Robert sans me demander si vous le possédez vous-même, mais à destination de ceux qui n’ont pas notre chance parmi nos lecteurs. Et davantage encore, pour montrer qu'il ne connaît aucun « ne » explétif avec « rarement » !

Je vous remercie de signaler l’anglicisme représenté par « entrée » dans le sens « mot qui fait l’objet d’un article » « dans un dictionnaire ». Toutefois le Larousse de 2016, qui donne cette définition, n’y voit pas d’influence de l’anglais. Je n’ai aucun élément personnel de jugement sur ce point. Mais ce vocable signifiant depuis des lustres « Ce qui donne accès dans un lieu, endroit par où l’on entre » (Robert), il ne me gêne pas dans l’acception à peine figurée qu’en donne ledit Larousse.
Dernière modification par André (G., R.) le lun. 18 déc. 2017, 17:52, modifié 2 fois.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Lors de mes années de lexicographie, notre équipe qualifiait toujours d'« entrées » les différents mots qui figuraient en tête des articles de la nomenclature retenue. Et ce quarante ans avant le Larousse de 2016 !
Quantum mutatus ab illo
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Vous venez de m'apprendre, Astragal, que la phrase en rouge à la fin de la dernière intervention de Monsieur Pogo n'était pas de lui, mais sans doute d'un modérateur. Dans ma réplique ci-dessus (juste au-dessus du message d'Islwyn), je retire donc le passage où je réagissais à ce que j'avais pris pour une manifestation de mécontentement de Monsieur Pogo à mon égard.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo a écrit : Ce « ne » est euphonique en évitant l'hiatus, i.e. le redoublement du son [a] (cf. Boulev[a]rd [a] p[a]ssé)
(mot mis en gras par moi)
Ainsi que l'ont expliqué Leclerc92 et Jacques-André-Albert, il y aurait un hiatus si les deux [a] n'étaient pas séparés par [r]. La répétition d'un son vocalique dans plusieurs mots proches s'appelle une assonance.
Belle occasion de rappeler que la répétition d'un son consonantique est nommée allitération et de citer le vers de RACINE Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes (Andromaque), pour son assonance en s.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Islwyn a écrit :Lors de mes années de lexicographie, notre équipe qualifiait toujours d'« entrées » les différents mots qui figuraient en tête des articles de la nomenclature retenue. Et ce quarante ans avant le Larousse de 2016 !
Mais le mot n'est pas non plus entré dans le Petit Larousse en 2016. Il se trouve déjà avec cette acception dans mon PLI de 1983 !
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Il faut dire, quand même, que c'est une acception connue surtout dans les domaines de la lexicographie et de la documentation. C'est donc un sens spécialisé. On le trouve dans le TLFI (II B 2) :
LEXICOGR. Mot mis en vedette au début de chaque article d'un dictionnaire. Synon. adresse.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Jacques-André-Albert a écrit :
Monsieur Pogo a écrit :Nous prononçons boulev[ar], mais il n'y pas de liaison entre la consonne «r» du son accentué [ar] et la voyelle accentuée [a] du v. avoir ; généralement, il n'y a pas de liaison entre les syllabes accentuées: nous ne prononçons pas [boulevarapassé].
Eh bien nous, si. D'où le malentendu. Nous faisons une liaison sans tenir compte de la graphie -ard.
Le boulevard a vu passer... ,
le buvard est usé,
le busard a attaqué... ,

tout comme
le caviar est fini,
le bar est ouvert
le hangar a abrité le troupeau.
Je serais étonné d'entendre parler avec de tels cuirs, en agglutinant boulevardapasser (i.e. [dapa]),
buvardest (i.e. [vardé]), busardaattaqué (i.e. [daa]).

Je vous assure que je ne suis pas l'inventeur de ce d-là muet… Personne ne peut sérieusement m'attribuer la paternité des consonnes muettes, ni des liaisons ni des règles qui régissent l'accent tonique du français standard...

Pour le reste, les liaisons suivantes conviennent : le caviar ‿ est fini, le bar ‿ est ‿ ouvert.

Toutefois, il n'y a pas de liaison entre la syllabe tonique de «hangar» et celle du mot suivant «a»; même au fin fond de la cambrousse francophone, sans problème de diction pas un habitant ne prononce hangara (!) (i.e. le hangaraabrité).
.
Dernière modification par Monsieur Pogo le mar. 19 déc. 2017, 3:24, modifié 1 fois.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

Leclerc92 a écrit :Je suis de l'avis de Jacques-André-Albert et il y a chez nous bien un enchaînement entre le "r" de "boulevard" et la voyelle du mot qui suit, ce qui fait qu'il n'y a aucun hiatus.
J'ajoute qu'il ne me semble pas que le "ne" explétif soit fait pour "combler" un hiatus, même quand il y en a !
Monsieur Pogo a écrit :Puisqu'il n'a aucune fonction grammaticale, pour démontrer que le « ne » est explétif, vous n'avez qu'à le retrancher, ce qui ne changera pas le sens de la phrase
Je sens poindre une faute de logique. C'est comme si vous affirmiez que la phrase "Le chat ne mange la souris" est correcte dans le sens positif et contient un "ne" explétif ; la preuve, si on l'enlève, il reste la phrase "le chat mange la souris" qui est indéniablement correcte et a un sens positif.
Il n'y a généralement pas de liaison entre les syllabes accentuées dans le français standard. C'est faire un cuir, que de lier phonétiquement la consonne finale de «boulevard» avec la voyelle accentuée [a] du v. avoir, i.e. - boulev[ara]passé-.

