Démissionner

[André (G., R.)]

• Le Larousse, après des explications concernant « démissionner » intransitif, atteste un emploi transitif, qu'il qualifie de familier, de ce verbe (On l'a démissionné).

• Le Grand Robert ne le connaît qu'intransitif, signifiant Donner sa démission.

• Voici trois définitions du Littré :

Démissionner
Donner sa démission.
Et ce n'est que pour les servir que je résiste au désir qui me presse de démissionner et de me retirer paisiblement dans une obscurité qui m'est bien chère, Babœuf, Pièces, I, 211.
Le conseil municipal actuel, au lieu de démissionner, gardera-t-il la position ? Journ. offic. 1er avr. 1873, p. 2274, 2e col.

Démission
(dé-mi-sion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
1 Acte par lequel on renonce à une dignité, à un emploi. La démission des ministres a été acceptée.
Ils n'ont point donné leur démission, Sévigné, 394.
Après sa démission du protectorat, Richard Cromwell voyagea en France, Voltaire, Louis XIV, 6.
Il se dit aussi quelquefois de l'acte par lequel on ôte à quelqu'un un emploi.
Les intérêts de M. de Pomponne ne sont pas encore réglés ; il a sa démission et n'a point encore d'argent, Sévigné, 396.

2 Ancien terme de jurisprudence.
[...]
ÉTYMOLOGIE
Lat. dimissio, renvoi ; de dimissun supin de dimittere (voy. DÉMETTRE).

Démettre
(dé-mè-tr'), je démets, tu démets, il démet, nous démettons, vous démettez, ils démettent ; je démettais ; je démettrai ; je démettrais ; je démis ; démets, démettons ; que je démette, que nous démettions ; que je démisse ; démettant ; démis v. a.
1 Ôter un os de sa place.
[...]
2 Ôter d'un emploi, d'une fonction, d'une dignité. On l'a démis de son emploi.
Il fut démis [de la royauté], et l'on tomba d'accord Qu'à peu de gens convient le diadème, La Fontaine, Fabl. VI, 6.

C'est manifestement dans la deuxième moitié du XX^e siècle qu'est apparue la transitivité plaisante et familière de « démissionner ». Je trouve fâcheux de voir cette évolution de la langue accompagnée de ce qui pourrait être la disparition du verbe démettre, lui-même à l'origine de « démission » et donc de « démissionner », en particulier sous l'action de la presse parfois ignorante.

Dans mon journal :
Les époux Balkany vont être démissionnés*
Le préfet des Hauts-de-Seine va démissionner d'office les deux élus de Levallois...

« D'office » me paraît d'ailleurs proche du pléonasme en complément de ce « démissionner »-là.
« Le préfet... va démettre les deux élus (de leurs fonctions) » me conviendrait, mais je ne suis pas juriste !

* Le correcteur d'orthographe à l'œuvre ici n'accepte pas de s à la fin de « démissionné ».

[Claude]

Démissionner employé transitivement me hérisse tout le système pileux, ce qui n'est pas sans me rappeler l'étudiant qui intègre une grande école.

[...]Le préfet des Hauts-de-Seine va démissionner d'office les deux élus de Levallois...

« D'office » me paraît d'ailleurs proche du pléonasme en complément de ce « démissionner »-là. |...]

Je pense au « volontaire désigné d'office » .

[André (G., R.)]

Démissionner employé transitivement me hérisse tout le système pileux,

ce qui n'est pas sans me rappeler l'étudiant qui intègre une grande école.

Voici une page intéressante à cet égard.

Je pense au « volontaire désigné d'office » .

Oui, « d'office » signifie qu'on ne l'a pas demandé soi-même. Or, quand on est désigné, on l'a rarement demandé soi-même !

[Claude]

[...]

ce qui n'est pas sans me rappeler l'étudiant qui intègre une grande école.

Voici une page intéressante à cet égard.
[...]

Oui, je me rappelle l'avoir mentionné du temps de notre Jacques.

