Si on me proposait d'acheter un meuble en trousse, j'hésiterais tout de même...Il me semble que les Québécois, qui écrivent ARRET pour STOP et disent au cinéma " l'Artiste " pour " zi artist ", disent également " trousse " pour " kit ".
Langue en danger ou pas ?
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Les traducteurs "commerciaux" n'ont guère à se plaindre, à mon avis. Je ne dis pas que c'est un métier dans lequel on peut faire fortune, mais les tarifs me paraissent tout à fait corrects et ne sont en aucun cas une excuse pour ne pas faire correctement son boulot. Imagine-t-on le facteur distribuer son courrier n'importe comment sous prétexte qu'au prix où on le paie, il n'a pas le temps de le mettre dans les bonnes boîtes aux lettres?Perkele a écrit :Il se peut que quand on acceptera de payer des traducteurs professionnels à leur juste valeur au lieu de se contenter de pis aller à bas prix, les traductions seront meilleures.
Les traducteurs d'oeuvres littéraires, c'est autre chose, car le monde de l'édition n'est pas riche. D'ailleurs, les traducteurs de romans sont souvent des gens qui ont un autre salaire (notamment à l'université) et qui font ça en plus, presque comme hobby, mais souvent avec beaucoup de motivation et de talent.
Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet (Courteline)
Et les Québécois parlent de magasinage au lieu de shopping. Mais ils parlent de chum et de blonde (copine). Ils chantent des tounes. Ils font une bonne job, parfois trouvent la job de leurs rêves ! Ils regardent un vidéo. Le logiciel qu'est le navigateur se fait appeler parfois le butineur. Faites attention quand vous leur parlez de vos gosses (= testicules) ! Ils ne voudront pas vous suivre aux bécosses (toilettes, back-house).
Est-ce que tout cela fait du sens ?
En tout cas, leur accent est écoeurant (= mets-en qu'ya d'l'allure ! ; très positif !) !
Est-ce que tout cela fait du sens ?
En tout cas, leur accent est écoeurant (= mets-en qu'ya d'l'allure ! ; très positif !) !
Nous sommes libres. Wir sind frei. We are free. Somos libres. Siamo liberi.
- Jacques
- Messages : 14475
- Inscription : sam. 11 juin 2005, 8:07
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Nous autres Européens ne pouvons pas porter de jugement. Les Québécois sont cernés par des territoires anglophones et doivent se battre pied à pied quotidiennement contre l'hégémonie de l'anglais. Ils créent toutes sortes de mots qui sont soit directement français, soit des bricolages convertissant en phonétique française (enfin leur phonétique) des mots d'origine anglaise qui sont « maquillés » ou « travestis » pour avoir un air français.
Pour nous cela paraît un peu folklorique, mais ils ont beaucoup de mérite.
Tout est relatif : nous trouvons qu'ils ont un terrible accent, mais pour eux, c'est nous qui en avons un.
Pour nous cela paraît un peu folklorique, mais ils ont beaucoup de mérite.
Tout est relatif : nous trouvons qu'ils ont un terrible accent, mais pour eux, c'est nous qui en avons un.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Claude
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Je passe sur les périodes de l'histoire que vous trouverez sur la vidéo mais nous avons emporté avec nous au Québec l'accent tel qu'il était à Paris. Actuellement les Québécois ont conservé cet accent mais les Parisiens l'ont modifié progressivement ; c'est pourquoi, pour les Québécois c'est nous qui avons un accent. Écoutez plutôt.shokin a écrit :[...] En tout cas, leur accent est écoeurant [...]
- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Vous y croyez, vous ? J'avais déjà entendu parler de cette thèse. Si je reprends les mots de Mr Gendron :Claude a écrit :Je passe sur les périodes de l'histoire que vous trouverez sur la vidéo mais nous avons emporté avec nous au Québec l'accent tel qu'il était à Paris. Actuellement les Québécois ont conservé cet accent mais les Parisiens l'ont modifié progressivement ; c'est pourquoi, pour les Québécois c'est nous qui avons un accent. Écoutez plutôt.shokin a écrit :[...] En tout cas, leur accent est écoeurant [...]
Vous croyez qu'on peut dire sérieusement que l'accent des Parisiens a changé radicalement en cinquante ans ?...jusqu'en 1757, quand Bougainville dit, dans son rapport à l'administration française :« Les Canadiens, leur accent est aussi bon qu'à Paris »
Mais quand on arrive au XIXè siècle... les observateurs, les voyageurs disent : « l'accent des Canadiens est absolument bizarre, un drôle d'accent ; ça fait un accent populaire, un accent paysan ». Donc entre 1760, qui est le moment de la rupture avec la France, après la défaite des plaines d'Abraham, et 1810, qui est le premier témoignage que l'on ait de l'Anglais John Landsberg, en cinquante la prononciation de Paris (la nôtre n'avait pas changé) la prononciation de Paris avait complètement changé.
