L’ignorance croît de plus en plus
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Je ne connaissais pas l'expression faire difficulté.
Mais je crois que dans le langage courant, faire sens, comme faire du sens, est un vulgaire anglicisme : on a traduit littéralement to make sense.
Le fait que l'expression faire sens existe dans le jargon de la philosophie, de la littérature ou de la psychiatrie, n'est pas une raison pour l'utiliser à tort et à travers (à la place d'avoir un sens, être sensé, être logique, tenir debout) etc.
Le pire, c'est qu'elle figure dans le Robert & Collins, comme bon nombre d'autres anglicismes à la mode. Donc, même les personnes de bonne volonté tombent sur ces mauvaises traductions.
Mais je crois que dans le langage courant, faire sens, comme faire du sens, est un vulgaire anglicisme : on a traduit littéralement to make sense.
Le fait que l'expression faire sens existe dans le jargon de la philosophie, de la littérature ou de la psychiatrie, n'est pas une raison pour l'utiliser à tort et à travers (à la place d'avoir un sens, être sensé, être logique, tenir debout) etc.
Le pire, c'est qu'elle figure dans le Robert & Collins, comme bon nombre d'autres anglicismes à la mode. Donc, même les personnes de bonne volonté tombent sur ces mauvaises traductions.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Les dictionnaires se font de plus en plus complices de ces dérives et n'hésitent plus à accueillir les anglicismes, barbarismes et impropriétés. Ils ne jouent plus leur rôle de gardiens du bon usage.
Dernière modification par Jacques le mar. 08 févr. 2011, 16:07, modifié 1 fois.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Manni-Gédéon
- Messages : 1217
- Inscription : lun. 12 avr. 2010, 14:35
- Localisation : Genève (CH)
Dans ce cas-là, j'ai parlé un peu vite, car dans le Robert & Collins, l'expression faire sens figure dans le volume français-anglais, sans aucun commentaire qui permettrait de supposer qu'il s'agit d'un jargon. Dans le volume anglais-français, heureusement, il nous propose d'autres traductions.
Je dois donc rendre justice à ses braves rédacteurs.
Je dois donc rendre justice à ses braves rédacteurs.
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Dieu me garde de défendre « faire sens » ! Je ne saurais me faire l’avocat de cette expression. Je dis simplement qu’il est moins facile de la remplacer dans le jargon des sciences humaines que dans la conversation courante, car elle ne signifie pas alors « c’est sensé », « c’est logique », mais « c’est à l’origine de plusieurs significations », et encore ma définition pèche par approximation.
Je relève ainsi cet exemple : « En théorie, dans un récit, tout contribue à faire sens, chaque détail descriptif doit être pris en compte ».
Que peut-on dire à la place ? Je pose la question sincèrement. Peut-être ne vois-je pas une solution toute simple qui devrait me crever les yeux.
Il me semble qu’on pourrait dire : « produit du sens », mais ce n’est pas très élégant. On pourrait dire : « participe d’une signification globale », mais ce ne serait pas exact, il n’y a pas de signification globale, il y a plusieurs significations possibles. On pourrait dire : « tout contribue à signifier » mais ce verbe employé absolument sonne étrangement lui aussi.
EDIT. En continuant à chercher, j’ai trouvé l’expression « produire du sens » chez un écrivain qui se vante de bien manier la langue et de reprendre ceux qui la saccagent.
Je relève ainsi cet exemple : « En théorie, dans un récit, tout contribue à faire sens, chaque détail descriptif doit être pris en compte ».
Que peut-on dire à la place ? Je pose la question sincèrement. Peut-être ne vois-je pas une solution toute simple qui devrait me crever les yeux.
Il me semble qu’on pourrait dire : « produit du sens », mais ce n’est pas très élégant. On pourrait dire : « participe d’une signification globale », mais ce ne serait pas exact, il n’y a pas de signification globale, il y a plusieurs significations possibles. On pourrait dire : « tout contribue à signifier » mais ce verbe employé absolument sonne étrangement lui aussi.
EDIT. En continuant à chercher, j’ai trouvé l’expression « produire du sens » chez un écrivain qui se vante de bien manier la langue et de reprendre ceux qui la saccagent.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Je me méfie de l'Office québécois et je n'en ferais pas une référence, depuis que j'ai découvert qu'il autorise des choses que l'Académie française et les linguistes européens condamnent, et notamment les féminisations en -eure y compris pour les mots en -teur.
Les Canadiens se démarquent des francophones Européens.
