André (G., R.) a écrit :Vous êtes plus connaisseur que moi, qui n'ai abordé que superficiellement la phonétique jadis. Je peine tout de même à vous suivre : votre phrase pourrait signifier qu'on ne trouve plus, en français contemporain, que des consonnes sonores entre deux voyelles, ce qui n'est évidemment pas exact. Y a-t-il des voyelles ou sons vocaliques qui favorisent plus que d'autres la transformation de la sourde en sonore ?
La sonorisation des consonnes sourdes intervocaliques est surtout un changement phonétique ancien.
Sur ce changement, il faut savoir que lorsqu'on a une occlusive sourde simple en latin, celle-ci va connaitre une sonorisation normalement et parfois aussi une perte de la consonne sonore. C'est le cas de "roue" qui vient du latin ROTA qui a d'abord évolué en un "roda" (rueda en espagnol) et ensuite il y a eu un affaiblissement de la consonne intervocalique, à cause, encore une fois, du caractère sonore des voyelles.
Il y a aussi des exceptions puisque le /k/ selon la voyelle qui suit a pu connaitre d'autre changements (palatalisation).
A noter aussi que certaines consonnes (comme le /r/ et le /l/) n'empêchent pas la sonorisation : avril < APRILI, "pierre" < PETRA (avec une étape intermédiaire avec un /d/).
Mais il y des mots en latin qui avaient des consonnes géminées : celles-ci vont être simplifiées et donc pas nécessairement sonorisées. (coupe < CUPPA)
Mais la tendance à la sonorisation est bien réelle, même aujourd'hui. Des études (en espagnol, mais il n'y a pas de raison que ça ne se produise pas aussi en français) ont montré que lorsqu'on fait un enregistrement d'un mot avec deux consonnes occlusives sourdes, l'une en position initiale et l'autre en position intervocalique (du genre "papa"), la deuxième consonne, si on observe le spectrogramme du mot est réalisée avec un caractère sonore. En d'autres termes, la réalisation est sonore, mais la perception que l'on a, c'est celle d'une consonne sourde.