Certes, il y a eu un changement au moment de la révolution : il est bien connu, en partie grâce aux récits des émigrés de retour après 1815, que les élites ont abandonné certaines caractéristiques cultivées dans la noblesse, en particulier la prononciation oué de la diphtongue oi [wa]. Or si on en croit Jacqueline Picoche dans son Histoire de la langue française, une prononciation populaire [wa] « apparaît à Paris dès le début du XIVè siècle. Tenue pour vulgaire, elle est combattue par les grammairiens du XVIè et du début du XVIIè s. Mais Hindret (1687) constate qu'il y a beaucoup d'honnêtes gens, à la cour et à Paris, qui disent du bouas, des nouas, trouas, mouas, des pouas, vouar. »
Je pense que ce monsieur Gendron a voulu se faire un bon coup de pub, mais que son étude repose sur de mauvaises interprétations. Je ne sais pas ce qu'a écrit Bougainville, mais si sa phrase est, comme le dit Mr Gendron, « Les Canadiens, leur accent est aussi bon qu'à Paris », on peut comprendre qu'ils parlent un français intelligible, et dont l'accent vaut bien celui de Paris (un défenseur de l'accent provincial, en sorte).
Alors, ces voyageurs qui auraient trouvé populaire ou paysan l'accent des Canadiens cinquante ans après ? Mr Gendron donne un seul exemple, celui d'un Anglais, en 1810.
C'est totalement absurde. Même à notre époque de grands bouleversements et de migrations de populations, l'accent des différentes régions est encore perceptible, et ne change pas du tout au tout.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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- Jacques-André-Albert
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- Inscription : dim. 01 févr. 2009, 8:57
- Localisation : Niort
Je pense qu'il faut toujours regarder de plus près quand quelqu'un présente une thèse qui se veut nouvelle, et au contenu provocateur. Les préjugés naissent sur de telles initiatives, et comblent les lacunes dans l'esprit du public, surtout ce genre de public.
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
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- Jacques-André-Albert
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- Jacques
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- Localisation : Décédé le 29 mai 2015, il était l'âme du forum
Récemment nous avons regardé l'enregistrement que j'avais fait de l'émission Faut pas rêver. Sujet : les États-Unis.
Nous avons vu, entre autres, une communauté qui vit dans un vaste territoire marécageux (les Everglades peut-être ? Je ne sais plus). Ces Américains s'exprimaient dans une langue qu'au début je n'ai pas identifiée, et les dialogues étaient sous-titrés en français. Puis, ayant saisi un mot par ci par là, j'ai compris que c'est une communauté francophone. Des Acadiens je pense. Ils parlent un dialecte français à peine compréhensible pour nous, d'une part à cause d'un accent que nos oreilles ne saisissent pas, et d'autre part à cause d'un vocabulaire et d'expressions qui ne nous sont pas familiers. Ce n'est pas que ce lexique soit totalement différent du nôtre, mais qu'ils n'emploient pas, pour désigner les choses, les mêmes mots que nous. Le seul que j'ai retenu est qu'ils attrapaient des grenouilles géantes et parlaient de jambes au lieu de pattes. Quand toute une conversation est fondée sur des voisinages lexicaux de ce genre, on n'a pas le temps de retranscrire mentalement en français d'Europe, surtout s'il faut, en même temps, essayer de déchiffrer une diction qui est inhabituelle.
Nous avons vu, entre autres, une communauté qui vit dans un vaste territoire marécageux (les Everglades peut-être ? Je ne sais plus). Ces Américains s'exprimaient dans une langue qu'au début je n'ai pas identifiée, et les dialogues étaient sous-titrés en français. Puis, ayant saisi un mot par ci par là, j'ai compris que c'est une communauté francophone. Des Acadiens je pense. Ils parlent un dialecte français à peine compréhensible pour nous, d'une part à cause d'un accent que nos oreilles ne saisissent pas, et d'autre part à cause d'un vocabulaire et d'expressions qui ne nous sont pas familiers. Ce n'est pas que ce lexique soit totalement différent du nôtre, mais qu'ils n'emploient pas, pour désigner les choses, les mêmes mots que nous. Le seul que j'ai retenu est qu'ils attrapaient des grenouilles géantes et parlaient de jambes au lieu de pattes. Quand toute une conversation est fondée sur des voisinages lexicaux de ce genre, on n'a pas le temps de retranscrire mentalement en français d'Europe, surtout s'il faut, en même temps, essayer de déchiffrer une diction qui est inhabituelle.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
- Klausinski
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- Inscription : mar. 12 déc. 2006, 23:54
- Localisation : Aude
Mme DE PERLEMINOUZE, très affectée. Hélas! Chère ! J’étais moi-même très, très vitreuse! Mes trois plus jeunes tourteaux ont eu la citronnade, l’un après l’autre. Pendant tout le début du corsaire, je n’ai fait que nicher des moulins, courir chez le ludion ou chez le tabouret, j’ai passé des puits à surveiller leur carbure, à leur donner des pinces et des moussons. Bref, je n’ai pas eu une minette à moi.Jacques a écrit : Quand toute une conversation est fondée sur des voisinages lexicaux de ce genre, on n'a pas le temps de retranscrire mentalement en français d'Europe, surtout s'il faut, en même temps, essayer de déchiffrer une diction qui est inhabituelle.
MADAME. Pauvre chère ! Et moi qui ne me grattais de rien !
Mme DE PERLEMINOUZE. Tant mieux! Je m’en recuis! Vous avez bien mérité de vous tartiner, après les gommes que vous avez brûlées ! Poussez donc : depuis le mou de Crapaud jusqu’à la mi-Brioche, on ne vous a vue ni au “Water-proof “, ni sous les alpagas du bois du bois de Migraine! Il fallait que vous fussiez vraiment gargarisée !
Tardieu, Un mot pour un autre
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
(Kafka, cité par Mauriac)