Les faux amis du vocabulaire français

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)

Message par Claude »

Naguère est donc plus proche qu'ANTAN, année précédente.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9736
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Oui :D

Nous avons, chronologiquement : jadis, d'antan et naguère.

En français moderne : autrefois, l'année dernière et il n'y a pas longtemps. :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)

Message par Claude »

Perkele a écrit :Oui :D Nous avons, chronologiquement : jadis, d'antan et naguère.En français moderne : autrefois, l'année dernière et il n'y a pas longtemps. :wink:
Curieusement, antan est devenu l'année dernière et naguère, il n'y a pas longtemps, deux expressions actuelles plus longues que les anciennes, alors qu'à notre époque on cherche vaille que vaille à exprimer quelque chose en un minimum de mots ; on va même chercher dans une autre langue que je ne citerai pas :lol: .
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

claude a écrit :
Perkele a écrit :Oui :D Nous avons, chronologiquement : jadis, d'antan et naguère.En français moderne : autrefois, l'année dernière et il n'y a pas longtemps. :wink:
Curieusement, antan est devenu l'année dernière et naguère, il n'y a pas longtemps, deux expressions actuelles plus longues que les anciennes, alors qu'à notre époque on cherche vaille que vaille à exprimer quelque chose en un minimum de mots ; on va même chercher dans une autre langue que je ne citerai pas :lol: .
C'est étonnant, certes, d'autant que antan (soudure des apocopes de ante annum) a pris de sens de jadis ou " au bon vieux temps ".
On parle de « bon sens populaire », mais là le bon sens fait défaut.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9736
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

J'entends beaucoup employer EMPATHIE en place de SYMPATHIE.

Exemples :
- X apprécie par ailleurs l'empathie exprimée par M. S... lorsqu'Israël a reçu des menaces...
- Le chef du gouvernement e... M. Z... ressent une grande empathie politique pour la candidate Mme R...
- L'institut Opinion Way observe que N. S. serait le vainqueur du débat d'hier soir sur tous les sujets économiques et sociaux, abandonnant les restes d'empathie à S. R. pour les thèmes dits compassionnels.
:roll:

L'EMPATHIE, c'est une ouverture d'esprit qui permet de comprendre objectivement autrui et ses motivations sans pour autant l'apprécier ni partager ses convictions. Cette attitude est le plus souvent volontaire (artificielle), issue d'un long travail sur soi-même, c'est-à-dire qu'elle demande de maîtriser ses sentiments et ses opinions. C'est une attitude professionnelle dans l'exercice des métiers liés à la psychologie.
Ce terme n'est d'alleurs pas répertorié par les dictionnaires de vocabulaire courant. Il appartient au langage de la psychologie.

La SYMPATHIE est un attrait naturel, spontané et chaleureux qu'une personne éprouve pour une autre ou simplement une attitude favorable un sentiment de bienveillance envers quelqu'un ou quelque chose. Ce mot existait déjà en grec ancien ; il est formé de "pathos" : ce qu'on éprouve et "syn" : ensemble, avec. Avoir de la sympathie pour quelqu'un, c'est partager sincèrement ce qu'il éprouve. Différent, non ?

Quant à l'ANTIPATHIE, c'est un sentiment irraisonné de répulsion, d'aversion envers quelqu'un ou quelque chose. Avoir de l'antipathie pour quelqu'un c'est condamner a priori tout ce qu'il représente.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Ces précisions sont utiles. Une fois de plus nous avons un mauvais usage qui se fonde uniquement sur l'attrait exercé par les mots (ce qui est nouveau ou méconnu fait bel effet), usage qui ne se soucie absolument pas de leur signification réelle. Un cas moins fréquent mais caractéristique lui aussi est l'emploi de cautérisation à la place de cicatrisation : cautériser une plaie c'est l'assainir en la brûlant, soit par un fer rougi, soit par une substance chimique, afin de détruire les tissus malsains ou nécrosés.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Ogier de la Gueusaille

Message par Ogier de la Gueusaille »

jac a écrit :Une fois de plus nous avons un mauvais usage qui se fonde uniquement sur l'attrait exercé par les mots (ce qui est nouveau ou méconnu fait bel effet), usage qui ne se soucie absolument pas de leur signification réelle.
Certes, mais ne peut-on considérer que ces mots, outre le «bel effet» qu'ils produiraient, gardent leur fonction de «marqueurs sociaux», c'est à dire qu'ils disent, quand même :P , que celui qui parle ou qui écrit opère (ou croit opérer) dans un registre élévé ? C'est, à mon avis, du même ordre que porter costume et cravate : on peut y étaler le plus mauvais goût ou bien envoyer les signaux discrets d'une appartenance prestigieuse.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9736
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Employer un mot insolite, désuet, recherché, à bon escient dénote un souci de parler avec précision et élégance. Je connais des personnes qui agissent ainsi sans appartenir à un milieu huppé ou à une profession intellectuelle.

