Emploi du pronom relatif "que"

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Teo
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Emploi du pronom relatif "que"

Message par Teo »

Bonjour à tous. J'ai récemment rejoint ce groupe et je voudrais poser une question concernant l'utilisation des pronoms relatifs simples (qui/que). Je suis tombé sur la phrase suivante, écrite par une personne de langue maternelle française :
« À mesure qu'il se rapproche de la limite extrême qu'est la mort, s'éclate le non-sens même qui, tout en étant défini, conditionne le " sens de la vie ". »
Et avant cela, j'avais trouvé la phrase suivante, avec pas moins de deux "que" :
« La tâche lui en avait été léguée par ces deux oeuvres exemplaires que furent pour lui, dès le départ, et que restèrent jusqu'à la fin, la Psychologie du point de vue empirique de Brentano et la Théorie de la science de Bolzano ». (Jacques English, Le vocabulaire de Husserl, Paris, PUF, 2001, p. 11).
Ne devrait-on pas dire « la limite extrême qui est la mort »? C'est-à-dire qu'ici le pronom relatif agit comme un nom du prédicat et doit donc prendre la forme d'un sujet et non d'un complément d'objet.
Même dans le second cas, on devrait peut-être dire :
« La tâche lui en avait été léguée par ces deux oeuvres exemplaires qui furent pour lui, dès le départ, et qui restèrent jusqu'à la fin, la Psychologie du point de vue empirique de Brentano et la Théorie de la science de Bolzano ».
En fait, je pars de l'hypothèse que le pronom relatif "qui" est utilisé comme sujet (comme le nominatif latin) et que, s'il remplit une fonction nominative, il est aussi utilisé à l'instar de complément prédicatif du sujet, comme dans ce cas. Et qu'au contraire, le pronom "que" est utilisé comme complément d'objet, c'est-à-dire comme l'accusatif latin. Mais ici il semble, au contraire, que "que" soit utilisé comme complément prédicatif du sujet. Bien sûr, le français n'est pas le latin et il n'y a donc pas une correspondance parfaite entre les pronoms latins, avec leurs cas, et les pronoms français (d'ailleurs, "qui" en français est aussi utilisé pour les cas obliques avec les prépositions : "Pierre est la personne à qui tu dois t'adresser"). Mais je ne suis pas entièrement convaincu. Qui peut m'éclairer la question?
Dernière modification par Teo le jeu. 27 janv. 2022, 9:56, modifié 1 fois.
Leclerc92
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Re: Emploi du pronom relatif "que"

Message par Leclerc92 »

Bonjour Teo et bienvenue,
Les deux constructions sont possibles.
la limite extrême qui est la mort : la limite extrême est la mort.
la limite extrême qu'est la mort : la mort est la limite extrême.
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Yeva Agetuya
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Re: Emploi du pronom relatif "que"

Message par Yeva Agetuya »

Il me semble que si je dis Le désir qui est le sien, ce désir n'est pas défini.

Tandis que dans La limite extrême que est la mort, la limite est définie comme étant la mort.

De même, deux oeuvres sont définies :

« La tâche lui en avait été léguée par ces deux oeuvres exemplaires que furent pour lui, dès le départ, et que restèrent jusqu'à la fin, la Psychologie du point de vue empirique de Brentano et la Théorie de la science de Bolzano ».
Teo
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Re: Emploi du pronom relatif "que"

Message par Teo »

En tout cas, dans deux grammaires "renommées", on peut lire :

"Que comme attribut.
- L'antécédent est un nom : Deux rangées de hautes maisons centenaires qui se taisent comme des vieillards qu'elles sont (HUGO, Misér., IV, XV, 1). - Le vieillard QUE je suis devenu a peine à se représenter le furieux malade QUE j'étais naguère (MAURIAC, Noeud de vip., I).
- Dans une proposition de concession : C'est Ripault qui a raison, tout lieutenant qu'il soit (J. ROY, cf. § 1151). - Dans une relative averbale : C'est une belle fleur QUE la rose = que la rose est.
- L'antécédent est un pronom : Vous êtes ce (ou celui) QUE j'aurais voulu être.
- L'antécédent est un adjectif ou un participe passé : Echauffé [...] QUE j'étais par mon propre style, je ressentais [...] un peu de la passion que j'avais cherché à exprimer (B. CONSTANT, Ad., II). - C'est donc à la grâce de Dieu que j'accumule ces feuillets, privés qu'ils sont du trait déformant et agréable [...] (COLETTE, Étoile Vesper, p. 179). - Impuissants qu'ils sont à pénétrer le mystérieux domaine de l'âme, les savants [...] sont bien forcés de s'intéresser à des événements volumineux, grossiers, extérieurs (DUHAMEL, Les plaisirs et les jeux, 1,9). - Enclinant ce que je suis
à professer que la technique [...] à soi seule jamais ne créera le poème, je ne le suis pas moins à contester que [... ] (ÉTIEMBLE, Poètes ou faiseurs ? pp. 153-154). - Dans une proposition de concession : Si mince Qu'il puisse être, un cheveu fait de l'ombre (LITTRÉ, s. v. si2, 10°). - Plus rarement comme attribut de l'objet direct : § 304, b, 2°".

(Maurice Grevisse-André Goosse, Le bon usage, Paris, Duculot, 2008, p. 918).

"La forme 'qui' fonctionne comme sujet et complément prépositionnel humain (voir exemples ci-dessus).
- La forme 'que' est objet direct (l'itinéraire que je suis/ nous suivons) et attribut (le grammairien qu'il était/ les grammairiens que nous sommes)."

(Martin Riegel - Jean-Christophe Pellat - René Rioul, Grammaire méthodique du français, Paris, PUF, 2007, p. 218).
Leclerc92
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Re: Emploi du pronom relatif "que"

Message par Leclerc92 »

Oui, c'est parfaitement en accord avec ma réponse.
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