Les faux amis du vocabulaire français

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9723
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Merci de me remettre dans le droit chemin. Je vais en profiter pour briller en société. 8)
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Leclerc92
Messages : 3915
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

Le dieu des éclairs brille partout, en plein jour ou même dans la nuit !
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9723
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Message par Perkele »

Flatteur ! :diablesse:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Leclerc92
Messages : 3915
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

Revenant sur la condamnation de "sanctionner quelqu'un" par l'Académie, je dois dire à la réflexion que la position de l'Académie est bien intransigeante. Il me paraît normal que, puisque "sanctionner" a pris le sens de "punir", il en admette les deux constructions : on peut punir une faute et on peut punir quelqu'un. Pourquoi en irait-il différemment de "sanctionner" ?
Du reste, Girodet reconnaît (sans l'encourager toutefois) le sens actuel : sanctionner un délit, un coupable. Jean-Paul Colin ne bronche pas non plus et cite cet exemple de Camus, qui figure dans le Petit Robert : « sanctionner une faute, qqun [...] Les pénalités très graves qui sanctionnaient ce genre d'entreprises. » J'ai cru un instant que Camus nous exonérait de tout péché, mais en replaçant la phrase dans son contexte (La Peste), je vois que "entreprise" ne désigne pas une société mais une action ! Camus n'a donc point "fauté". Il n'empêche que le péché, quand péché contre l'Académie il y a, m'apparaît finalement véniel.
Mais me direz-vous peut-être, pourquoi utiliser le lourd "sanctionner" dans le sens de "punir" ? Ne peut-on se contenter de "punir", voire "châtier" (pour "quelqu'un")? Si, sûrement, mais la richesse d'une langue réside aussi dans le nombre de ses synonymes ou quasi-synonymes.
Leclerc92
Messages : 3915
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Message par Leclerc92 »

Les articles des journaux sur le bon usage tendent parfois à pousser le bouchon un peu trop loin, pressés qu’ils sont de trouver quelque chose à dire pour nous culpabiliser ! Ainsi dans l’article déjà cité plus haut, on nous prie de ne pas confondre « associable » et « insociable ». Franchement, qui a déjà confondu ces deux mots ?

Voilà ce qu’on nous dit :
● Associable, insociable
Non seulement nous confondons les deux termes mais en plus, deux termes au sens diamétralement opposé: comme le suggère le préfixe «-in», «insociable» désigne «qui n'est pas capable de relations aimables ou agréables avec ses semblables». Le mot est issu du latin insociabilis, «qu'on ne peut associer à, incompatible». Quelqu'un d'«associable» est, au contraire, celui «qui peut être associé», «sociable, qui vit ou peut vivre en société».
Mais « associable » n’est même pas dans le dictionnaire de l’Académie et le sens qu’il a dans le TLFi
http://www.cnrtl.fr/definition/associable
est seulement « qui peut être associé ». Contrairement à ce que suggère le journaliste, le sens de «sociable, qui vit ou peut vivre en société» n’est pas un sens actuel, mais un sens du mot en ancien français quand il est apparu (attestation de 1355 dans le TLFi) !
J’ai l’impression que le journaliste ou le pigiste trop rapide aurait peut-être voulu parler de « asocial » qui existe bel et bien et est plus ou moins synonyme de « insociable », moins utilisé.
jarnicoton
Messages : 1141
Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par jarnicoton »

Lu comme titre d'une vidéo :

"Le président ukrainien Limoges deux de ses collaborateurs"
Leclerc92
Messages : 3915
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par Leclerc92 »

Encore une blague de correcteur automatique, assortie d'un manque de relecture.
Cela dit, Limoges et limoger ne sont pas tout à fait des faux amis ; ils sont parents !
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9723
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par Perkele »

Et je ne suis pas entièrement convaincue que, traditionnellement, dans cette région du monde, ce soit à Limoges qu'on assignait à résidence les hauts fonctionnaires démis de leur fonction.

On les tchernobylisait, peut-être ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
Leclerc92
Messages : 3915
Inscription : jeu. 29 nov. 2012, 17:06

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par Leclerc92 »

Il s'agit moins d'une tradition que d'un événement ponctuel qui a suffi pour créer le néologisme :
Étymol. et Hist. 1916 (340einf., août ds Esn. Poilu); 1922 (Proust, Temps retr., p. 733); 1934 subst. limogé « celui qui a été limogé » (L. Daudet, loc. cit.). Dér. de Limoges, ville du centre de la France, où le généralissime Joffre assigna à résidence les officiers d'état-major qu'il avait relevés de leur commandement au début de la première guerre mondiale (v. Esnault, Notes compl. Poilu).
https://www.cnrtl.fr/definition/limoger ... n%C3%A9ral.
Avatar de l’utilisateur
Perkele
Messages : 9723
Inscription : sam. 11 juin 2005, 18:26
Localisation : Deuxième à droite après le feu

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par Perkele »

Vous avez raison !
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
jarnicoton
Messages : 1141
Inscription : mar. 11 sept. 2012, 9:16

Re: Les faux amis du vocabulaire français

Message par jarnicoton »

J'ai proposé en privé voici une vingtaine d'années à un conseiller municipal de Limoges la création d'un musée des généraux limogés. Il a cru à une plaisanterie de mauvais goût.
Répondre