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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Mais la rime risque d'être plus scabreuse :

Ma cabane au fond du jardin
J'y vais quand j'en ai besoin.

Le chalet de nécessité
J'y vais quand j'ai envie de [censuré]. :lol: :oops:
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Jacques
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Message par Jacques »

Le « censuré » respecte la rime.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Jacques a écrit :Lu dans la version d'un quotidien sur Internet :
La transformation du dispositif écotaxe en « péage de transit » pour les poids lourds...
Ce n'est pas un péage, mais un droit de péage.
« L'Assemblée nationale a adopté mercredi soir un amendement gouvernemental remplaçant l'écotaxe par un péage de transit poids lourds, lors du débat sur le budget rectificatif 2014 » (lu ce matin sur le site de TV5 France). Dommage que les responsables ne lisent pas Français notre belle langue !
Quantum mutatus ab illo
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Jacques
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Message par Jacques »

Pour sûr, vous avez vu juste. Députés, ministres et autres ne sont pas très attachés à la précision du vocabulaire ni, d'une façon générale, à la qualité de la langue. Prenons un autre exemple : depuis des lustres, nous entendons les ministres des finances parler de l'impôt sur les sociétés. L'impôt sur les sociétés n'existe pas, on n'impose pas un établissement commercial industriel ou financier sur sa simple existence. Ce qui est bien réel en revanche, c'est l'impôt sur les bénéfices des sociétés que nous appelons, dans les milieux comptables, impôt sur les bénéfices.
Mon prof de comptabilité nous avait signalé cette ineptie dès la première année, et nous avait demandé de respecter la terminologie.
Quand nous devons nous acquitter de nos obligations fiscales, on nous demande (on nous exige !) de régler le montant de l'impôt sur le revenu des personnes physiques, et pas l'impôt sur les personnes physiques. C'est le même principe.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Jacques a écrit : L'impôt sur les sociétés n'existe pas, on n'impose pas un établissement commercial industriel ou financier sur sa simple existence. Ce qui est bien réel en revanche, c'est l'impôt sur les bénéfices des sociétés que nous appelons, dans les milieux comptables, impôt sur les bénéfices.
D'accord, mais n'est-ce pas là une de ces abréviations (ou abrègements) courantes ? Lors de mes cours sur le français du commerce (que les enseignants de la CCIP se refusaient à appeler le français commercial), je ne parlais que du IRPP et de l'impôt sur les sociétés. Je n'avais nullement l'impression de mal informer mes étudiants.
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Claude
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Message par Claude »

Comme le dit Jacques, il y a longtemps qu'on parle de l'IRPP et de l'IS ; je l'ai appris ainsi en comptabilité au début des années soixante.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il est possible que ce soit une ellipse, mais elle est malheureuse parce qu'elle trompe sur sa nature. Les vrais professionnels ne parlent pas ainsi. J'ai exercé le métier de comptable, on parlait bien de l'impôt sur les bénéfices, et d'autre part notre professeur de comptabilité, qui était en outre expert comptable, était formel sur ce point.
Je vous ai donné l'exemple de l'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), le principe est le même : on ne dit pas impôt sur les personnes physiques.
N.B. : nous avions des cours de ce que tout le monde, manuels, professeurs et élèves, appelait anglais commercial, et non anglais du commerce. On n'a pas le même point de vue de part et d'autre de la Manche. :D
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Jacques
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Message par Jacques »

Lu dans notre magazine de programmes de télévision : « Nolwenn Leroy, fervente défenderesse de sa Bretagne natale. »
Défenderesse n'est pas le féminin de défenseur, mais de défendeur, terme par lequel on désigne celui envers qui est intentée une action judiciaire. Défendeur s'oppose à demandeur, celui qui intente l'action.
Dernière modification par Jacques le ven. 27 juin 2014, 11:41, modifié 1 fois.
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Claude
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Message par Claude »

Défendeur et défenseur, de subtils paronymes.
Il reste deux possibilités pour l'heureuse élue de l'Académie des étoiles (restons français) :
- Nolwenn Leroy, fervent défenseur...
- Nolwenn Leroy, fervente défenseure...
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Jacques
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Message par Jacques »

La seconde proposition est celle que préférera André, cependant Girodet n'est pas d'accord ; pour lui il n'y a pas de féminin, et il est suivi par les dictionnaires de difficultés de Larousse et Robert, ainsi que par Hanse, mais c'est un autre combat.
Peut-être que l'Académie l'acceptera dans la 10e édition de son dictionnaire (vers l'année 2200 ?).
La question qui se pose est : le raisonnement pour une féminisation en -eure ne viole pas la grammaire, pourquoi est-il rejeté sauf pour 5 mots ?
Spontanément il nous choque, mais quel est le motif de cette réticence ? Je n'y suis pas favorable mais serais incapable de dire pourquoi.
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Shadock90
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Message par Shadock90 »

Jacques a écrit :Spontanément il nous choque, mais quel est le motif de cette réticence ? Je n'y suis pas favorable mais serais incapable de dire pourquoi.
Pour ma part, il ne me choque pas, mais il "frotte mes oreilles". Je l'attribue au fait que l'usage est hésitant, et je pressens qu'il va se développer. En tout cas, de tels féminins me choquent moins que défenseuse (qu'on devrait réserver au sport, peut-être ?)
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Jacques
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Message par Jacques »

En fait oui, choquer n'est peut-être pas le bon terme. Je dirai plutôt qu'il produit un effet déplaisant mais indéfinissable. Il est probable, en effet, qu'il s'imposera dans l'usage, puisqu'il est grammaticalement formé correctement.
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

Pourquoi pas défenseuse ?
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Jacques
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Message par Jacques »

Ce serait tellement plus simple. Mais je crois, sans en être tout à fait sûr, que le féminin en -euse ne s'applique pas aux noms de fonctions ; menteuse, rêveuse, empoisonneuse, peureuse, etc. sont des défauts, des qualités ou des caractéristiques ; cependant je préférerais défenseuse à défenseure, qui me chatouille désagréablement les tympans.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je relève ceci sur le site de l'Académie :
« La formule par laquelle, dans le langage de l’administration, on indique le destinataire d’une lettre, d’une communication, d’un envoi, est à l’attention de, pour marquer que l’on attire l’attention du destinataire, que l’on soumet cette lettre, etc., à son attention. »
Je suis bien d'accord sur la définition, mais il y a là une faute de vocabulaire très répandue qui me chagrine.
Dans ce cas précis on n'attire pas l'attention, on l'appelle.
– quand on veut signaler quelque chose on appelle l'attention, parce qu'on essaye de la capter et on écrira, par exemple dans une lettre : « Nous appelons votre attention sur les clauses de nos conditions générales qui... » ; « J'appelle votre attention sur la nécessité de... »
– si la personne s'est intéressée au fait qu'on lui signale, elle dira : « Untel a attiré mon attention sur... »
Il est regrettable que peu de gens s'attachent à la nuance. J'ai appris cela dans mes cours de correspondance commerciale. Que le quidam courant ignore la subtilité, on peut le lui pardonner. Mais de la part de l'Académie, qui est censée nous indiquer la bonne voie, c'est troublant. Enfin, contrairement à ce qui est écrit, la formule n'est pas uniquement administrative, elle s'emploie aussi à l'occasion dans le vocabulaire commercial.
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