Advenir

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Marc81
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Advenir

Message par Marc81 »

J'ai un doute... que je viens partager avec vous.

Pour moi (et pour mes dictionnaires), le verbe advenir est intransitif.

Or, je viens de relever dans un magazine la phrase suivante : "pour faire advenir les changements nécessaires".
Cette construction me paraît évidemment suspecte mais je m'étonne de trouver sur Internet les citations suivantes : "Le virtuel est ce qui nous aide à faire advenir ce que nous ne sommes pas encore" (Le Monde de l'Education) ou encore ce titre de livre "100 jeux d'écriture , Faire advenir le plaisir d'écrire".

Qu'en pensez-vous ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Le verbe advenir est à la fois impersonnel et intransitif. On ne peut donc pas faire advenir des faits. Il se rencontre principalement dans quoi qu'il advienne, et dans advienne que pourra, mais aussi dans des formes comme s'il advenait que ou peu importe ce qu'il adviendra.
Les exemples que vous avez trouvés sont saugrenus.
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Marc81
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Message par Marc81 »

Voilà qui conforte mon opinion... Merci !
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Perkele
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Message par Perkele »

Et je parierais que vous avez déniché cela sur le site de l'Education nationale. :wink:


Veuillez sortir, Perkele, ici on ne dénigre pas les institutions respectables !
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Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Marc81
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Message par Marc81 »

Même pas, Perkele !

Advienne que pourra avec la modératrice... :wink:
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Pha
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Message par Pha »

Les institutions respectables, pour le rester, doivent se faire respecter, notamment par un langage exempt de toute faute !
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JR
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Message par JR »

Perkele a écrit :Et je parierais que vous avez déniché cela sur le site de l'Education nationale. :wink:


Veuillez sortir, Perkele, ici on ne dénigre pas les institutions respectables !
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Perkele
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Message par Perkele »

Ça ne nous rajeunit pas !
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques-André-Albert
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Re: Advenir

Message par Jacques-André-Albert »

Marc81 a écrit :J'ai un doute... que je viens partager avec vous.

Pour moi (et pour mes dictionnaires), le verbe advenir est intransitif.

Or, je viens de relever dans un magazine la phrase suivante : "pour faire advenir les changements nécessaires".
Cette construction me paraît évidemment suspecte mais je m'étonne de trouver sur Internet les citations suivantes : "Le virtuel est ce qui nous aide à faire advenir ce que nous ne sommes pas encore" (Le Monde de l'Education) ou encore ce titre de livre "100 jeux d'écriture , Faire advenir le plaisir d'écrire".

Qu'en pensez-vous ?
Un participant d'un autre forum, à la plume plutôt acérée, descend en flèche vos critiques et justifie la construction en question ; son raisonnement est plein de bon sens.
Il met en parallèle « faire advenir les changements » et « faire briller les chaussures » ; ici on a aussi affaire à un verbe intransitif, donc les chaussures ne peut pas être le COD, et on comprend mieux la construction si on la remplace par son équivalent « faire que les chaussures brillent ».
La solution apparaît avec plus d'évidence dans le cas d'un verbe pronominal réfléchi : « je fais se rencontrer les gens » équivaut à « je fais que les gens se rencontrent ». Le COD est ici le pronom, et non les gens.
Marc81
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Message par Marc81 »

Le raisonnement se tient, effectivement, et confirme donc le "doute" que j'évoquais au début...
Mais de quel autre forum s'agit-il ? Car il aurait été intéressant que cette personne se manifestât directement sur celui-ci pour m'éclairer !
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Jacques
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Message par Jacques »

Il y a tout de même une chose à ne pas perdre de vue : advenir est un verbe impersonnel. On peut dire que des chaussures brillent, mais pas que des changements adviennent. La seule forme possible est il advient que des changements se produisent. Ou encore : il advient que l'on fasse se produire des changements.
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Message par Marc81 »

Pourtant, l'Académie écrit : "De telles choses adviennent parfois", "Le cas advenant"...
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Klausinski
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Message par Klausinski »

Le dictionnaire Bordas des pièges et difficultés de la langue française ne dit pas qu'advenir est impersonnel mais qu'il ne s'emploie qu'à la troisième personne. On ne pourrait donc pas dire : J'adviens, tu adviens, mais on peut, je crois bien, dire "ces choses-là adviennent quand..."
Le TLF donne d'ailleurs plusieurs exemples de constructions personnelles. N'en citons qu'une seule, d'Alfred de Musset :
Qui sait ce qui peut advenir de la fragilité des femmes? Qui sait jusqu'où peut aller l'inconstance de ce sable mouvant...

Quant à savoir si le terme peut être transitif, le TLF en donne aussi au moins un exemple : « Qu'adviendra-t-il de nos fils ? » chez Barrès. Il me semble que l’expression est plutôt utilisée par les philosophes et que les grammairiens rigoristes continueront de la critiquer.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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Jacques
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Message par Jacques »

Nous voilà donc encore face à des contradictions. Le Petit Robert et le Bescherelle le donnent tous deux comme uniquement impersonnel. Bordas écrit : les évènements qui sont advenus, ce qui signifie qu'il le considère comme personnel et impersonnel. Les exemples du Petit Larousse sont à la forme impersonnelle. Idem pour Hachette. Le Maxidico donne l'exemple : un drame est advenu. Hanse le voit uniquement impersonnel. Grevisse, dans Le français correct, le considère comme impersonnel et n'envisage pas qu'il soit personnel.
Et nous, au milieu de tout cela, petits amateurs en quête de vérité, nous sommes de nouveau confrontés aux incertitudes devant la non-concordance d'opinion des spécialistes.
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Klausinski
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Message par Klausinski »

C’est étrange ce que vous dites au sujet du Petit Robert, car le Grand Robert, lui, précise simplement que le verbe est employé aux troisièmes personnes et donne deux exemples de tournures personnelles :

Je dirai : « J'étais là; telle chose m'advint ».
(La Fontaine)

Rien encore n'a pu m'advenir — que votre inappréciable rencontre.
(Gide)

Vous avez raison, c’est encore un de ces nombreux cas où les spécialistes s’opposent. Mais la question est peut-être : existe-t-il des cas qui font l’objet d’un consensus.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
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