L'employer à contresent dénote au contraire la pauvreté de l'intérêt pour la réflexion et un fort instinct grégaire. Je vous concède que ceux qui cherchent à glisser volontairement dans la conversation des mots nouveaux pour eux, sans vérifier leur sens, sont des snobs.

Pourquoi, alors que le sens de "sympathie" de "cicatrisation" ou d'"autrefois" est à la porté de n'importe qui, tolérer qu'on emploie à leur place "empathie", "cautérisation" ou "naguère" qui ont une autre signification ? Ce n'est pas ainsi que l'évolution de la langue peut se faire dans de bonne conditions.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Ma foi Perkele, vous exprimez mieux que je ne l'aurais fait ce que je pense exactement. J'approuve donc sans rien ajouter.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)

Message par Claude »

... Une panne est venue pigmenter le trajet...
Il s'agit d'un extrait de texte rédigé par un membre de ma famille.
Je n'ai pu m'empêcher de sourire.

Ils sont connus mais je signale quand même ces paronymes : PIMENTER et PIGMENTER qui n'ont pas besoin d'être définis :wink:
Avatar de l’utilisateur
Jacques
Messages : 14475
Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum

Message par Jacques »

Klausinski a écrit :C'est en tout cas une expression que l'on trouve dans bon nombre de textes classiques. Ce qui fait que ce soit un pléonasme, je le sais ; ce qui fait que ce n'est pas un pléonasme, voilà ce que j'ignore. On me soutient que ce n'en est pas un : une personne me dit qu'elle a vu cela en cours mais qu'elle ne saurait plus le justifier.
Elle ne sentait que le plaisir de voir monsieur de Nemours, elle en avait une joie pure et sans mélange qu'elle n'avait jamais sentie: cette joie lui donnait une liberté et un enjouement dans l'esprit que monsieur de Nemours ne lui avait jamais vus, et qui redoublaient son amour.
La princesse de Clèves, Madame de La Fayette.
Je ressors les vieux sujets, j'ai manqué celui-ci pendant mon absence. Nous en revenons à l'éternelle histoire : votre expression n'est pas un pléonasme, bien qu'elle s'en approche beaucoup, c'est une tautologie. J'ai développé la question dans un autre sujet. La différence est parfois difficile à établir. Nous dirons que le pléonasme est une répétition fautive, qui adjoint à un mot un adverbe ou un adjectif, voire un nom, qui est déjà inclus dans le mot lui-même : marcher à pied est pléonastique, parce que marcher c'est se déplacer à pied. La tautologie associe deux mots de même sens. Bien qu'elle soit encore condamnée par quelques puristes réticents, on la considère plus généralement comme un effet de style à renforcement, et non fautif.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Nke_j

Message par Nke_j »

ÉBAUDIR verbe : Mettre en allégresse, divertir, égayer.

ÉBAUBIR verbe : Surprendre.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9736
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Après recherches, je n'ai trouvé qu'un verbe ébaudir :
TLF a écrit :ÉBAUDIR, verbe.
Vieux
A. Emploi trans. Mettre en allégresse, divertir, égayer. Il nous a ébaudis avec son récit extravagant (Ac. 1932).
B. Emploi pronom. réfl. S'égayer, se réjouir. La joie calme où s'ébaudissait mon âme. (BAUDEL., Poèmes prose, 1867, p. 79). Tout ce monde-là (...) ne demandait qu'à s'ébaudir, rigoler et chanter avec l'entrain canaille d'une flotte de canotiers de la Seine (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 213, 214).
Rem. 1. On rencontre surtout l'emploi pronom. 2. L'orth. arch. s'esbaudir est parfois empl. avec une valeur d'affectation ou d'ironie plus ou moins plaisante. L'âge (...) ne nous aide pas seulement à nous plaire au milieu des vivants, à nous esbaudir des raseurs, à nous émerveiller des idiotes (MAURIAC, Journal 1, 1934, p. 86). Encore un petit coup à la bière... on pourra jamais se relever... alors ça sera beaucoup mieux... ils bavachent... ils s'esbaudissent tous les fainéants... (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 256).
Prononc. et Orth. : []. Demi-longueur de [o] ds PASSY 1914 et BARBEAU-RODHE 1914. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1100 pronom. « être rempli de joie, d'ardeur » si s'esbaldissent Franc (Roland, éd. J. Bédier, 1524); ca 1160 trans. (Enéas, 675 ds T.-L.). Dér. de l'a. fr. bald, balt « joyeux » ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 96 : balz e liez), v. baud. Fréq. abs. littér. : 20. Bbg. GIR. t. 2. Nouv. Rem. 1834, p. 33.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Avatar de l’utilisateur
Claude
Messages : 9173
Inscription : sam. 24 sept. 2005, 8:38
Localisation : Doubs (près de l'abreuvoir)

Message par Claude »

Je crois qu'il y a confusion avec le paronyme ÉBAUBIR :wink: .
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9736
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Merci Claude : je vais de ce pas prendre rendez-vous chez l'ophtalmo. :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Répondre