Prononciation des virgules

[Jacques-André-Albert]

Je viens d'entendre, pour la Nième fois, et dans la bouche d'un homme de télévision, une liaison enjambant allégrement une virgule.
« Les zones rouges sont, elles, indemnes » avec une prononciation équivalente à « sont-elles ».
Il me semble qu'à l'écrit la virgule s'impose, et qu'à l'oral on doit la faire sentir, et en tout cas bannir la liaison.

[Jacques]

Je le pense aussi. La virgule sert à marquer une courte pause. S'il y a pause il n'y a pas de liaison. L'absence de liaison a en outre ici son utilité évidente, elle permet d'éviter la confusion avec la forme interrogative.

[Claude]

Quand on pense que la place d'une virgule peut jouer sur la vie :
- fusiller, impossible libérer.
- fusiller impossible, libérer.

[Perkele]

Il me semble qu'à l'oral, je me serais senti obligée d'ajouter "quant à" : "Les zones rouges sont, quant à elles, indemnes..."

[Manni-Gédéon]

J'ai souvent entendu ce genre de liaison à la télévision.
Ce n'est malheureusement pas la seule faute répandue parmi les journalistes de télévision.

À propos de la prononciation des virgules, je ne résiste pas à la tentation de vous rappeler cette leçon. Si vous n'avez pas la patience de tout écouter, commencez à la 4e minute.

[Claude]

Vous avez bien fait de ne pas résister ; cette vidéo est intéressante depuis le début, même avant l'arrivée de Châteaubriand.

[Jacques-André-Albert]

Je reviens sur ce sujet de la mauvaise diction des journalistes après avoir entendu, ce matin encore, cette grosse faute de diction qui consiste à lier le pronom personnel « elle » au verbe précédent dont il est normalement séparé par une virgule.
Ainsi, ce matin, j'ai pu entendre « la communauté internationale s'est, elle, émue de ce nouvel acte de violence » prononcé comme cette autre phrase « la communauté internationale s'est-elle émue de ce nouvel acte de violence ? », l'intonation peu naturelle portant encore plus à la confusion.

[Jacques]

Ces gens sont-ils seulement capables de comprendre la nuance importante qui réside dans une bonne prononciation ?

[Claude]

Je crois avoir déjà entendu ce genre de phrase construite sous la forme interrogative mais qui ne l'est pas ; dans ce cas l'auteur ne ponctue pas. Est-ce une forme admise ? Je n'en sais rien.

[Jacques-André-Albert]

Je ne trouve malheureusement pas de référence pour ce cas dans les règles de liaison proposées sur le Net.

[Claude]

Voici un exemple de Maupassant :
« N'est-ce pas malheureux d'être sentimental à ce point-là ! ».
Ici la forme interrogative se traduit par une exclamation.

[Jacques]

C'est donc une fausse interrogation ; pourrait-on dire une interrogation exclamative ?

[André (G., R.)]

Les livres que j’enregistre me mettent sans cesse en présence de phrases du genre Les zones rouges sont, elles, indemnes ou Les enfants étaient, eux, déjà au lit. Je marque alors une coupure avant le pronom entre virgules. Avez-vous observé que l’on est moins tenté de faire la liaison après étaient ?
Votre lien, Manni-Gédéon, se refuse à moi ! Mais je sais qu'il s'agit d'un sketch de Michel LEEB, très amusant.
Il me semble qu’une phrase de forme interrogative, du fait de la présence d’un mot interrogatif et d’un ordre de mots adapté, peut être prononcée sur un mode exclamatif et se terminer à l’écrit par un point d’exclamation. Mais je ne suis pas certain d’avoir bien compris la nature de la difficulté que vous soulevez, Claude et JAA.

[André (G., R.)]

C'est donc une fausse interrogation ; pourrait-on dire une interrogation exclamative ?

Je ne le pense pas. Il s'agit d'une véritable exclamative : on la reconnaît à l'oral au ton sur lequel elle est dite, à l'écrit au point d'exclamation.

[Claude]

Je m'aperçois que mon exemple diffère de la phrase de JAA car sa forme est interrogative négative.