Amour, délice et orgue

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Jacques
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Amour, délice et orgue

Message par Jacques »

Amour, délice et orgue : trois mots qui sont masculins au singulier et féminins au pluriel.
C’est une idée reçue, une fausse vérité.
DÉLICE est le seul qui réponde à cette affirmation : Nous savourons les délices embaumées des odeurs automnales – Mon plus grand délice est de faire une balade dans un chemin de montagne.
Mais il y a exception avec un de : Un de mes plus grands délices est de faire une promenade matinale en montagne.
ORGUE est toujours masculin, au singulier comme au pluriel : L'orgue de cette église a été rénové cette année – Tous les orgues de la ville ont été révisés – Strasbourg possède l’un des plus beaux orgues de France.
Il est exceptionnellement féminin pluriel, pour désigner un instrument unique, quand celui-ci est de très grande taille et constitué de plusieurs corps, par emphase : Nous avons admiré les grandes orgues de la cathédrale de Paris. Mais même dans ce cas on peut recourir au masculin singulier : Le grand orgue [de la cathédrale de Paris], et c'est la pratique la plus répandue de nos jours. Le féminin pluriel est en voie d'extinction.
AMOUR. Dans un magazine de télévision, je trouve un article intitulé : « X… Z…, ses amours méconnues. »
Ce mot, amours, fait l’objet d’emplois impropres comme c’est le cas ici. On en abuse, pour créer de l’effet probablement. Amour, dans le sens d’aventures amoureuses multiples, est toujours masculin. Ainsi, les affaires sentimentales secrètes de la personne en question sont, et ne peuvent être, que des amours méconnus.
Le féminin pluriel est du domaine de la poésie et de la grande littérature (donc, déjà, à proscrire du langage courant ou journalistique), et s’applique, ce qui est important, à une passion sentimentale unique liant deux êtres. Ainsi, on parlera des amours contrariées de Roméo et Juliette, mais plus généralement, de nos jours, de l’amour contrarié.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Verrouillé