Professeure, professeuse ! Auteure, autrice ?

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Invité

Professeure, professeuse ! Auteure, autrice ?

Message par Invité »

Bonjour à tous,

Ceci est mon premier envoi.
J'espère qu'il intéressera quelques-uns parmi vous.

Si mes souvenirs d'enfance, et d'école primaire, sont bons, on m'a appris que les noms masculins en "-eur" faisaient des noms féminins en "-euse".
Exemples : chanteuse, serveuse, danseuse, etc.
Quelques exceptions avec certains mots en "-teur" faisant des féminins en "-trice".
Exemples : directrice, actrice, fondatrice, formatrice, etc. (même si "chanteuse", donc règle pas toujours appliquée).

Quoi qu'il en soit, je lis maintenant régulièrement des "professeure" et des "auteure".
La règle "de mon enfance" a-t-elle été oubliée ?

Pourquoi pas de "professeuse" et d'"auteuse" ?
(Je recommanderai, pour ma part, "auteuse" plutôt qu'"autrice" qui sonne un peu comme "autiste".)

Qu'en pensez-vous ? Cette question a peut-être été déjà abordée...

Paminode
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Jacques
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Message par Jacques »

Bonjour et bienvenue.
Les mots en -teur font en effet pour la plupart leur féminin en -trice ; il y a des cas comme chanteur/chanteuse mais qui je crois sont assez rares. Pour les autres, il y a cinq exceptions de féminins en -eure acceptés par l'Académie française : majeure, mineure, inférieure, supérieure, prieure. Notons au passage que prieur ne vient pas du verbe prier mais du latin prior « premier, principal » et désigne le chef d'une confrérie aussi bien religieuse que laïque.
Les féminisations en -eure ne sont pas acceptées en Europe hormis les cinq que j'ai nommées : elles sont refusées par l'Académie et par tous les linguistes francophones de notre continent. Hélas ! l'Office québécois de la langue française a décidé de se démarquer de tous les autres francophones, et recommande les féminisations en -eure, y compris pour des mots en -teur. Les francophones américains font ce qu'ils veulent chez eux, mais des Européens se sont sentis autorisés à appliquer ces mesures qui ne les concernent pas, et c'est ainsi qu'en France (je ne sais pas pour nos voisins belges et suisses), et sous l'influence pernicieuse des médias, on voit fleurir des aberrations comme auteure, professeure, procureure, censeure.
Alors, continuez à appliquer les bonnes vieilles règles de l'école, et indignez-vous avec nous de ces monstruosités.

N.B. : autrice, qui a déjà été proposé, est régulièrement formé. On ne peut pas dire auteuse qui viole la règle teur/trice. Amatrice a eu aussi une courte carrière, mais pourrait très bien revenir.
Dernière modification par Jacques le ven. 25 sept. 2009, 8:42, modifié 2 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Invité

Message par Invité »

Bonjour Jacques,

Merci beaucoup pour vos explications.
Je voudrais juste revenir sur le cas de "chanteuse", mot qui ne respecte pas la règle teur-trice, et qui pourtant ne date pas d'aujourd'hui.
En tout cas, je n'ai jamais entendu parler de "chantrice" !

Ne pourrait-on pas faire de même une dérogation pour "auteuse" ?
Je dois avouer que "autrice" me choque un peu les oreilles, et je doute un peu que des lecteurs-trices ou interlocuteurs-trices en comprennent tout de suite le sens !

Paminode
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Jacques
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Message par Jacques »

Après tout, chanteur n'est peut-être pas considéré comme titre de fonction ? Il ne l'était pas avant de devenir une activité professionnelle, ce qui est relativement récent. Il est vrai qu'il a aussi pour féminin cantatrice, mais avec un emploi bien particulier, qui fait référence à des chanteuses d'opéra ou d'opérette ; et ce mot n'est pas français, mais italien ; ce n'est donc pas une féminisation directe de chanteur. Nous avons bien aussi menteur/menteuse, mais là nous sommes certains qu'il ne s'agit pas d'un titre de fonction, bien que certains en aient quasiment fait une sorte de métier. Et encore porteur/porteuse, mot à sens très général, qui n'est pas une fonction définie.
Voyez comme les choses se ressentent de façon subjective, pour moi c'est auteuse qui me sonne mal aux oreilles. Autrice obéit à la règle, c'est pourquoi nous devrions lui donner la priorité. Pour le moment, on dit une femme auteur, seule forme reconnue.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

