Ce qui / Ce qu'il

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cyrano
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Ce qui / Ce qu'il

Message par cyrano »

Puisqu'il en faut un qui ouvre le feu, ce sera donc moi avec cette question qui m'a toujours un peu chiffonné.

Diriez-vous:
Je sais ce qui me reste à faire
ou
Je sais ce qu'il me reste à faire

J'ai lu un jour dans un roman (source perdue, désolé):
C'est tout ce qui en reste
alors que je dirais plutôt
C'est tout ce qu'il en reste

La question se pose aussi pour ce qui/qu'il se passe, ce qui/qu'il en adviendra...

Merci d'avance et longue vie au forum !
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques
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ce qui, ce qu'il

Message par Jacques »

Bonjour Cyrano, et merci d'ouvrir le feu sur le premier sujet. Avant de répondre en détail (un peu plus tard) à votre question, je m'arrête sur votre citation ; je l'ai vu attribuer à Courteline, et sous une forme un peu différente : Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet.
Il en est des citations comme de beaucoup d'autres choses, elles circulent sous plusieurs versions et sont attribuées à différents auteurs.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
cyrano
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Message par cyrano »

Merci pour la précision, je change ma signature de ce pas, car je préfère la version de Courteline.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques
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cequi / ce qu'il

Message par Jacques »

Je reviens donc pour tenter de répondre à la question. Avec le verbe falloir c'est impérativement qu'il : voici l'outil qu'il me faut. Avec plaire et des quantités d'autres verbes nous avons le choix selon la pensée (c'est donc un accord d'intention) : prends ce qui te plaît (la chose qui te plaît) ou prends ce qu'il te plaît (sous-entendu de prendre). Avec advenir, arriver, rester le choix est encore libre mais sans cette nuance de pensée qui accompagne plaire : je vais vous dire ce qui / ce qu'il advint – voici ce qui / ce qu'il reste – quoi qu'il arrive / quoi qui arrivât, il restait de marbre.
La conclusion est en fait que, hormis le cas de falloir, nous agissons comme bon nous semble.
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Jacques
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Message par Jacques »

cyrano a écrit :Merci pour la précision, je change ma signature de ce pas, car je préfère la version de Courteline.
Volupté Cyrano, pas plaisir. Nous pourrions discuter autour de ces deux mots pour en définir les nuances !
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Cémoi

Message par Cémoi »

j'aurais tendance (usage "naturel et spontané", sans autres références) à écrire "ce qu'il me reste à faire" puisqu'on dit "il me reste à faire ceci"

par contre , j'écrirais : " j'ai mangé tout ce qui reste" !!
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Jacques
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Message par Jacques »

Pourquoi pas, Cémoi, puisque nous avons le choix ? Certaines constructions sonnent mieux à notre oreille que d'autres. Ce choix est très subjectif, et chacun agit comme il lui plaît.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Bonjour à tous ! :D

J'arrive quand l'affaire est résolue, merci encore Jac ! :wink:

Méfions-nous tout de même de nos oreilles, elles entendent tant d'inepties à longueur de journée... :(
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
sitalgo

Message par sitalgo »

Attention moussaillon ! On n'a le choix que dans certains cas.
Déjà il faut voir que dans "ce qui", qui est pronom relatif. Dans "ce qu'il", nous avons affaire à la conjonction "que".

"Ce qui" est possible si "qui" est le sujet du verbe de la proposion relative.
"Ce qu'il" est obligatoire dans une forme impersonnelle : avec ce qu'il a neigé.

J'ai trouvé ce qui convient le mieux à cet endroit.
J'ai trouvé ce qu'il convient de mettre.
cyrano
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Message par cyrano »

sitalgo a écrit :Attention moussaillon ! On n'a le choix que dans certains cas.
Déjà il faut voir que dans "ce qui", qui est pronom relatif. Dans "ce qu'il", nous avons affaire à la conjonction "que".
Bien d'accord, mais la question est de savoir si dans "Je sais ce qui/ce qu'il me reste à faire", on a ou non le choix (accord d'intention) de considérer qu'on est en présence d'un pronom relatif ou d'une conjonction, comme l'indique Jac.

Contestez-vous cette possibilité de choix dans les exemples donnés?
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Ann

Message par Ann »

Mon commentaire est le suivant. Je n’y ai peut-être pas assez réfléchi, j’espère ne pas dire de bêtises.

J’aime ce qui bouge
J’aime ce qu’il fait
Dans les deux cas on est en présence d’une relative, ce qui change, c’est la fonction de « ce » dans la proposition relative. Je remplacerai ce par « quelque chose » pour être plus claire :
1er cas : j’aime quelque chose. Ce quelque chose [sujet] bouge donc QUI
2ème cas : j’aime quelque chose. Il fait ce quelque chose [complément d’objet] donc QUI
"Je sais ce qui/ce qu'il me reste à faire"
Je sais quelque chose. Il me reste à faire ce quelque chose [objet] donc que
Je sais ce qu’il me reste à faire
Je sais quelque chose. Ce quelque chose [sujet] me reste à faire. Donc QUI (?)
Je sais ce qui me reste à faire (?)

Je préfère pour ma part la première.

Je prends dans l’article rester du TLF la citation suivante : « Reste à faire les notes » (MICHELET, Journal, 1858, p. 421)
On pourrait dire (1) « il reste à faire les notes » ou (2) « les notes restent à faire »
Les notes sont ce qu’il reste à faire (1)
Les notes sont ce qui reste à faire (2)
sitalgo

Message par sitalgo »

la question est de savoir si dans "Je sais ce qui/ce qu'il me reste à faire", on a ou non le choix (accord d'intention) de considérer qu'on est en présence d'un pronom relatif ou d'une conjonction...
Dans "je sais ce qui/qu'il me reste" on a le choix puisque "qui" peut être le sujet du verbe de la relative et on peut aussi employer la forme impersonnelle avec "qu'il".

