"en" adverbe ?

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shokin
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"en" adverbe ?

Message par shokin »

Bonjour tout le monde,

On voit souvent, dans les mots croisés, un adverbe qui serait en. Il me semble que ce mot peut être une préposition ou un pronom.

Mais dans quels cas peut-il être un adverbe ?
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Sa nature d'adverbe est proche de celle de pronom. Mais un pronom remplace un nom. Or "en" peut remplacer une préposition amenant elle-même un adverbe (de lieu : là, là-bas) ou un substantif complément de lieu : dans ce cas on a bien à faire à un adverbe. Je remarque cependant que le Robert n'a qu'une entrée pour le pronom et l'adverbe.

Je mange de la viande. ("De la viande" est COD)
Ah bon, tu en manges ? PRONOM (Question : Que manges-tu ?)

Elle sort de l'usine. ("De l'usine" est complément de lieu)
Tiens, elle en sort ? ADVERBE (Question : D'où sort-elle ?)
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shokin
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Message par shokin »

Ah ! alors la nature du mot en dépendrait du sens et du type du groupe pronominalisé ?

Je parle de la mort. J'en parle.
Je viens de Louisiane. J'en viens.
Je mange des pommes. J'en mange.


Jusqu'à maintenant, je me disais que, dans ces trois phrases, en était un pronom.

Quant au pronom le, est-il toujours complément d'objet direct peut importe ce qu'il pronominalise ?

Je vois le chien. Je le vois.
Je sais qu'elle ment. Je le sais.
Je me demande de quoi il parle. Je me le demande.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

shokin a écrit :Ah ! alors la nature du mot en dépendrait du sens et du type du groupe pronominalisé ?

Je parle de la mort. J'en parle.
Je viens de Louisiane. J'en viens.
Je mange des pommes. J'en mange.


Jusqu'à maintenant, je me disais que, dans ces trois phrases, en était un pronom.
On ne peut sans doute pas dire que la nature du petit mot "en" dépende du sens du mot qu'il remplace, il s'agit de grammaire et il vaut mieux parler de la fonction grammaticale du groupe nominal remplacé. Comme je l'ai indiqué, on a à faire à un PRONOM si le nom remplacé est COD, il s'agit d'un ADVERBE si le groupe remplacé est COMPLÉMENT DE LIEU.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

shokin a écrit :Je vois le chien. Je le vois.
Je sais qu'elle ment. Je le sais.
Je me demande de quoi il parle. Je me le demande.
Je n'imagine pas que "le" (quand il n'est pas article !) puisse être autre chose que pronom COD. Dans votre dernière phrase, on ne s'occupe pas, en l'occurrence, de la préposition "de", qui amène le complément de "parle", tandis que toute la subordonnée "de quoi il parle" est bien COD du verbe principal "se demander".
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shokin
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Message par shokin »

Je n'en reviens pas.

Je croyais qu'il s'agissait toujours d'une pronominalisation (y compris pour les compléments circonstanciels de lieu*), donc de la production d'un pronom.

Y aurait-il une adverbialisation ?

*

Je vais à Montréal. J'y vais. y serait un pronom.
Je reviens de Montréal. J'en reviens. en serait un adverbe.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je crois que "y" n'est pronom que lorsqu'il remplace un COI et qu'il est adverbe quand il est mis à la place d'un complément de lieu.
Penses-tu aux vacances ? Oh oui, j'y pense ! PRONOM.
Vas-tu à la piscine ? Oui, j'y vais ! ADVERBE.
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shokin
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Message par shokin »

Donc, dès qu'il s'agit d'un complément circonstanciel de lieu, s'agirait-il d'une adverbialisation ? (en et y seraient des adverbes)

Dans les phrases suivantes :

Je parle de la mort à ma soeur.
Je lui en parle.

J'en ai besoin.
Je m'en souviens.
J'en mange.
Je m'en vais.


Est-ce que en est un adverbe ou un pronom ?

Je suppose que sa fonction reste la même que le groupe non pronominalisé (ou non adverbialisé).

Si ça se trouve, on nous a encore raconté des faussetés à l'école.
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Jacques
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Message par Jacques »

En est pronom quand il remplace un nom, une proposition, une idée. Idem pour y : Je reviens de Marseille ; j'en reviens : en remplace Marseille. Elle vend des pommes ; elle en vend (en remplace pommes). Tu vas à Bordeaux ; tu y vas (y remplace Bordeaux). En faisant les courses, tu penseras au pain ; penses-y.
J'en ai besoin = j'ai besoin de cela. Idem pour j'en mange et je m'en souviens. Je m'en vais, c'est autre chose, c'est le verbe s'en aller. Je ne crois pas qu'on puisse analyser la fonction de en dans ce cas-là.
Ils sont adverbes de lieu quand ils ne remplacent rien et sont mis pour ou de là. Tu sors de la boulangerie ? Oui, j'en sors. Ne va pas là-bas, il y fait froid.
Il y a des cas où la différence entre pronom et adverbe est difficile à établir.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

