Devinette

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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Rendons à César... si je puis dire, ou plutôt rendons à Vercingetorix ce qui lui revient.
1/ leuga, qu'on rencontre aussi sous les formes leuca et leuva, désignait la lieue gauloise et valait environ 2,4 km. Le mot a donné le français lieue et l'anglais league.
2/ Le dieu Lugus était vénéré dans tout le monde celte, de l’Irlande à l'Espagne chez les Celtibères. En Gaule, son souvenir reste dans les toponymes issus de Lugudunum, la forteresse de Lugus : Lyon, Loudun, Laon, et de Lugoialon, la clairière de Lugus : Ligueil (Indre-et-Loire).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

En effet, c'est bien au latin leuga qu'est apparenté leugaire. Les bornes leugaires se trouvaient toutes les lieues, c'est-à-dire, effectivement, tous les 2,4 kilomètres.
Il ne me semble pas qu'il y ait de rapport entre leuga et le dieu Lugus.
Mais il me reste à copier ce que j'ai lu hier dans mon journal à propos d'une randonnée proposée dans la région mancelle.
Dans les pas des michalots*
Emprunté par Louis XI, le 25 août 1470, pour aller au Mont, le chemin montois fut dénommé voie du camp de César par l'historien André Bouton. Ce même chemin servit de décor à Scarron pour illustrer quelques épisodes du Roman comique.
Sur son bord fut fondé, en 1121, le prieuré de Montaillé qui devait servir d'hôpital. Une croix contemporaine du prieuré, restaurée en 1998, d'un poids de 650 kg, s'y trouve toujours. Elle est citée comme croix leugaire, servant de borne à la lieue gauloise.
D'autres pèlerins occupent aujourd'hui le site : ceux de l'abbé Pierre portant la bannière des compagnons d'Emmaüs. Les michalots des temps modernes prennent désormais le car pour piétiner le sol sacré.
*Pèlerins du Mont-Saint-Michel
Ne trouvez-vous pas un peu curieuse la dernière phrase Les michalots des temps modernes prennent désormais le car pour piétiner le sol sacré ?
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

André (G., R.) a écrit :Il ne me semble pas qu'il y ait de rapport entre leuga et le dieu Lugus.
Non, pas de rapport. Je les rassemblais tous les deux dans l'évocation des Gaulois, puisque tous les deux avaient été mentionnés dans la discussion.
André (G., R.) a écrit :Ne trouvez-bous pas un peu curieuse la dernière phrase Les michalots des temps modernes prennent désormais le car pour piétiner le sol sacré ?
Fouler aurait pu convenir, puisque le sens principal est celui d'écraser.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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Claude
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Message par Claude »

Jacques-André-Albert a écrit :[...] Fouler aurait pu convenir, puisque le sens principal est celui d'écraser.
https://web.archive.org/web/20180309150 ... raisin.jpg
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Dans Les plus jolies fautes de français de nos grands écrivains, livre dont je parle sur un autre fil, les auteurs citent ces vers de Victor HUGO (Les Rayons et les Ombres) :
Nous sommes la nature et la source éternelle
Où toute soif s'épanche, où se lave toute aile.

Je ne suis pas certain, étant donné en particulier qu'il s'agit de poésie, que j'aurais relevé la faute.
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

Je suppose qu'une soif s'étanche plus qu'elle ne s'épanche. Mais on pourrait effectivement penser à une extension poétique du sens d'épancher.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Exactement.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Le grec apodeixis est à l'origine, par l'intermédiaire du provençal, d'un mot français possédant dans notre langue un homonyme strict, lui-même d'origine grecque. Or je n'imaginais pas que ces deux mots français identiques remontassent à cette langue.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

J'ai oublié de le signaler : le second mot grec, d'où vient le second mot français, ne présente que peu de ressemblance avec apodeixis.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

:?: :?: :roll:
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Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

L'un et l'autre mots peuvent concerner tous les conducteurs de véhicule ! :wink:
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Votre perspicacité est impressionnante, Leclerc92 ! Et vous donnez un indice intéressant.
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Perkele
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Message par Perkele »

Autant que je me souvienne, αποδεξιζ peut signifier "approbation" ou "preuve"...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je n'ai pas votre chance, celle de pouvoir faire appel à des souvenirs d'étude du grec ! Mais je confirme que le mot signifie preuve.
De nombreux voyages en pays hellénophones m'ont simplement permis d'apprendre quelques mots de la langue moderne. Est-il vrai qu'un Grec ancien se retrouvant à Athènes de nos jours reconnaîtrait sa langue ?
Leclerc92
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Message par Leclerc92 »

D'abord, quelle langue parle votre Grec ancien ? On sait qu'il y avait beaucoup de dialectes différents en Grèce ancienne. On suppose aussi que le grec parlé était très différent du grec écrit (on fait la même supposition pour le latin).
Si votre Grec ancien se trouvait propulsé à Athènes d'aujourd'hui, il ne comprendrait probablement rien, pour une simple raison : la prononciation a beaucoup changé.
En revanche, si votre Grec savait lire, il reconnaîtrait assurément beaucoup de mots ou du moins de racines de mots. Il n'est pas sûr toutefois que le sens des mots soit le même, et surtout il aurait quand même du mal à comprendre la phrase.
Similairement, le touriste de base que je suis à Athènes reconnaît dans "efkharisto" (= merci) la parenté avec "eucharistie" (action de grâce) et ainsi de suite dans beaucoup de mots, mais n'entrave que pouic à la parlure locale. Le Grec ancien, pour "merci", disait "epaino" ; il risque également d'être surpris.
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