L'accord des adjectifs de couleurs

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Jacques
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Message par Jacques »

Axelle a écrit :J'ai une question, un peu hors sujet, mais de circonstance (hem...)

Je vous vois écrire "il s'ennuira" et "il s'ennuirait". Personnellement j'écris "il s'ennuiera" ou "il s'ennuierait". Les deux orthographes sont-elles permises? Je préfère vous suggérer cette solution plutôt que de devoir admettre que je me plante :wink:
Remarque pertinente ! Mea culpa, je me suis laissé influencer par l'orthographe de la phrase citée. Ô honte ! J'ai toujours cru que l'orthographe était automatique. Je crois que si je l'avais écrite moi-même je n'aurais pas fait la faute. Mauvais mimétisme !
Non il n'y a pas deux manières de l'écrire. N'hésitez pas, si vous découvrez des erreurs, à le signaler : tolérance et modestie doivent être nos maîtres mots.
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Perkele
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Message par Perkele »

Puis-je me permettre d'attirer votre attention sur le fait que cette discussion ne concerne plus le titre du fil ? :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

Perkele a écrit :Puis-je me permettre d'attirer votre attention sur le fait que cette discussion ne concerne plus le titre du fil ? :wink:
Je suis toujours à la recherche de l'antériorité de l'adjectif rose mais sans succès jusqu'à présent.

Axelle, je peux vous confirmer que de la part de Jacques ce n'est qu'une étourderie car il faut se lever matin (ça se dit ?) pour le prendre en flagrant délit de faute d'orthographe, grammaire ou syntaxe.
Ogier de la Gueusaille

Message par Ogier de la Gueusaille »

jac a écrit :Un sujet de réflexion sur la phrase « Sans son travail il s'ennuirait ».
On peut envisager soit le conditionnel présent, soit le futur de l'indicatif selon les circonstances :
Merci d'acquiescer à mon propos (deux modes verbaux peuvent fonctionner à partir du même complément de circonstance). Merci d'avoir laissé passer ces deux miennes bourdes :oops: :oops: :oops: Mais c'était, à l'évidence , pour montrer comment les meilleurs savent se montrer humbles devant l'erreur et s'en repentir. :wink:
cyrano
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Message par cyrano »

Perkele a écrit :Puis-je me permettre d'attirer votre attention sur le fait que cette discussion ne concerne plus le titre du fil ? :wink:
Vous avez raison, je reviens donc à cette question intiale, à laquelle j'ai peut-être donné une réponse un peu trop sommaire.

N'y aurait-il pas un autre moyen de simplifier l'explication de cette règle en disant ceci: en principe (ce n'est pas toujours le cas, mais on s'adresse donc ici à des écoliers), un adjectif varie à la fois en nombre et en genre. Donc, "une chemise verte" comme on dit aussi "des manteaux verts".

Mais on dit "une chemise marron", et pas "marronne", ce qui montre bien que c'est plutôt une apposition: on veut dire "une chemise couleur marron", "une chemise dont la couleur fait penser à un marron". Si l'adjectif ne varie pas au féminin, il est logique qu'il ne varie pas non plus au pluriel: ce sont aussi des chemises "couleur marron".

Il se fait (mais est-ce un hasard?) que des noms de couleur souvent cités comme exceptions (écarlate, fauve, mauve, pourpre, rose) se terminent par un -e et que le féminin ne peut donc pas se marquer. Ils se trouvent dès lors dans le même cas que "rouge" ou "jaune", ce qui a pu favoriser leur accord au pluriel par imitation: "des chemises rouges, des chemises roses".

Et "orange", me direz-vous? Certes, mais il y a là selon moi une anomalie que l'usage est en passe de corriger. Il me semble qu'on voit de plus en plus "orange" accordé au pluriel, et c'est assez logique puisqu'on le fait bien pour "rose".

Tout cela est malheureusement très complexe, de toute façon, mais cette approche me semble tout de même plus accessible pour des écoliers que de se demander si, pour la rose, c'est la fleur qui a donné son nom à la couleur ou l'inverse - question sans doute à jamais sans réponse, comme pour l'oeuf et la poule. :D
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Jacques
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Message par Jacques »

claude a écrit :
Perkele a écrit :Puis-je me permettre d'attirer votre attention sur le fait que cette discussion ne concerne plus le titre du fil ? :wink:
Je suis toujours à la recherche de l'antériorité de l'adjectif rose mais sans succès jusqu'à présent.