J'ai quelque difficulté à vous suivre, Jacques, en ce qui concerne les compléments de lieu (d'origine) "de Marseille" (avec "revenir") et "de la boulangerie" (avec "sortir") remplacés par "en". Voulez-vous dire qu'on a à faire au pronom quand le premier est remplacé et à l'adverbe quand on considère la seconde substitution ? Je verrais en "y" et "en" plutôt systématiquement des adverbes quand ils se substituent à des compléments de lieu. Sinon, où fixer la limite ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Je me fonde sur les définitions données par Grevisse dans son Précis de grammaire française : « en et y sont pronoms personnels quand, représentant, soit un nom de chose ou d'animal, soit une idée, ils équivalent, le premier à un complément construit avec de, le second à un complément construit avec à ou dans » :
– J'aime Paris et j'en admire les monuments
– Ce cheval est vicieux, défiez-vous-en
– Vous chantiez ? J'en suis fort aise
– Voici une lettre ; vous y répondrez
– Ce chien est attendrissant ; je m'y suis attaché
– On meurt comme on a vécu ; pensez-y
– Elle a un jardin, elle y cultive des légumes et des fleurs
Ils sont adverbes de lieu lorsque, ne représentant ni un nom ni une proposition, ils équivalent à et de là : Sors-tu d'ici ? Oui j'en sors – N'allez pas là, il y fait trop chaud.

HANSE : Étymologiquement adverbe de lieu (de là), en est employé pour représenter un nom précédé de la préposition de et signifie de lui, d'elle, d'eux, de cela (et même à cause de cela, par suite de cela, etc.).

À mon avis quand on dit « Tu sors de la boulangerie, oui j'en sors », j'ai du mal à imaginer qu'on pourrait répondre oui je sors d'elle, et je pense plutôt oui je sors de là. Mais peut-être que je me trompe ; nous sommes dans une de ces situations dont Grevisse dit qu'il est difficile d'y faire la distinction. Et quand on dit Je vais à Bordeaux, j'y vais, y remplace le nom propre Bordeaux.
Et quand on dit Je reviens de Marseille, j'en reviens, il y a similitude avec l'exemple de Grevisse J'aime Paris et j'en admire les monuments. En se substitue à un nom propre de lieu.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Pour Robert, lorsqu’il s’agit d’un strict complément de lieu, sous forme de groupe nominal, « en » le remplaçant ne peut être qu’adverbe. Il donne comme exemples d’emploi de cet adverbe : « Vous allez à Paris ? J’en viens. » (« en » vaut bien ici « de Paris ») et « Il entrait dans le magasin comme j’en sortais. » (où « du magasin » est remplacé par « en »).
« Y » est traité de la même manière par Robert, qui, à la rubrique concernant l’adverbe, cite la phrase « Ils déposèrent Madame sur le couvre-pied et l’y étendirent. » (« y » vaut « sur le couvre-pied »).
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Jacques
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Message par Jacques »

Robert parle d'un adverbe pronominal, et l'Académie française d'un pronom adverbial :
I. Adverbe de lieu ou de temps : de là, de cet endroit, de l'époque dont il vient d'être question. Il est allé là-bas et en est revenu. Il a eu des années difficiles, il en est sorti aguerri.
II. En a pris très tôt la valeur d'un pronom personnel qui, dans la langue moderne, renvoie exclusivement à une troisième personne. Invariable, il équivaut à lui, elle, eux, elles, cela, précédés généralement de la préposition de.

Si Grevisse et Robert ne sont pas d'accord, qu'y pouvons-nous ? Robert voit un adverbe là où Grevisse trouve un pronom. Chacun choisit son camp, il faut bien prendre une décision. Grevisse souligne bien qu'il y a des incertitudes. Nous avons un fils adoptif métis, né d'une femme noire et d'un homme blanc. Pour les Français c'est un Noir ; pour les Africains c'est un Blanc. Ici c'est la même chose : l'adverbe pronominal est adverbe pour les uns et pronom pour les autres. Dans la phrase Vous allez à Paris, moi j'en viens, pour Robert en désigne un lieu, c'est un adverbe ; pour Grevisse, en remplace le nom Paris, c'est un pronom. Nous ne sommes pas compétents, en tout cas moi je ne le suis pas, pour donner la vraie réponse, alors que les spécialistes, comme d'habitude, sont divisés sur le sujet.
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cyrano
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Message par cyrano »

Est-ce qu'on ne pourrait pas considérer, en tout cas, que en a une valeur adverbiale dans des expressions telles que "s'en aller" où il ne remplace rien?

Pour "j'en viens", il peut y avoir un doute entre la fonction de pronom et d'adverbe, mais dans "je m'en vais", je ne vois pas comment on pourrait dire que "en" remplace un autre élément.

De même d'ailleurs que dans "j'en ai marre", où il ne remplace rien non plus puisqu'il n'empêche pas d'exprimer le complément éventuel ("j'en ai marre de tes insinuations").
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est une idée qui en vaut une autre. Étant donné qu'il ne remplace rien, dans s'en aller je considère, peut-être à tort, qu'il fait partie du verbe. Ce ne serait donc plus le verbe aller mais s'en aller. Dans j'en ai marre il y a encore doute : on peut interpréter « j'ai marre de cela, de cette situation ».
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