Grammaire ou euphonie ?

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Claude
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Grammaire ou euphonie ?

Message par Claude »

Pour prendre un seul exemple, nous ne disons pas ma amie mais mon amie. Je sais que la première expression n'est pas élégante mais n'y aurait-il pas eu un autre moyen de supprimer ce hiatus transitoire autrement qu'en affublant un possessif masculin à un substantif féminin ? Pour un non francophone, ce doit être une des nombreuses difficultés de notre langue.
Non, je n'ai pas l'intention de faire ma propre réforme du français, celle de 1990 est suffisante :lol: .
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est une histoire assez curieuse. À différentes époques on a dit mamie, ma mie, m’amie. Le Dictionnaire historique de la langue française nous dit que ce mon devant un nom féminin à initiale vocalique est apparu vers la fin du XIIe s. Il est bien entendu qu'il a pour objectif d'éviter le hiatus entre deux A. Mais que choisir d'autre que mon ? Il aurait fallu inventer un nouveau possessif, spécifiquement réservé à ces cas particuliers. Ce n'était guère commode, et pour tout dire un peu loufoque. C'est l'usage, peut-être dirons-nous « le bon sens populaire » qui a créé cette pratique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Si amie s'écrivait hamie avec un H dit «aspiré», on ne parlerait pas de hiatus ; ma hache, ma hargne ne choquent personne (et encore moins ceux qui disent mon hache :lol:).
C'est peut-être la solution : hamie :wink: malgré un bouleversement étymologique.
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Jacques
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Message par Jacques »

Ma amie est plus difficile à prononcer que ma hache. Mais n'oublions pas qu'à l'origine, le mot était mamie : bonjour mamie. Je crois que c'est par confusion qu'on a cru à un possessif et qu'on a commencé à écrire ma mie, puis m'amie. Le phénomène s'est appliqué à toutes les voyelles initiales : mon intention, mon idée, mon offre, mon utilité... La formation populaire n'obéit pas à une règle ou à une démarche rationnelle. Prenez un autre mot de la même famille (du latin amare) qui a suivi une évolution similaire : mamour, m'amour, mon amour. Mais là le mot est devenu masculin, ce qui arrange tout, alors qu'il était essentiellement féminin jusqu'au XVIIe s.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Gihad

Message par Gihad »

Le deuxieme moyen pour resoudre le hiatus, c'est de supprimer la premiere voyelle. Mais en fait ca ne peut pas marcher ici parce que dans ce cas on va avoir les formes suivantes : m', t', s'. Ces formes qui sont deja consacrees a exprimer les pronoms faibles me, te, se, peuvent dans ce cas faire une certaine confusion.
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Perkele
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Message par Perkele »

Mon arrière grand-mère (celle de Nîmes) nommait les femmes qui lui étaient chères "ma mie" (qu'elle prononçait mille).

N'est-ce pas un bon moyen de se débarrasser de ce souci ?

ma amie => ma mie
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Mon arrière grand-mère (celle de Nîmes) nommait les femmes qui lui étaient chères "ma mie" (qu'elle prononçait mille).

N'est-ce pas un bon moyen de se débarrasser de ce souci ?

ma amie => ma mie
C'est l'ancienne forme que j'ai donnée : ma mie ; votre grand-mère utilisait donc un archaïsme.
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Claude
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Message par Claude »

Gihad a écrit :Le deuxième moyen pour résoudre le hiatus, c'est de supprimer la première voyelle. Mais en fait ça ne peut pas marcher ici parce que dans ce cas on va avoir les formes suivantes : m', t', s'. Ces formes qui sont déjà consacrées à exprimer les pronoms faibles me, te, se, peuvent dans ce cas faire une certaine confusion.
C'est l'exemple m'amie cité par Jacques. L'idée est bonne ; cette forme a bien été appliquée aux articles. On aurait, pour reprendre les exemples de Jacques, m'intention, t'idée, s'offre... Ça choque parce qu'on n'y est pas habitué :lol: . Je ne crois pas qu'il y aurait confusion car dans le cas qui nous préoccupe les adjectifs possessifs seraient suivis d'un substantif alors que m', t', s' pour me, te, se sont suivis d'un verbe conjugué.
Je vous demande de ne pas vous inquiéter pour moi, je ne fais pas une fixation ; depuis plus d'un demi siècle je suis habitué à mon, ton et son :lol:
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Jacques
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Message par Jacques »

En fait, les anciennes pratiques étaient plus logiques que cette étrange mutation de possessif. Je me demande ce qu'en pensent les personnes qui ne sont pas francophones de naissance.
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Perkele
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Message par Perkele »

Avez-vous noté qu'il arrive qu'un homme dise "mon chéri" à une femme.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Claude
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Message par Claude »

C'est exact, m'amie, bien qu'une femme ne soit pas une cerise alcoolisée enrobée de chocolat :lol:
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Perkele
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Message par Perkele »

Est-ce exprès pour ennuyer ceux qui apprennent le français langue étrangère ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Est-ce exprès pour ennuyer ceux qui apprennent le français langue étrangère ?
Et vous pensez que cela n'embête pas aussi les francophones de naissance ? Existe-t-il au monde deux langues si compliquées ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Le peu que j'ai aperçu du finnois ne me semble pas particulièrement simple.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Brazilian dude
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Message par Brazilian dude »

En fait, les anciennes pratiques étaient plus logiques que cette étrange mutation de possessif. Je me demande ce qu'en pensent les personnes qui ne sont pas francophones de naissance.
J'aime bien "cette étrange mutation de possessif", je la juge plus euphonique que l'utilisation de la forme féminine pure. Cela me rappelle l'espagnol, qui exige l'article masculin el devant les noms féminins qui commencent par a/ha tonique: el agua (l'eau), el águila (l'aigle), el hada (la fée), mais la ambulancia (l'ambulance) - le a n'est pas tonique. Un phénomène semblable s'observe en français, en italien et en catalan quand on apostrophe l'article devant les mots au singulier: l'homme, l'uomo, l'home.

Brazilian dude
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