Prolepse et anacoluthe

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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

La grammaire stricte exigerait, si l'on veut mettre en valeur la rupture de construction, donc garder les mots d'origine, quelque chose comme : À huit ans, il a été confronté au fait que son père est mort alcoolique.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Titre dans mon journal : L'auto du sous-préfet volée pour fuir sa femme
On lit dessous : il se chipote avec sa femme puis enchaîne idiotie sur idiotie. Là « se chipoter » – à moins que vous lui connaissiez cet emploi pronominal ? – me semble remplacer fautivement « se chamailler ».
Pour le grammairien strict, la femme évoquée dans le titre est celle du sous-préfet,... voire celle de la voiture ! Non celle du voleur.
L'anacoluthe réside dans l'absence de « qu'il puisse » (par exemple) entre « pour » et « fuir ». Toutefois « L'auto du sous-préfet volée pour qu'il puisse fuir sa femme » n'exclurait pas que ce soit le sous-préfet qui fuit sa femme !
Une formulation plus journalistique, en particulier, donc, pour un titre, aurait consisté à écrire, à peu près aussi brièvement : Il vole l'auto du sous-préfet pour fuir sa femme.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Belle anacoluthe dans une lettre de candidature humoristique relevée sur
https://www.ouest-france.fr/bretagne/va ... zz-5298120
« De nature festive, dynamique et motivé, souriant, élégant, votre annonce a retenu toute mon attention. »
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Et il a été pris à l'essai... décidément, ces bretons-là sont fidèles à leur réputation :lol:
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

De nature festive, dynamique et motivé, souriant, élégant, JE VOUS INFORME QUE votre annonce a retenu toute mon attention.
Sans rapport avec l'anacoluthe caractérisée : une personne peut-elle être « de nature festive » ?
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Les journalistes se voient facilement refuser l'accès à une ville syrienne. L'un d'eux explique cela ainsi : À Racca, sans autorisation, on vous demande de faire demi-tour. Je vois là une anacoluthe, qu'il me semble pouvoir mettre en évidence de deux manières :
1 - À Racca, sans autorisation, vous constatez qu'on vous demande de faire demi-tour.
2 - Si vous êtes à Racca sans autorisation, on vous demande de faire demi-tour.
Mais il serait probablement préférable de s'éloigner un peu de la phrase d'origine : À Racca, sans autorisation, vous êtes prié (sommé) de faire demi-tour.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

J'ai d'abord pensé que la simple omission de « neuf » ou « à l'achat » dans cette phrase de mon journal la rendait anacoluthique : D'une valeur de 3600 €, il est inutilisable (il s'agit d'un déambulateur qu'un invalide s'est fait dérober et qui lui a été restitué endommagé). Mais la grammaire me paraît sauve. Toutefois, si concentrée, l'expression peut sembler audacieuse.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Il faudrait un lien logique entre l'apposition et l'objet auquel elle se rapporte. La valeur annoncée devrait se justifier par la proposition, par exemple : D'une valeur de 3600 €, il peut rendre bien des services. Si on prend la succession des deux affirmations, on comprend : parce qu'il vaut 3600 €, il est inutilisable. C'est donc un raccourci très osé pour signifier que le préjudice est grand.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Nous sommes donc strictement d'accord : si la grammaire ne souffre pas, on ne peut pas en dire autant de la sémantique.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

« ... des amis qui ont décidé de se marier et qui me font l'honneur et le bonheur d'être leur témoin ». Cette fin de phrase devient irréprochable, me semble-t-il, si on lui ajoute trois mots : ... des amis qui ont décidé de se marier et qui me font l'honneur et le bonheur de me demander d'être leur témoin. La mise en relief de l'anacoluthe coïncide, je crois, avec une formulation satisfaisante.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Sur un réseau social, sous une carte du monde : Pour donner du vin, il faut respecter quelques critères. Cette phrase signifie pour moi qu'on doit avoir des règles lorsqu'on veut offrir une bouteille de vin. Or son auteur voulait sans doute dire : Pour qu'un terroir puisse donner du vin, il faut respecter quelques critères.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

À moins que..., non, non, ce ne pourrait être ça.
Quantum mutatus ab illo
André (G., R.)
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Les hommes les plus aisés vivent-ils... chez les femmes ?

Message par André (G., R.) »

Dans mon journal :
En France, les hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les plus modestes, et 8 ans de plus chez les femmes.

Bien entendu, la deuxième partie de cette phrase veut nous dire que, parmi les Françaises, les plus aisées vivent huit ans de plus que les plus modestes. Mais sa structure est telle que « , et 8 ans de plus chez les femmes », malgré la virgule, ne peut être vu grammaticalement que comme une deuxième proposition indépendante dont le sujet et le verbe, sous-entendus, seraient identiques à ceux de « En France, les hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les plus modestes ». La répétition du verbe donnera donc : En France, les hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les plus modestes, et ils vivent 8 ans de plus chez les femmes !
Vingt-et-une années supplémentaires pour les hommes riches vivant chez les femmes ?!

J'ai hésité avant de choisir ce fil, mais je crois pouvoir mettre ainsi l'anacoluthe en relief : En France, les hommes les plus aisés vivent 13 ans de plus que les plus modestes, et la durée de vie est de 8 ans de plus chez les femmes aisées que chez les femmes modestes. J'insiste, cette phrase inélégante, où l'on peut aussi regretter la répétition de « ans de plus », ne se veut pas une proposition d'amélioration, mais seulement une caractérisation de l'anacoluthe.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

La phrase initiale est vraiment mauvaise.
Je préférerais :
En France, les plus aisés vivent plus longtemps que les plus modestes, 13 ans pour (chez) les hommes et 8 ans pour (chez) les femmes.
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Claude
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Message par Claude »

Votre phrase est la plus élégante.
Cependant, sur le fond et quelle que soit la forme de la phrase, je trouve bizarre que les gens les plus aisés sont comparés à ceux les plus modestes alors que les chiffres donnés comparent les hommes les plus aisés aux femmes les plus aisées :?:
Mais peut-être que cela dépend du contexte.
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