[Leclerc92]

Je vous trouve bien sévères avec ce démissionner transitif, qui n'est pas une nouveauté.
En témoignent le TLFi :

B.− Emploi trans. factitif, fam. Démissionner qqn.Le contraindre à donner sa démission, pour marquer une révocation, un renvoi. Les anciens fonctionnaires donnèrent en masse leur démission. Les autres, on les démissionna (Tharaud, Qd Israël n'est plus roi,1933, p. 72).Être « démissionné » de son mandat par le parti (Le Figaro,31 déc. 1952, p. 7, col. 4).

et l'Académie elle-même, dans sa dernière édition :

☆2. V. tr. Fam. et iron. Obliger quelqu'un à abandonner la charge, l'emploi qu'il occupe, le contraindre à la démission. Démissionner un directeur.

Mais il est évident que l'emploi de ce démissionner doit être fait à bon escient. Dans l'affaire Balkany, c'est bien démettre qui convient.

Il y a un phénomène un peu semblable avec l'emploi transitif de suicider.

[Claude]

Je vous trouve bien sévères avec ce démissionner transitif, qui n'est pas une nouveauté.
[...]

Je m'y habituerai.

[Koutan]

Oui, démissionner quelqu'un, c'est lui retirer une mission, ça n'est pas si choquant.

[André (G., R.)]

Ayant lancé ce sujet, je me sens blessé par votre dernière intervention, Koutan. On ne sait pas bien à qui s'adresse votre adjectif « choquant » mais je ne vois guère comment il pourrait me concerner moins que qui que ce soit d'autre.
Et, de toute manière, sur ce fil, personne n'a jugé choquante l'utilisation de « démissionner » avec un C.O.D. Vous m'avez probablement lu rapidement : j'ai parlé de la transitivité plaisante et familière de « démissionner ». Entre « choquante » et « plaisante et familière », il y a bien davantage qu'une nuance !
Tout lecteur attentif l'a bien compris, j'ai regretté la formule « Le préfet va démissionner les deux élus » pour trois raisons :
• une tournure moins familière, plus neutre (et plus courte !) aurait mieux convenu sous la plume du journaliste, qui a pour mission de rapporter les événements de manière aussi neutre que possible,
• l'évolution qu'il favorise par sa formulation accélère l'éventuelle disparition de « démettre »,
• on ne peut exclure que « démissionner » ait été employé transitivement par ignorance de ce même « démettre ».
Rien ne me choque jamais lorsqu'il s'agit de la langue française.

[Koutan]

Mais non, André, mon adjectif « choquant » ne s'adresse à personne, je l'ai employé comme on l'emploie très couramment pour qualifier quelque chose qui nous déplaît, et que Claude avait pittoresquement traduit par "hérisser tout le système pileux". Mais ce n'est qu'en réfléchissant à cette acception peu usitée de "démissionner" que j'ai pensé qu'on pouvait laisser nos poils au repos. Claude ne m'en voudra certainement pas... D'ailleurs, je pense que Leclerc92 a fait pire que moi, il vous a trouvés "sévères".

[Claude]

[...] Claude ne m'en voudra certainement pas... [...]

Le jour où j'en voudrai à quelqu'un sur le forum, il fera chaud, très chaud, ce sera une canicule permanente, sans oublier les poules qui auront des dents.

[Perkele]

"Le préfet des Hauts-de-Seine va démissionner d'office les deux élus de Levallois..."

Par ce "d'office"-là, je comprends "ce qui relève de ses attributions".

Cela dit, l'emploi transitif de démissionner me semble abusif et désinvolte. "Destituer" me semble plus convenable.

[Perkele]

Trois messages polémiques supprimés par la modération.

[André (G., R.)]

C'est une bonne chose.
Mais des questions restent sans réponse.
Et cette suppression n'intervient qu'après que je me suis rebellé : il s'agit là d'une situation anormale, le mépris reste !
Je retire ma signature.

[Claude]

J'ai dû rater un épisode

[Koutan]

J'avais fourni quelques réponses, sans prétention, mais mon message a été supprimé. Peut-on éventuellement le repêcher ? Je suis désolé d'être en partie responsable de ces bizarreries.