L'accent de la phrase monte jusqu'à la syllabe tonique de Boulev[ar]d, puis redescend jusqu'au point final :

Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a passé ainsi à l'écran avec cette élégance

Il n'y a pas que le «n» qui soit explétif pour combler un hiatus, notamment en poésie. C'est un procédé que de retrancher le ne dans une phrase, afin de déterminer s'il s'agit d'une négation ou d'un ne explétif.
.
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Monsieur Pogo
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Message par Monsieur Pogo »

André (G., R.) a écrit :Difficile de ne pas commencer à se poser de questions sur votre sincérité, Monsieur Pogo, en particulier sur ces deux points :
- Voulez-vous dire sérieusement qu’au Québec on ne prononcerait pas le r de « boulevard » ?
- Après avoir noté « Contrairement à ''jamais'' qui a un sens négatif... », vous affirmez que j’extrairais cela de votre propos. Avez-vous écrit « qui a un sens négatif associé à “ne” » ? Si tel était le cas, j’accepterais votre reproche.
Une encyclopédie peut se tromper, il est bon de le signaler, tout simplement. Lorsque celle à laquelle vous faites appel, explique « Contrairement à jamais qui a un sens négatif, rarement a un sens positif », elle oublie clairement notre petit mot devant « jamais ».

Les échanges sur Français notre belle langue ne sont pas ou, en tout cas, ne doivent pas être des compétitions entre télépapoteurs : je cite le Robert sans me demander si vous le possédez vous-même, mais à destination de ceux qui n’ont pas notre chance parmi nos lecteurs. Et davantage encore, pour montrer qu'il ne connaît aucun « ne » explétif avec « rarement » !

Je vous remercie de signaler l’anglicisme représenté par « entrée » dans le sens « mot qui fait l’objet d’un article » « dans un dictionnaire ». Toutefois le Larousse de 2016, qui donne cette définition, n’y voit pas d’influence de l’anglais. Je n’ai aucun élément personnel de jugement sur ce point. Mais ce vocable signifiant depuis des lustres « Ce qui donne accès dans un lieu, endroit par où l’on entre » (Robert), il ne me gêne pas dans l’acception à peine figurée qu’en donne ledit Larousse.
Jamais dans mon propos ni dans mes exemples il ne fut question de prononciation de la consonne finale de boulevard, mais plutôt de l'inexistence d'une liaison entre la syllabe finale de boulev[ar]d et le mot qui le suit…

Vous remarquerez le sens négatif du jamais de mon énoncé ci-dessus…

Permettez-moi d'illustrer mes explications :

«Rarement» = cela arrive quelquefois (p. ex.: -Manges-tu de la soupe? -Rarement ≈ quelquefois = OUI) ;

«Jamais» = cela n'arrive pas (p. ex.: -Manges-tu de la soupe? -Jamais = NON).

C'est cette comparaison que je relevais, laquelle comparaison concernait, dans la rubrique que j'avais citée, l'emploi de l'adverbe négatif ne, qu'à l'évidence vous confondez avec le ne explétif.

D'ailleurs, en l'occurrence contrairement à vous, au vu de vos répliques je suis loin de douter, je commence plutôt à croire que vous avez des difficultés à comprendre ce que vous lisez et je doute même que vous soyez un grand lecteur pour avoir ainsi qualifier, par surcroît en capitales grasses, de tartine mes explications et les références que je vous suggérais aimablement quant à ce ne explétif.

[mod]Pas d'attaques personnelles s'il vous plaît. Merci de consulter notre "charte de bonne conduite" qui se trouve dans la rubrique "utilisation du forum". Quant aux messages sous ce format, ils proviennent de la modération.[/mod]
Dernière modification par Monsieur Pogo le dim. 24 déc. 2017, 6:48, modifié 2 fois.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Deux choses :
Tout d'abord, je suis plutôt d'accord avec vous, Monsieur Pogo, sur l'usage correct de ce ne après rarement.
Par contre, il semble que vous n'ayez pas compris ce que j'écrivais
Monsieur Pogo a écrit :
Jacques-André-Albert a écrit :
Monsieur Pogo a écrit :Nous prononçons boulev[ar], mais il n'y pas de liaison entre la consonne «r» du son accentué [ar] et la voyelle accentuée [a] du v. avoir ; généralement, il n'y a pas de liaison entre les syllabes accentuées: nous ne prononçons pas [boulevarapassé].
Eh bien nous, si. D'où le malentendu. Nous faisons une liaison sans tenir compte de la graphie -ard.
Le boulevard a vu passer... ,
le buvard est usé,
le busard a attaqué... ,

tout comme
le caviar est fini,
le bar est ouvert
le hangar a abrité le troupeau.
Je serais étonné d'entendre parler avec de tels cuirs, en agglutinant boulevardapasser (i.e. [dapa]),
buvardest (i.e. [vardé]), busardaattaqué (i.e. [daa]).