N'oublions pas doctoresse, attesté à partir du XVème siècle, et qui était d'un emploi plus courant qu'aujourd'hui dans les années cinquante et soixante, au moins dans ma banlieue parisienne.
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Jacques
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Message par Jacques »

Remarque intéressante. Nous avons aussi pécheresse, vengeresse, chasseresse comme féminins de mots en -eur.
La langue du droit utilise le mot demanderesse, non dans le sens de celle qui demande mais dans celui de personne qui introduit une action en justice. Il s'agit cependant d'un terme qui n'a pas cours hors du milieu judiciaire.
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Message par Invité »

Jacques a écrit : Nous avons bien aussi menteur/menteuse, mais là nous sommes certains qu'il ne s'agit pas d'un titre de fonction, bien que certains en aient quasiment fait une sorte de métier.
Merci beaucoup pour cet humour délicieux.
Et merci pour votre érudition, ainsi qu'à Jacques-André-Albert.

Paminode
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Remarque intéressante. Nous avons aussi pécheresse, vengeresse, chasseresse comme féminins de mots en -eur.
La langue du droit utilise le mot demanderesse, non dans le sens de celle qui demande mais dans celui de personne qui introduit une action en justice. Il s'agit cependant d'un terme qui n'a pas cours hors du milieu judiciaire.
Mon dictionnaire de rimes donne aussi bailleresse, charmeresse, défenderesse, devineresse, enchanteresse, et les curieux singeresse, couresse et venderesse.
Le suffixe -esse, marquant le féminin, est aussi utilisé dans mairesse, pairesse, quakeresse.
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Jacques
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Message par Jacques »

Votre dico de rimes est-il le même que le mien, à savoir celui de chez la dame qui sème à tout vent les graines de la fleur de pissenlit ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Paminode a écrit :
Merci beaucoup pour cet humour délicieux.
Paminode
L'humour s'intègre bien au forum, où nous en mettons une touche ici et là, preuve qu'on peut traiter de sujets très sérieux avec le sourire, pour en atténuer l'austérité.
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Message par Invité »

Jacques-André-Albert a écrit :
Jacques a écrit :
Mon dictionnaire de rimes donne aussi bailleresse, charmeresse, défenderesse, devineresse, enchanteresse, et les curieux singeresse, couresse et venderesse.
Quoique j'aie plus souvent entendu parler de vendeuses et de charmeuses... Mais pourquoi pas des charmeresses...

Paminode
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Jacques
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Message par Jacques »

J'aime bien charmeresse, car cela semble porter au plus haut degré l'art de charmer ; ce serait donc une espèce de superlatif. Et puis, c'est poétique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Jacques a écrit :Votre dico de rimes est-il le même que le mien, à savoir celui de chez la dame qui sème à tout vent les graines de la fleur de pissenlit ?
Tout juste. Je le possède depuis une vingtaine d'années, et il était le seul disponible, et facile d'accès, comme d'ailleurs toute la série du même éditeur.
On n'a pas le droit de citer de nom ? :roll:
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Jacques
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Message par Jacques »

Jacques-André-Albert a écrit : Tout juste. Je le possède depuis une vingtaine d'années, et il était le seul disponible, et facile d'accès, comme d'ailleurs toute la série du même éditeur.
On n'a pas le droit de citer de nom ? :roll:
Si, mais j'avais envie de faire une petite fantaisie en m'attardant sur le symbole de Larousse, que je connaissais déjà dans mon enfance, et qui m'avait frappé. Et je trouvais la description plaisante.
L'illustration existe toujours sur les dictionnaires, mais elle est très stylisée. Et la maxime a disparu.
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Perkele
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Message par Perkele »

Quant à moi, j'utilise le Barbery
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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