Advenir

André (G., R.)
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Re: Advenir

Message par André (G., R.) »

Jacques-André-Albert a écrit : ven. 27 avr. 2012, 13:56 Un participant d'un autre forum, à la plume plutôt acérée, descend en flèche vos critiques et justifie la construction en question ; son raisonnement est plein de bon sens.
Il met en parallèle « faire advenir les changements » et « faire briller les chaussures » ; ici on a aussi affaire à un verbe intransitif, donc les chaussures ne peut pas être le COD, et on comprend mieux la construction si on la remplace par son équivalent « faire que les chaussures brillent ».
La solution apparaît avec plus d'évidence dans le cas d'un verbe pronominal réfléchi : « je fais se rencontrer les gens » équivaut à « je fais que les gens se rencontrent ». Le COD est ici le pronom, et non les gens.
Ce très vieux fil, passionnant et court, qui peut donc facilement être relu, contenait quelques erreurs, me semble-t-il. À ce moment-là, Jacques-André-Albert, vous l'aviez remis sur la bonne voie, je crois.

Il ne faut pas confondre « Faites monter une bière », où « bière » est C.O.D. de monter (Faites que quelqu'un monte une bière), et « Faites monter cet homme », où « cet homme » est sujet de « monter » (Faites que cet homme monte).

La question qui était posée ne me laisse aucun doute, en tout cas en ce qui concerne la grammaire : on peut faire (en sorte) que quelque chose (sujet) advienne. Mais alors, donc, « advenir » est personnel (et intransitif, en toute hypothèse), comme ici :

je sens que la mort est proche! Vienne l'automne, advienne l'instant de profond silence
(P. Claudel, La Ville,2e version, 1901, III, p. 490)
(Grand Robert) (« Advienne » n'a pas de complément, « l'instant de profond silence » est son sujet),
ou, beaucoup plus anciennement, là :

Tout ce qui m'était à venir / M'est a(d)venu (Pauvre Rutebeuf) (« Tout ce qui m'était à venir » est le sujet de « est advenu »).

Advenir, comme venir, ne peut être qu'intransitif : certains intervenants étaient perturbés par « quelque chose » (dans « faire advenir quelque chose »), qu'ils prenaient erronément pour un complément, évidemment contradictoire avec l'intransitivité.

En français contemporain, « advenir », rare, est plus souvent impersonnel : Il advint que la tempête se leva (sujet réel : que la tempête se leva). Ci-dessus, un intervenant affirmait que la conjonction « que » n'aurait aucune fonction en pareil cas. Je ne peux pas le suivre : elle relie la subordonnée sujet réel à la principale (Il advint).

Soit le verbe impersonnel conjugué « Il neige ». C'est aussi une phrase, courte ! Et elle a un sens, net : les deux mots suffisent pour que des enfants enfermés se précipitent à la fenêtre.
Soit maintenant une autre forme verbale impersonnelle, « Il faut ». Si j'entends cela de but en blanc, je me questionne.
On dit de certains verbes impersonnels, en particulier ceux concernant le temps qu'il fait, comme neiger, qu'ils sont de valence nulle (ils n'ont ni sujet réel ni complément) (j'apprends qu'on peut les qualifier d'« avalents » : difficile à avaler ?!)
D'autres, comme « falloir » ou « s'agir » demandent au moins un élément d'accompagnement (Il s'agit d'écouter, Il faut un marteau), on les dit monovalents.

Mais j'hésite quant à la fonction de « un marteau » dans « Il (me) faut un marteau ». Selon que l'on pense à « Un marteau m'est nécessaire ou à « J'ai besoin d'un marteau » on peut y voir le sujet (réel ?) de « falloir » ou son complément d'objet. Je comprends mieux pourquoi, sauf erreur de ma part, on ne m'a jamais parlé à l'école de la fonction du pronom relatif « qu' » dans une phrase comme « Le marteau qu'il me faut est introuvable » ! Je me demande toutefois si je n'ai pas trouvé mention un jour... quelque part... du sujet réel de falloir. Mais, à bien y réfléchir, je préfère évoquer son C.O.D., sans aucune certitude.
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