Grammaire ou euphonie ?
- Claude
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Grammaire ou euphonie ?
Pour prendre un seul exemple, nous ne disons pas ma amie mais mon amie. Je sais que la première expression n'est pas élégante mais n'y aurait-il pas eu un autre moyen de supprimer ce hiatus transitoire autrement qu'en affublant un possessif masculin à un substantif féminin ? Pour un non francophone, ce doit être une des nombreuses difficultés de notre langue.
Non, je n'ai pas l'intention de faire ma propre réforme du français, celle de 1990 est suffisante .
Non, je n'ai pas l'intention de faire ma propre réforme du français, celle de 1990 est suffisante .
- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
C'est une histoire assez curieuse. À différentes époques on a dit mamie, ma mie, m’amie. Le Dictionnaire historique de la langue française nous dit que ce mon devant un nom féminin à initiale vocalique est apparu vers la fin du XIIe s. Il est bien entendu qu'il a pour objectif d'éviter le hiatus entre deux A. Mais que choisir d'autre que mon ? Il aurait fallu inventer un nouveau possessif, spécifiquement réservé à ces cas particuliers. Ce n'était guère commode, et pour tout dire un peu loufoque. C'est l'usage, peut-être dirons-nous « le bon sens populaire » qui a créé cette pratique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Jacques
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Ma amie est plus difficile à prononcer que ma hache. Mais n'oublions pas qu'à l'origine, le mot était mamie : bonjour mamie. Je crois que c'est par confusion qu'on a cru à un possessif et qu'on a commencé à écrire ma mie, puis m'amie. Le phénomène s'est appliqué à toutes les voyelles initiales : mon intention, mon idée, mon offre, mon utilité... La formation populaire n'obéit pas à une règle ou à une démarche rationnelle. Prenez un autre mot de la même famille (du latin amare) qui a suivi une évolution similaire : mamour, m'amour, mon amour. Mais là le mot est devenu masculin, ce qui arrange tout, alors qu'il était essentiellement féminin jusqu'au XVIIe s.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Le deuxieme moyen pour resoudre le hiatus, c'est de supprimer la premiere voyelle. Mais en fait ca ne peut pas marcher ici parce que dans ce cas on va avoir les formes suivantes : m', t', s'. Ces formes qui sont deja consacrees a exprimer les pronoms faibles me, te, se, peuvent dans ce cas faire une certaine confusion.
- Jacques
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C'est l'ancienne forme que j'ai donnée : ma mie ; votre grand-mère utilisait donc un archaïsme.Perkele a écrit :Mon arrière grand-mère (celle de Nîmes) nommait les femmes qui lui étaient chères "ma mie" (qu'elle prononçait mille).
N'est-ce pas un bon moyen de se débarrasser de ce souci ?
ma amie => ma mie
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
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- Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
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C'est l'exemple m'amie cité par Jacques. L'idée est bonne ; cette forme a bien été appliquée aux articles. On aurait, pour reprendre les exemples de Jacques, m'intention, t'idée, s'offre... Ça choque parce qu'on n'y est pas habitué . Je ne crois pas qu'il y aurait confusion car dans le cas qui nous préoccupe les adjectifs possessifs seraient suivis d'un substantif alors que m', t', s' pour me, te, se sont suivis d'un verbe conjugué.Gihad a écrit :Le deuxième moyen pour résoudre le hiatus, c'est de supprimer la première voyelle. Mais en fait ça ne peut pas marcher ici parce que dans ce cas on va avoir les formes suivantes : m', t', s'. Ces formes qui sont déjà consacrées à exprimer les pronoms faibles me, te, se, peuvent dans ce cas faire une certaine confusion.
Je vous demande de ne pas vous inquiéter pour moi, je ne fais pas une fixation ; depuis plus d'un demi siècle je suis habitué à mon, ton et son
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- Inscription : sam. 06 mai 2006, 19:59
J'aime bien "cette étrange mutation de possessif", je la juge plus euphonique que l'utilisation de la forme féminine pure. Cela me rappelle l'espagnol, qui exige l'article masculin el devant les noms féminins qui commencent par a/ha tonique: el agua (l'eau), el águila (l'aigle), el hada (la fée), mais la ambulancia (l'ambulance) - le a n'est pas tonique. Un phénomène semblable s'observe en français, en italien et en catalan quand on apostrophe l'article devant les mots au singulier: l'homme, l'uomo, l'home.En fait, les anciennes pratiques étaient plus logiques que cette étrange mutation de possessif. Je me demande ce qu'en pensent les personnes qui ne sont pas francophones de naissance.
Brazilian dude