Le français du règne de Louis XIV

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Jacques-André-Albert
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Le français du règne de Louis XIV

Message par Jacques-André-Albert »

Je voudrais vous faire partager ma découverte du livre de Jean Hindret, L'art de prononcer parfaitement la langue française (1696), éclairage très instructif sur la norme du beau langage de cette époque.

Les consonnes finales

On y apprend que « ce serait parler comme un homme de province, de faire sonner l'L du mot il » dans cette phrase : a-t-il été chez vous ?
Hindret recommande donc de prononcer « ati aité » et non « atilaité ». C'est juste le contraire de ce qui est ressenti à notre époque, où « ati été » fait populaire ou campagnard.

La consonne finale n'est pas prononcée dans les mots en -oir comme entonnoir, encensoir, parloir, miroir, tiroir abreuvoir.
Font exception le G de sang et de rang, « qu' on prononce devant les voyelles en lisant des vers & parlant en public & qu' on fait son ner comme un c. » Mais Hindret déconseille cette prononciation dans le langage familier, et, même dans le discours public, il lui trouve une certaine rudesse.
Mais les mots long et joug gardent, selon lui, leur G final prononcé K en toute circonstance : « ce long amas d'aïeux » doit se dire « ce loncamâ d'ayeû » et joug garde toujours son g (un joucinsuportable, le joucdu mariage, souzun joucrigoureux).
Dans l'adjectif sot, on fait entendre le t quand il est suivi d'une voyelle, mais pas quand il est suivi d'une consonne. Mais dans le substantif, on doit toujours l'entendre : c'est un sott, et non pas c'est un so.

À suivre...
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

Tout cela est à l'inverse de ce qui se pratique de nos jours. La prononciation est donc une affaire de mode.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Le t final du fat, qui est un sot, se serait donc, lui, conservé.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il me semble que les avis sont partagés, et que certains prononcent fa.
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Perkele
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Message par Perkele »

Oui, je prononce "fa"... et "so". Mais je reconnais ne pas les employer souvent.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Je fais comme Perkele.
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cyrano
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Message par cyrano »

Peut-être la question a-t-elle déjà été évoquée ailleurs, mais à propos de consonne finale, j'ai toujours un problème avec la prononciation de legs.

J'entends les deux prononciation et le Petit Robert les autorise aussi. J'aurais tendance à ne pas prononcer le -g final, mais au pluriel cela donne alors un peu élégant [lê lê]...
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Il semble que legs vienne du verbe laisser, et se soit écrit lais au moyen âge :
le TLFI a écrit : Altération sous l'infl. du lat. legatum « legs », v. légat II de l'a. fr. lais, v. lais, par suite d'un faux rapprochement étymol., qui rapproche ce mot de léguer et le sépare de laisser.
.
Ne pas faire entendre le G est donc plus conforme à l'étymologie, mais peut être mal compris des interlocuteurs, à cause des confusions possibles avec l'article et pronom les, sans parler du lait, mais qu'on ne trouve pas dans le même contexte.
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Jacques
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Message par Jacques »

J'ai entendu dire qu'il fallait prononcer less, c'était je crois mon prof de droit qui le prétendait. Mais si on en croit Littré il se trompait :
LEGS (lè ; le g ne se prononce pas, et il ne faut pas dire, comme quelques-uns, lègh ; l's se lie : un lè-z exorbitant, des lè-z exorbitants.
Mais Robert admet lèg' et lè. L'Académie aussi :
LEGS (se prononce lè, ou parfois lègue)
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Perkele
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Message par Perkele »

C'est un peu comme la prononciation de "lacs" (lâ) dans "tomber dans el lacs", par exemple, peu nombreux sont ceux qui comprennent.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Herdé76
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Message par Herdé76 »

Je prononce fat "fa" et lacs "lak" je sais c'est "incoyable" !
Nota : Ces lacs me rappellent les souliers de verre (vair = petit-gris) de Cendrillon.
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Jacques
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Message par Jacques »

Herdé76 a écrit :Je prononce fat "fa" et lacs "lak" je sais c'est "incoyable" !
Nota : Ces lacs me rappellent les souliers de verre (vair = petit-gris) de Cendrillon.
Lacs est un mot ancien qu'on retrouve dans lacet, de même famille et qui en est très proche : tomber dans le lacs c'était tomber dans un piège (le collet qui se resserre sur la proie). Et il se prononce bien lass.
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Perkele
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Message par Perkele »

Herdé76 a écrit :Je prononce fat "fa" et lacs "lak" je sais c'est "incoyable" !
Nota : Ces lacs me rappellent les souliers de verre (vair = petit-gris) de Cendrillon.
ts ts, dans l'histoire il s'agit de pantoufles ; des pantoufles d'hiver. :wink:
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques a écrit :
Herdé76 a écrit :Je prononce fat "fa" et lacs "lak" je sais c'est "incoyable" !
Nota : Ces lacs me rappellent les souliers de verre (vair = petit-gris) de Cendrillon.
Lacs est un mot ancien qu'on retrouve dans lacet, de même famille et qui en est très proche : tomber dans le lacs c'était tomber dans un piège (le collet qui se resserre sur la proie). Et il se prononce bien lass.
En provençal les braconniers utilisent toujours des "lèques".
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit : En provençal les braconniers utilisent toujours des "lèques".
C'est-à-dire des collets ?
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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