Je me permets une question personnelle, Jacques: vous dites que votre dernier cours de français remonte à Louis XV mais vous avez encore des souvenirs très précis, non seulement des mots exprimant les règles mais du sens de ces règles.
Comment cela se fait-il?
Vous avez été prof de français ou avez eu l'occasion d'étudier à nouveau la grammaire après avoir quitté l'école?
Ou alors vous avez particulièrement bien absorbé vos cours du collège ?
J'ai passé le certificat d'études en juillet 1951. Ensuite, au lycée, ce que l'on nommait « cours de français » ce n'était pas du français, mais un peu de littérature, des analyses de textes et des dissertations. De grammaire point, orthographe néant.
Non, je n'ai pas l'honneur d'avoir été prof de français. Mais nous avons ici plusieurs personnes qui se sont formées aussi en autodidactes et ont gardé d'excellents souvenirs des cours primaires. Je ne suis pas un phénomène, et je n'ai rien de plus que les autres passionnés de ce forum.
Dernière modification par Jacques le jeu. 22 nov. 2012, 8:41, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Je reviens à nos heures, kilomètres et euros...
Autant le cas de courir me semble bien tranché entre courir des dangers et courir sur des kilomètres (ou pendant des heures), autant celui du verbe coûter me paraît plus délicat. Car, après tout, ne dit-on pas couramment : "Cette étoffe coûte vingt euros", d'où la tentation de l'accord fautif : "Les vingt euros qu'a coûtés cette étoffe"...
Hippocampe a écrit :Là je suis largué. Dans " les vingt euros que cette étoffe a valu. Les vingt kilos que ce sac a pesé", j'aurais tendance à mettre des s partout.
Réfléchissons de manière logique : le sac n'a pas pesé (n'a pas fait l'action de peser, n'a pas procédé au pesage) des kilos. C'est l'exemple le plus facile. Les autres se copient sur ce modèle. Pour valoir : les compliments que ce travail m'a valus.
Je comprends que ces subtilités ont l'air de fendre les cheveux en quatre, et qu'on ait du mal à les appréhender ; il faut se mettre dans l'état d'esprit adéquat. (C'est bien fendre, et non couper : fendre un cheveu c'est le séparer d'une extrémité à l'autre dans le sens de la longueur ; le couper c'est en faire plusieurs tronçons en coupant dans l'épaisseur, ce qui n'est guère compliqué).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Marc81 a écrit :Car, après tout, ne dit-on pas couramment : "Cette étoffe coûte vingt euros", d'où la tentation de l'accord fautif : "Les vingt euros qu'a coûtés cette étoffe"...
Comme je le disais plus haut, si on n'a pas bien compris l'élément en question, on demanderait: "Elle a coûté combien?" et non "Elle a coûté quoi?"
L'explication de Jacques est bien sûr tout à fait correcte, mais de manière pratique, on peut aussi recourir à ce "truc de la question" pour percevoir la différence avec un vrai COD.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
J'essaye d'expliquer de façon « technique », c'est-à-dire grammaticale, mais comme vous le dites Cyrano, il y a des petits trucs qu'on peut appliquer si on ne veut pas se taper la tête sur le mur avec le raisonnement grammatical. On nous en donnait à l'école. Tous les moyens sont bons, seul le résultat compte.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Hippocampe a écrit :Mes études de français remontent à un temps que les moins de vingt ans...
H
Vous êtes battu : ma dernière leçon de français remonte à juin 1951. Depuis, le vide absolu (sauf recherches personnelles).
Moi, c'était juin 1948. Donnée par qui, la leçon? Par Suzanne Césaire, la femme d'Aimé Césaire que j'ai eu comme prof pendant trois ans. Je cite parfois l'intitulé d'un devoir qu'elle nous a donné et qui a laissé des traces dans les esprits : "Bien qu'on ne soit pas raciste, un nègre con reste un nègre con. Commentez".
Jacques a écrit :Vous avez fréquenté du beau monde. Et après tant d'années, vous vous souvenez encore du sujet de la dissertation !
Du beau monde, Jacques, vous la flatteriez si elle était encore en vie. Elle était épouse d'un député célèbre, certes, mais c'était une personne très ordinaire, dotée d'un sens de la dérision et parfois de la provocation qui nous plaisait et surtout d'une tournure d'esprit qui obligeait au respect.
Oui, je me souviens de ce sujet parce qu'il nous avait tous marqués dans sa formulation. Il y en eut un autre de la même veine pour commenter une phrase de Joseph de Maistre disant notamment que "la guerre est divine en elle-même et que vouloir s'en soustraire revient à vouloir échapper à la volonté de Dieu". Le sujet a beaucoup remué les esprits. J'ai aussi le souvenir que pour étudier les comportements humains à travers la littérature elle nous avait tenus tout un trimestre avec "les sept péchés capitaux", sujet révélateur pour nombre d'entre nous.