Les Canadiens se démarquent des francophones Européens.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
- Messages : 1295
- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Ce n’est pourtant pas ce sens-là que l’on perçoit dans les exemples de textes philosophiques ou littéraires où figure cette expression.Claude a écrit :Que pensez-vous de l'Office québécois de la langue française qui a écrit :La locution verbale faire sens signifie « avoir un sens, être intelligible ». Elle s’emploie notamment en philosophie et en littérature.
EDIT. Je pense qu’on doit pouvoir remplacer « faire sens » par « est signifiant ».
Dernière modification par Klausinski le mar. 08 févr. 2011, 23:31, modifié 1 fois.
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)
- Madame de Sévigné
- Messages : 687
- Inscription : ven. 09 oct. 2009, 22:50
- Localisation : Nantes
Je ne dis pas que ce n'est pas une belle expression, surtout en littérature ou dans une chanson, mais je trouve que c'est un peu ampoulé à utiliser dans le langage courant.Klausinski a écrit :Mais faire silence est une très belle expression, voyons ! La preuve, c’est qu’on la trouve dans une chanson de Barbara. :DMadame de Sévigné a écrit :Et faire silence !!!Jacques-André-Albert a écrit :Tout autant que « faire sens » et « faire difficulté ».
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4477
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Bien qu'entrant logiquement dans la rubrique vocabulaire, ce que je vais vous rapporter me paraît emblématique de l'ignorance qui va croissant : hier soir, dans un hypermarché, j'ai entendu annoncer, à plusieurs reprises, le « doublage » exceptionnel des points de fidélité. (sans autre commentaire de ma part)
- Jacques-André-Albert
- Messages : 4477
- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
- TSOS
- Messages : 519
- Inscription : ven. 04 févr. 2011, 13:22
- Localisation : Duché de Bretagne / Nordrhein Westfalen /S'la,sk
On entend aussi, assez souvent, des redoublements redondants du type de:
"au jour d'aujourd'hui", lorsque "aujourd'hui" suffit amplement, et que "hui" suffisait même, étymologiquement, si mes connaissances sont exactes...
Et que pensez-vous de l'usage de "perdurer" à la place de "durer"? Soit il y a entre ces mots une nuance que je ne comprends pas, car, dans "per-", on a un redoublement inutile de la notion de "durée", même si celle-ci serait censée être alors "éternelle"(notez que c'est très possible que j'aie mal compris); soit c'est aussi un abus qu'on entend/lit souventes fois...
"au jour d'aujourd'hui", lorsque "aujourd'hui" suffit amplement, et que "hui" suffisait même, étymologiquement, si mes connaissances sont exactes...
Et que pensez-vous de l'usage de "perdurer" à la place de "durer"? Soit il y a entre ces mots une nuance que je ne comprends pas, car, dans "per-", on a un redoublement inutile de la notion de "durée", même si celle-ci serait censée être alors "éternelle"(notez que c'est très possible que j'aie mal compris); soit c'est aussi un abus qu'on entend/lit souventes fois...
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Perdurer a été mis à la mode il y a quelques années, et depuis des tas de gens s'en gargarisent. Proprement, il signifie « durer pour l'éternité » mais on l'a employé de plus en plus à la place de persister, pour parler de quelque chose qui existe encore au moment où on parle.
L'Académie le définit ainsi :
PERDURER v. intr. XIIe siècle. Emprunté du latin perdurare, de même sens, lui-même composé de per-, qui marque l’achèvement, et durare, « durer ».
Durer éternellement (vieilli). Par affaibl. Durer longtemps, se perpétuer. Une situation, un conflit qui perdure. Leur amitié a perduré malgré l’éloignement.
Vous voyez que, si elle admet le sens de se prolonger indéfiniment, elle n'avalise pas celui dans lequel on l'utilise surabondamment aujourd'hui, d'exister encore au moment où on s'exprime, et qui est un abus, une impropriété. Les dictionnaires d'usage vont dans le même sens.
L'Académie le définit ainsi :
PERDURER v. intr. XIIe siècle. Emprunté du latin perdurare, de même sens, lui-même composé de per-, qui marque l’achèvement, et durare, « durer ».
Durer éternellement (vieilli). Par affaibl. Durer longtemps, se perpétuer. Une situation, un conflit qui perdure. Leur amitié a perduré malgré l’éloignement.
Vous voyez que, si elle admet le sens de se prolonger indéfiniment, elle n'avalise pas celui dans lequel on l'utilise surabondamment aujourd'hui, d'exister encore au moment où on s'exprime, et qui est un abus, une impropriété. Les dictionnaires d'usage vont dans le même sens.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).