Pronoms réfléchis

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Jacques-André-Albert
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Pronoms réfléchis

Message par Jacques-André-Albert »

Entendu à l'instant dans la bouche d'un célèbre présentateur de radio et de télévision : 《 ce que je vous propose, c'est de se retrouver dans un instant 》
.Ça m'écorche les ireilles, pas vous ?
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Si, à moi aussi cela écorche les oreilles ! Et cette sorte d'inadéquation entre la personne du verbe pronominal et celle de son infinitif complément est trop fréquente à mon goût !
Le présentateur souhaite que lui et ses auditeurs se retrouvent dans un instant. Il peut dire : « Je propose que nous nous retrouvions... » Je ne dirais pas « Je propose de nous retrouver... », que je ressens comme anacoluthique ! (Je propose de faire en sorte que nous puissions nous retrouver...)
Mais l'affaire n'est pas simple. On accepte à peu près aussi facilement « Je vous propose de bénéficier de mon expérience », où le « sujet » de l'infinitif est « vous », que « Je vous propose de vous faire bénéficier de mon expérience », où c'est « je » qui remplit cette fonction.
Toutefois une question se pose. Le langage du présentateur n'étant pas soutenu, pourquoi ne dit-il pas « ce que je propose, c'est qu'on se retrouve... », qui est plus court, plus simple et plus correct ?
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Je crois qu'on a déjà évoqué cette question dans un fil mais il est difficile de retrouver lequel.
La formule est fautive, mais tellement courante que je n'en ai pas toujours les oreilles écorchées, blindées qu'elles sont aujourd'hui.
Je ne suis même pas sûr d'être totalement à l'abri moi-même de ce genre d'expression, car on a facilement en tête, pour l'infinitif, la forme générale à la troisième personne, et l'on ne songe pas nécessairement à l'accorder, surtout si elle se trouve un peu éloignée du sujet. En tentant de chercher un fil qui avait abordé cette question, fil que je n'ai pas trouvé, je tombe par exemple sur cette phrase :
J'ai appris à cloisonner ce que je suis d'un côté et ce que je fais de l'autre. C'est le meilleur moyen de ne pas se sentir atteint lors qu'une action ou le résultat d'un travail est critiqué. Ce que j'ai fait ne convient pas ? ce n'est pas grave, je peux faire autrement.
Aurait-il fallu mettre "me sentir atteint/e" plutôt que "se sentir atteint", c'est possible, mais la phrase étant séparée des autres, on admet plus volontiers cette formulation.
Il est certain que quand le rapprochement est grand, c'est inadmissible, par exemple dans ces exemples trouvés sur la Toile :
-Veuillez se référer à la foire aux questions ou les liens donnés pour plus d'information sur le radon.
-Veuillez se référer au tableau G, qui indique les normes statistiques observées par chaque pays.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je n'imagine pas autre chose que « C'est le meilleur moyen de ne pas se sentir atteint », tandis que je ne verrais que « C'est le meilleur moyen pour moi de ne pas me sentir atteint ».
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

J'ai rectifié sur le champ en : « ce que je vous propose, c'est de nous retrouver dans un instant ». C'est le cas où celui qui parle s'inclut dans le groupe. À l'inverse, il aurait fallu dire : « ce que je leur propose, c'est de se retrouver dans un instant ».
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Imaginons deux groupes de personnes. Le porte-parole du premier dit, en parlant de lui et de ses compagnons, à l'adresse des membres de l'autre groupe : « Nous allons nous cacher. Je vous propose de nous chercher dans cinq minutes ».
Si cette formulation est correcte et correspond à la situation imaginée, il devient difficile d'accepter que « nous » englobe les membres du groupe dont ne fait pas partie celui qui parle. Pour moi « je vous propose de nous retrouver »* signifie « je vous propose (à vous, le groupe 2) que vous nous retrouviez » (mes compagnons et moi, nous qui formons le groupe 1).

* Pour la démonstration je simplifie, le raisonnement étant le même, en ce qui concerne les personnes, qu'avec « ce que je vous propose, c'est de nous retrouver dans un instant ».
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