Incapable et encore moins...

Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Dans le contexte, je ne fais pas de différence. Je pense surtout que "moi qui ne suis guère gai" veut bien dire "moi qui ne suis pas gai (du tout !)" et que " Chaval n'était guère gentil" veut bien dire " Chaval n'était pas gentil (du tout)".
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Perkele
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Message par Perkele »

Votre remarque est pertinente et effectivement, on ne réfléchit plus au sens premier des mots. Lorsque j'entendais des propos du genre "ce n'est guère suffisant", je traduisais par "c'est à peine suffisant" et j'en étais contente.

De même "assez suffisant" résonnait comme "à peu près suffisant"... :roll:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« J'ai dû voir cette scène au moins 100 fois dans ma vie et elle me fait toujours autant mourir de rire ! »
« Mourir de rire » a-t-il pour vous une valeur absolue ou le relativiseriez-vous comme dans la phrase ci-dessus (« autant ») ?
Donner mon avis serait inutile !
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Astragal
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Être « autant » mort de rire

Message par Astragal »

Certes, il est difficile d'être plus mort que mort... Pour autant, d'après mon raisonnement, je trouve que mourir de rire pourrait ne pas avoir une valeur absolue. Mourir de rire c'est rire intensément, or intensément a une valeur relative, me semble-t-il.
C’est très bien. J’aurai tout manqué, même ma mort. (Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac)
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

On peut d'ailleurs aussi être mort de peur (ou de trouille), de faim, de soif, de fatigue, et être forcément encore vivant en faisant ce constat.
On peut même être à demi mort.
La langue française n'est pas un langage informatique rigoureux ; cela fait partie de son charme et autorise la poésie.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je remarque que vous expliquez votre acceptation, Astragal, par le raisonnement, et vous, Leclerc92, par la poésie.
Dans « mourir de rire » (comme dans « mourir de faim », «... de fatigue »...) « mourir » est évidemment employé au sens figuré : ce n'est pas dans le côté généralement absolu de la mort que l'on trouve un argument pour renoncer à « autant » dans « elle me fait autant mourir de rire ».
Je l'avais dit pour une expression comparable : si l'on peut « autant mourir de rire » à regarder le clown X que le clown Y, alors on doit accepter l'idée de « moins mourir de rire » à regarder le clown Z ou celle de « davantage mourir de rire » à assister à tel spectacle plutôt qu'à tel autre. Inimaginable !
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

J'ai oublié de signaler que l'on peut formuler ainsi, bien sûr : « J'ai dû voir cette scène au moins 100 fois dans ma vie et elle me fait toujours autant rire ! » ou comme ceci : « J'ai dû voir cette scène au moins 100 fois dans ma vie et elle me fait toujours mourir de rire ! »
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Je n'avais pas compris que c'était le "autant" que vous critiquiez et ma réponse concernait seulement le fait qu'on puisse mourir (de rire) plusieurs fois.
Cela dit, puisqu'on peut être "à demi mort", je suppose qu'il y a des degrés dans la mort, sinon dans les faits, du moins dans notre façon d'en parler.
André (G., R.)
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Re: Être « autant » mort de rire

Message par André (G., R.) »

Astragal a écrit : Mourir de rire c'est rire intensément, or intensément a une valeur relative, me semble-t-il.
Le Larousse n'utilise pas « intensément » pour expliquer l'expression, mais « extrêmement » ; et il définit « extrême » ainsi : Qui est au degré le plus intense.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Une actrice : « Je vis plus pleinement ».
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Cette actrice, Marion Cotillard, pour ne pas la nommer, a peut-être trop lu :
Sainte-Beuve :
Boileau, sur le style en vers de Molière, était bien autrement et plus pleinement admirateur que ne durent l'être Racine, La Bruyère et Fénelon.
Buffon :
nous ne pouvons desirer cet objet que pour le voir, pour le goûter, pour l'entendre, pour le sentir, pour le toucher; nous ne le desirons que pour satisfaire plus pleinement le sens avec lequel nous l'avons aperçu.
Pierre Larousse :
S'il m'arrive jamais de commettre quelque faute au préjudice d'autrui, j'en serai honteux, je me repentirai, et je m'empresserai de réparer mes torts le plus pleinement qu'il sera en mon pouvoir.
J'avoue que la formule est tellement courante que je n'ai jamais remarqué qu'elle soit à blâmer. Du reste, l'adjectif "plein" n'a pas un sens absolu. Un récipient peut être à moitié plein, presque plein,... Plus plein est largement employé, plus pleinement en découle.
Mais je comprends que vu froidement, "plus pleinement" peut paraître manquer de rigueur mathématique ; la langue française nous en donne maint autre exemple.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

On ne lit jamais trop ! Mais on a le droit (parfois le devoir) d'être critique à l'égard de tout ce qu'on lit !
Je me rappelle que Jacques n'aimait guère classifier les fautes, je trouve tout de même qu'on peut être indulgent à propos de « plus pleinement ». « Je vis plus intensément » ?
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Un diplomate ignore la distinction nette que font les grammairiens entre superlatif relatif (C'est la plus belle) et superlatif absolu (Elle est très belle) : «... le Président va pouvoir, en se rendant sur place, mesurer à quel point les militaires français mènent au Sahel un combat très difficile... »
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La phrase que je citais ci-dessus, en mai, aurait pu prendre au moins deux formes plus satisfaisantes :
... le Président va pouvoir, en se rendant sur place, mesurer à quel point le combat que les militaires français mènent au Sahel est difficile...
... le Président va pouvoir, en se rendant sur place, constater que les militaires français mènent au Sahel un combat très difficile...
Si l'on accepte « à quel point le combat est très difficile », on ne peut refuser « le combat est moins (ou : plus) très difficile » !

Véritablement, il me semble qu'une personne soucieuse de sa langue doit éviter de relativiser le sens d'un mot à valeur absolue.
Dans mon journal d'aujourd'hui :
L'éponge tueuse du cancer du pancréas
Cet animal marin contient des molécules efficaces contre l'un des cancers les plus incurables...

Un cancer est ou incurable (on ne peut pas en guérir) ou curable (on peut en guérir). Je crois qu'on ne doit dire d'aucune maladie qu'elle serait plus incurable qu'une autre : ce comparatif ne convient pas, le superlatif non plus.
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

On reviendrait à la logique en parlant d'une maladie plus souvent incurable qu'une autre (en réalité ce sont ici les malades qui sont plus souvent incurables).
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