Les figures de style

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Jacques
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Message par Jacques »

Contre tous les avis, je maintiens avec Perkele qu'il n'y a pas de litote. L'exemple de Chimène s'adressant à Rodrigue est donné par tous les auteurs, j'ai voulu l'éviter pour faire preuve d'imagination et varier.
La litote n'est même pas certaine, car elle veut peut-être dire au sens littéral à Rodrigue : Je n'ai pas de haine envers toi pour avoir tué mon père, le duel était légitime. Tu devais laver l'honneur du tien.
Quand on parle de sacrifice suprême on ne dit pas le moins, car l'expression est déjà très forte. Une litote minimiserait les faits, ce qui n'est pas le cas.
Voici encore un exemple caractéristique de litote. Parlant de quelqu'un qui vous a joué un sale tour, ou lancé une grave insulte, vous direz : Il n'est pas très gentil, ce qui en réalité veut dire c'est un salopard.
L'euphémisme est peut-être ce qui se rapproche le plus : le sacrifice suprême, c'est une image pour « le don de soi pouvant aller jusqu'à la mort ». On pourrait peut-être d'ailleurs parler d'une allégorie, mot qui, en rhétorique, prend de nombreuses acceptions.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Pour moi l'allégorie est indissociable d'une personnification...

"Sacrifice suprême" remplace bel et bien "aller consciemment à la mort" : c'est un euphémisme.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Mon dictionnaire de rhétorique affirme que l'allégorie se distingue de la personnification par la nature du comparé qui est toujours une notion abstraite : le « sacrifice suprême » est bien une notion abstraite.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

Certes, mais il n'est pas personnifié, il ne fait pas quelque chose à la manière d'une personne comme la victoire qui tend les bras ou la justice qui est aveugle.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Le sacrifice suprême, c'est la mort consentie par abnégation et dévouement. La mort est personnifiée.
Mais je reprends ce que je dis ci-dessus : le dictionnaire de rhétorique insiste sur la dissociation entre personnification et allégorie, ce qui veut dire que l'un ne dépend pas de l'autre.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Bernard_M
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Message par Bernard_M »

Perkele a écrit :[...]"Sacrifice suprême" remplace bel et bien "aller consciemment à la mort"[...]
C'est aussi mon avis et je rajouterais volontairement, pour prendre en compte l'aspect d'acceptation par l'intéressé de risques pouvant conduire à des situations extrêmes.
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Jacques
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Message par Jacques »

Bernard_M a écrit :
Perkele a écrit :[...]"Sacrifice suprême" remplace bel et bien "aller consciemment à la mort"[...]
C'est aussi mon avis et je rajouterais volontairement, pour prendre en compte l'aspect d'acceptation par l'intéressé de risques pouvant conduire à des situations extrêmes.
Vous êtes donc d'accord pour dire qu'il n'y a pas de rapport avec une litote.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
André (G., R.)
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Re: Les figures de style

Message par André (G., R.) »

Voilà l'une des discussions qui m'ont incité à m'inscrire sur FNBL. J'admirais beaucoup les compétences de Jacques en matière de stylistique, où je suis mal à l'aise.

Dans le dernier exemplaire de la revue Défense de la langue française, Jean-Pierre COLIGNON considère quelques expressions contenant le mot clou, par exemple Être maigre comme un clou, à propos de quoi il écrit :

Cela se dit par hyperbole d'un individu grand, sec et très maigre. Il s'agit alors d'une comparaison exagérée qui touche à l'adynaton, puisque l'on sort du domaine du possible, et à la tapinose, puisque c'est une hyperbole contraire, à caractère réducteur...

L'adynaton (nom masculin au pluriel adynata) et la tapinose m'étaient strictement inconnus jusqu'à cette lecture.
L'hyperbole, autant que je sache, comporte toujours une exagération : « N'avoir que la peau et les os », souvent donné comme exemple de cette figure de style, est tout de même, stricto sensu, hors du domaine du possible ! La limite avec l'adynaton ne me paraît donc pas nette. Bon, tout est dans le degré d'exagération ! Et tout le monde ne ressent pas une outrance de la même manière : peut-être ce qui est adynaton pour vous ne le sera-t-il pas pour moi, et inversement.
Quant à la tapinose, je vois que « litote » et « euphémisme » sont utilisés pour l'expliquer, ce qui me questionne, eu égard à « être maigre comme un clou ».
Raes
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Re: Les figures de style

Message par Raes »

Voyage au bout de la nuit est un récit à la première personne dans lequel le personnage principal raconte son expérience de la Première Guerre mondiale, du colonialisme en Afrique, des États-Unis entre les deux guerres et de la condition sociale en général. Les figures de style utilisées dans Voyage au bout de la nuit ont des significations profondes. Voyage au bout de la nuit reflète une vision pessimiste de la condition humaine dans laquelle la souffrance, la vieillesse et la mort sont les seules vérités éternelles. La vie est misérable pour les pauvres, futile pour les riches, et les espoirs de progrès et de bonheur humains sont illusoires.
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Perkele
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Re: Les figures de style

Message par Perkele »

La fonction des figures de style est précisément d'appuyer ce que dénotent les mots.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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