Jadis

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fleurette
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Jadis

Message par fleurette »

doit -on prononcer le "s" de jadis ou pas ? :oops:
Merci de me répondre
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Oui, on doit le faire entendre.
Jadis, attesté dès 1175, vient de ja a dis, qui signifiait « il y a déjà des jours » ; dis vient du latin dies, jour.
On retrouve le singulier di dans les jours de la semaine, lundi, mardi, etc. Le s du pluriel dis ne devrait plus se prononcer, mais à mon avis il a été maintenu pour éviter une confusion avec ja dit (déjà dit).
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous dites qu'on ne devrait plus prononcer le S de dis, cela signifie-t-il qu'on prononçait le S du pluriel en latin ? Je n'ai jamais fait de latin.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

En latin, on devait sans doute le prononcer, pour marquer la différence avec l'ablatif die. Mais le s ne marquait pas le pluriel, en latin.
Je pensais plutôt au français, qui a perdu la prononciation de la plupart des consonnes finales après le moyen âge, il me semble (sujet déjà abordé ici).
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Marco
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Message par Marco »

On trouve le ‘s’, cependant, surtout à l’accusatif pluriel (dominos, rosas, cives, etc.). Il est certain qu’il se prononçait à l’époque classique.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je ne saurais dire pourquoi, mais cela me semble logique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Marco a écrit :On trouve le ‘s’, cependant, surtout à l’accusatif pluriel (dominos, rosas, cives, etc.)
D'où a dû venir le s du pluriel français, puisque les mots latins sont "entrés" en français sous la forme de l'accusatif, c'est du moins ce que disent les historiens de la langue.
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Marco
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Message par Marco »

Oui, et nous en avions parlé quelque part ici…
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est curieux, pourquoi l'accusatif et pas le nominatif, cela paraîtrait plus logique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Je replonge dans ma grammaire d'ancien français pour vous répondre.
En fait, l'ancien français déclinait les mots en deux cas, le cas-sujet, issu du nominatif latin, et le cas-régime, venant lui de l'accusatif. Et c'est le français qui, en abandonnant les déclinaisons vers le quatorzième siècle, n'a conservé que le cas-régime, ancien accusatif latin.
Illustration :
Masculin

1ère déclinaison
singulier CS li murs CR le mur
pluriel CS li mur CR les murs

2e déclinaison
singulier CS li pere CR le pere
pluriel CS li pere CR les peres

3e déclinaison
singulier CS li lerre CR le larron
pluriel CS le larron CR les larrons

Au féminin, le cas-sujet et le cas-régime sont semblable, sauf dans la 3e déclinaison au singulier :
CS la nonne CR la nonnain

Exceptions : CS la suer CR la seror - CS li prestre CR le provoire - CS li traître CR le traîtor, où le cas sujet est passé en français moderne, ainsi que certains prénoms d'origine germanique Charles - Charlon, Hugues - Hugon, Gui - Guion...

Dans certains cas, les deux formes sont restées, quelquefois en se spécialisant : Nonne - nonnain, moulinette - flop, sire - seignor, compain - compagnon.

Pour la raison du choix du cas-régime, il faudrait peut-être étudier les fréquences relatives des deux cas dans les textes : les noms sont peut-être moins utilisés en tant que sujets qu'en tant que compléments.
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