Par nature la forme impersonnelle passe très souvent mais elle peut être parfois lourde.
Je porte ce qu'il me mincit / ce qu'il me plaît.
Avec mincir, ça ne passe pas (à mon sens) pourtant il n' y a pas faute logique. Peut-être est-ce dû au pronom "me" COD alors qu'il est COI avec plaire.

(C'est la 1ère fois que j'utilise quote, donc si ça déraille...)
Ann

Message par Ann »

sitalgo a écrit : Par nature la forme impersonnelle passe très souvent mais elle peut être parfois lourde.
Je porte ce qu'il me mincit / ce qu'il me plaît.
Avec mincir, ça ne passe pas (à mon sens) pourtant il n' y a pas faute logique. Peut-être est-ce dû au pronom "me" COD alors qu'il est COI avec plaire.
Euh... Je ne comprends pas trop le raisonnement:
alors que plaire admet un sujet impersonnel ou bien un sujet "normal", mincir ne peut avoir un sujet impersonnel:
Nvetement me mincit
* il me mincit Nvetement (l'impersonnel est agrammatical)
(cette robe me mincit vs *il me mincit cette robe)
vs
(N / faire X) me plait
Il me plait (de faire X / *N)

La possibilité des deux structures implique que l'on peut avoir pour plaire:
Je fais ce qui me plait
et je fais ce qu'il me plait (sous entendu : de faire)

Par contre dans la deuxième l'impossibilité d'avoir une structure impersonnel oblige à avoir la seule phrase correcte:

Je porte ce qui me mincit
*je porte ce qu'il me mincit est selon moi absolument impossible.
Invité

Message par Invité »

Excusez la réponse tardive.

Dans "je porte ce qu'il me mincit" il faut aussi supposer un sous-entendu "je porte ce qu'il me mincit de mettre".
Ce n'est pas "cette robe me mincit" mais "de porter cette robe me mincit".

En fait j'avais donné l'explication moi-même, les verbes transitifs ne se mettent pas au mode impersonnel à la voix active.
Comme quoi il y a un certain réflexe à trouver douteuse une formulation sans avoir la règle correspondante à l'esprit.

Le problème est que l'emploi d'un verbe transitif même employé intransitivement est à double sens.
Dans ce restaurant, il déjeune des gens célèbres.
Dans ce restaurant, il mange des gens célèbres (quelqu'un mange des gens célèbres).

Les grammairiens ont établi une règle pour ce cas, dans la même logique il leur reste à légiférer sur :
Je me suis vu décerner le prix avec une grande émotion.
Qui décerne ?
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

sitalgo a écrit :Déjà il faut voir que dans "ce qui", qui est pronom relatif. Dans "ce qu'il", nous avons affaire à la conjonction "que".

"Ce qui" est possible si "qui" est le sujet du verbe de la proposition relative.
"Ce qu'il" est obligatoire dans une forme impersonnelle : avec ce qu'il a neigé.

J'ai trouvé ce qui convient le mieux à cet endroit.
J'ai trouvé ce qu'il convient de mettre.
(mot mis en gras par moi)

Dans un hebdomadaire satirique, un dessin représente l'ancien président de la République française François HOLLANDE prononçant ces paroles : Ce qu'il se passe en Syrie, c'est la Goutha qui fait déborder le vase (mots mis en gras par moi).

En cherchant un fil où je pourrais parler de « ce qu'il se passe », je trouve celui-ci, qui a, si j'ai bien compris, une particularité, celle d'être le tout premier de FNBL. Je n'allais pas rater cela, treize ans après !

Pour la première fois, je vois le nom sitalgo : je cite son intervention parce qu'il me semble y voir une erreur : dans « J'ai trouvé ce qu'il convient de mettre », « qu' » n'est pas une conjonction, mais un pronom relatif remplissant la fonction grammaticale de C.O.D. de « mettre ». On s'en rend peut-être mieux compte si l'on remplace « ce » par un nom : J'ai trouvé la couleur qu'il convient de mettre. Cette phrase est composée de la principale J'ai trouvé la couleur et de la subordonnée relative qu'il convient de mettre : il s'agit de mettre une couleur, ce nom est C.O.D. (de trouver) dans la principale et antécédent de qu', lui-même C.O.D., donc. On pourrait simplifier la phrase ainsi : J'ai trouvé la couleur que je vais mettre, où la nature et la fonction de que apparaissent peut-être encore plus clairement.

Et cette fonction de C.O.D. qu'a le pronom relatif joue un rôle, me semble-t-il, dans la présence du pronom impersonnel.
Lorsqu'on dit « Il pousse des chênes dans cette région », on sait que cela vaut « Des chênes poussent dans cette région » : si le sujet réel (des chênes) n'est pas en tête, on comble l'espace par le pronom « il », qui n'a aucune valeur sémantique. Il n'en va pas de même dans Ce qui pousse dans cette région, ce sont des chênes, où le sujet de « pousse » est « qui » : utiliser « il » est alors pour ainsi dire pléonastique.
Même chose dans la phrase mise dans la bouche de François HOLLANDE, qui ne peut être correcte, selon moi, que sous la forme : Ce qui se passe en Syrie, c'est la Goutha qui fait déborder le vase (On peut imaginer en revanche : X s'habille : ce qu'il se passe maintenant, c'est un pull, où « qu' » est C.O.D. de passer).

Les exemples que j'ai fournis sont destinés à la démonstration et ne se veulent pas des modèles d'élégance !
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