Axelle, je peux vous confirmer que de la part de Jacques ce n'est qu'une étourderie car il faut se lever matin (ça se dit ?) pour le prendre en flagrant délit de faute d'orthographe, grammaire ou syntaxe.
Bigre ! Avec une telle couronne de lauriers, je n'aurai plus droit à une autre erreur.
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Jacques
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Message par Jacques »

Claude, vous écrivez : « Je suis toujours à la recherche de l'antériorité de l'adjectif rose mais sans succès jusqu'à présent. »
À l'origine, rose est uniquement un substantif, tiré du latin rosa, désignant la fleur ainsi que l'arbuste qui la porte (début XIIe s.), aujourd'hui nommé rosier. Il est de même famille que le mot grec rhodon sur lequel nous avons formé rhododendron. D'après Alain Rey, ces mots cousins ne seraient pas d'origine indo-européenne et viendraient vraisemblablement d'une langue orientale. Dans la seconde moitié du XIIe, apparaît l'adjectif rose, signifiant littéralement « de la couleur de la rose » (de la même manière qu'orange veut dire « de la couleur d'une orange », et marron « de la couleur d'un marron »). Je n'ai plus depuis longtemps remis les pieds dans nos vertes campagnes, mais je crois me rappeler que la fleur de l'églantier, la plante sauvage d'après laquelle fut créée la fleur domestique, est rose ou blanc rosé.
Cela peut-il suffire à votre bonheur ?
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Claude
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Message par Claude »

jac a écrit :Cela peut-il suffire à votre bonheur ?
Surtout au bonheur de Perkele.
Donc avant la création de la rose sa couleur devait être qualifiée autrement. Merci de ces précieux renseignements.
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous pouvons supposer qu'à l'origine, la fleur cultivée n'avait qu'une seule couleur, celle de la fleur sauvage, alors qu'aujourd'hui elle offre une vaste palette. Pendant quelques dizaines d'années, on a peut-être dit « de la même couleur que les roses (ou que la rose) jusqu'à ce que, par le phénomène courant des raccourcis de langage, on ait fini par dire rose tout court, et que cet emploi devienne adjectif.
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Ogier de la Gueusaille

Message par Ogier de la Gueusaille »

cyrano a écrit :Il se fait (mais est-ce un hasard?) que des noms de couleur souvent cités comme exceptions (écarlate, fauve, mauve, pourpre, rose) se terminent par un -e et que le féminin ne peut donc pas se marquer. Ils se trouvent dès lors dans le même cas que "rouge" ou "jaune", ce qui a pu favoriser leur accord au pluriel par imitation: "des chemises rouges, des chemises roses".
Le féminin ne se marque pas plus dans d'autre mots terminés en «e»: cuivre, ébène, havane ocre etc. Ils restent cependant invariables lorsqu'ils sont adjectifs.
Les noms de choses cités comme exceptions: écarlate, fauve, mauve, pourpre, rose, sont des adjectifs dûment reconnus comme tels par PLI et PR. C'est l'usage qui semble ici l'emporter sur l'application d'une règle phonétique ou syntaxique.
J'espère que ce léger amendement ne vous ennuie pas trop :roll:
cyrano
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Message par cyrano »

Ogier de la Gueusaille a écrit :J'espère que ce léger amendement ne vous ennuie pas trop :roll:
Du tout, du tout. La remarque est bien sûr pertinente et formulée sans acrimonie, voulue ou non.

J'essaie simplement de voir comment je pourrais expliquer la chose à des écoliers, en réponse à la demande de Perkele (dont j'ignore la raison, d'ailleurs - songe-t-elle à se reconvertir dans l'enseignement? est-elle en train de d'écrire une grammaire à l'usage des 9-12 ans? :D). Inévitablement, il faut simplifier et laisser tomber quelques exceptions ou cas particuliers.

Et donc je me dis, dans la peau de cet instit imaginaire: tant pis pour "des rideaux havane", ça ils l'apprendront éventuellement plus tard. A ce stade-ci, j'aimerais surtout qu'ils ne mettent pas de -s à "des cheveux marron" mais que cela ne les empêche pas de faire l'accord pour "des robes roses". D'où cette proposition d'explication forcément incomplète.

Mais je suis bien conscient que la question est, hélas, bien plus complexe que cela.
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Perkele
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Message par Perkele »

La "Grammaire française et impertinente" a déjà été écrite par Jean-Louis Fournier, alors... :?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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