Je vous assure que je ne suis pas l'inventeur de ce d-là muet… Personne ne peut sérieusement m'attribuer la paternité des consonnes muettes, ni des liaisons ni des règles qui régissent l'accent tonique du français standard...

Pour le reste, les liaisons suivantes conviennent : le caviar ‿ est fini, le bar ‿ est ‿ ouvert.

Toutefois, il n'y a pas de liaison entre la syllabe tonique de «hangar» et celle du mot suivant «a»; même au fin fond de la cambrousse francophone, sans problème de diction pas un habitant ne prononce hangara (!) (i.e. le hangaraabrité).
.
Il n'est nulle par question, dans mes propos, d'une liaison avec le d, et vous avez dû sauter la phrase que j'ai mise en caractères gras. Vous avez dû aussi survoler, sans la voir, l'intervention suivante
Leclerc92 a écrit :Je suis de l'avis de Jacques-André-Albert et il y a chez nous bien un enchaînement entre le "r" de "boulevard" et la voyelle du mot qui suit, ce qui fait qu'il n'y a aucun hiatus.
Vous avez aussi écrit :
Toutefois, il n'y a pas de liaison entre la syllabe tonique de «hangar» et celle du mot suivant «a»; même au fin fond de la cambrousse francophone, sans problème de diction pas un habitant ne prononce hangara (!) (i.e. le hangaraabrité)
curieuse phrase dans laquelle vous voulez illustrer la question de la liaison hangar_a en introduisant un autre sujet, l'hiatus entre les deux a (a_abrité). En ce qui concerne la liaison hangar_a, l'usage est peut-être différent au Québec. En France, il est bien plus fréquent d'entendre « le hangar_a » avec liaison qu'avec une légère césure qui appartient à un style un peu plus soutenu.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Monsieur Pogo, c’est vous qui avez écrit Ce « ne » est euphonique en évitant l'hiatus*, à propos de Rarement l'esprit le plus traditionnel et le plus facile du Boulevard n'a passé ainsi à l'écran avec cette élégance (Mauriac). Soit on a un hiatus en l’absence de « n’ » pour « Boulevard n’a » (donc « Boulevard a ») et on le dit, soit l’hiatus n’est pas là… et on le dit… Mais dans l’hypothèse de sa présence, si l’on est logique avec soi-même, on explique que le r ne serait pas prononcé. N’auriez-vous pas confondu, ainsi que je l’expliquais plus haut, hiatus et assonance ?

La comparaison de « rarement » avec « jamais » à propos du fautif (ne m'en veuillez pas, Jacques-André-Albert) « ne… rarement » signifie que l’on a « ne… jamais » à l’esprit : libre à vous de refuser de voir cela, libre à vous de refuser de considérer que c’est « ne » qui rend négatif « ne… jamais » en pareil cas. Je reprends la phrase de l’encyclopédie à laquelle vous vous référez : Contrairement à jamais qui a un sens négatif, rarement a un sens positif. Il s'emploie donc sans le ne de négation : rarement la visite d'un souverain étranger avait soulevé de telles polémiques (et non n'avait soulevé). Ce passage, où « ne » est visiblement oublié devant « jamais », a au moins (hiatus !) l’avantage, en insistant sur la négation, de montrer que l’on y compare bien « ne… rarement » et « ne… jamais ».

Au lecteur de se faire une opinion.

Il se pourrait bien que des tournures correctes du genre « Je ne vais que rarement au cinéma » jouent un rôle dans l’impression d’une certaine familiarité que l’on peut avoir à propos de « ne… rarement ».

* Mots mis en gras par moi.
Dernière modification par André (G., R.) le mer. 17 janv. 2018, 10:29, modifié 1 fois.
Leclerc92
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Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

Monsieur Pogo a écrit :Il n'y a généralement pas de liaison entre les syllabes accentuées dans le français standard. C'est faire un cuir, que de lier phonétiquement la consonne finale de «boulevard» avec la voyelle accentuée [a] du v. avoir, i.e. - boulev[ara]passé-.
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Vous semblez confondre liaison et enchaînement.
http://www.latl.unige.ch/safran/data/ph ... /index.htm
http://research.jyu.fi/phonfr/89.html
Dans "boulevard", la dernière consonne prononcée (en France du moins) est "r", puisque le "d" est muet en toutes circonstances, et le "r" s'enchaîne tout à fait normalement avec la voyelle qui commence le mot suivant.
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