Jacques a écrit :Quelqu'un qui s'est fait une réputation en participant à des jeux télévisés portant sur les mots et la langue dénonce une formule en usage dans les établissements d'enseignement, où l'on parle d'effacer le tableau.
D'après son raisonnement, auquel j'ai adhéré pendant bien des années, ce n'est pas le tableau qu'on efface mais ce qui est écrit dessus : ce tableau, on le nettoie.
J'ai récemment découvert la rhétorique et suis tombé sur le chapitre métonymie (metônumia, « changement de nom»). Il y est dit que le phénomène, entre autres formes, permet de prendre le contenant pour le contenu, lorsqu'on dit « J'ai fini mon assiette », « Nous avons bu une bouteille de soda », « Il a utilisé tout le pot de peinture ». C'est évidemment le contenu de l'assiette, de la bouteille ou du pot qui est en cause, et non le récipient. La métonymie permet quantité d'autres transferts de nom sur lesquels je passe. Je pense donc qu'elle autorise ce même transfert dans le cas évoqué, pour dire qu'on a effacé un tableau.
Sept ans après ! Pourquoi pas ?
La métonymie que comporte
effacer le tableau n’est peut-être pas tout à fait comparable à celles de
boire un verre ou
finir son assiette : le tableau noir ne « contient » pas le texte écrit à la craie exactement de la même manière que le verre contient le vin et, si l’on veut, pour redonner à chaque mot son sens véritable, supprimer les métonymies de
boire un verre ou
vider son assiette, on ne peut le faire qu’en procédant à des ajouts (
boire le vin d’un verre ou
finir la soupe de son assiette), tandis que
essuyer le tableau, sans métonymie, est aussi court que
effacer le tableau et correspond mieux à la réalité. Je trouve donc nettement moins justifié
effacer le tableau que
finir son assiette.