Atlantide

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Manni-Gédéon
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Message par Manni-Gédéon »

Dans le sujet Enumération, chapitre Grammaire et syntaxe, certains interlocuteurs évoquent l'Atlantide.
Avez-vous remarqué que dans les traductions de productions américaines, on dit toujours Atlantis ?
C'est comme le nitrogène et l'épinéphrine.
On dirait que les traducteurs ne savent pas de quoi il s'agit.
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Perkele
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Re: Atlantide

Message par Perkele »

manni-gedeon a écrit :Dans le sujet Enumération, chapitre Grammaire et syntaxe, certains interlocuteurs évoquent l'Atlantide.
Avez-vous remarqué que dans les traductions de productions américaines, on dit toujours Atlantis ?
C'est comme le nitrogène et l'épinéphrine.
On dirait que les traducteurs ne savent pas de quoi il s'agit.
Je crois que c'est exactement cela comme pour l'anthrax que nous appelons le charbon.
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Il est évident que les traducteurs ne savent pas de quoi ils parlent dans de nombreux domaines, quand ils traduisent company par compagnie, alors que le nom français est société ; quand ils traduisent opportunity par opportunité alors que c'est une occasion ; quand ils traduisent investigation par investigations alors que c'est une enquête ; quand il traduisent le mot anglais detective par détective, alors que c'est un inspecteur de police ; quand ils traduisent site par site, alors que c'est un lieu, un endroit, un emplacement ou cent autres choses. Perkele nous donne l'exemple très caractéristique du charbon baptisé à tort anthrax, qui en français n'a rien à voir.
La surabondance d'impropriétés qui encombrent le français est en grande partie due à ces traducteurs plus que négligents, voire incompétents.
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Perkele
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Message par Perkele »

Jacques a écrit :Il est évident que les traducteurs ne savent pas de quoi ils parlent dans de nombreux domaines, quand ils traduisent company par compagnie, alors que le nom français est société ; quand ils traduisent opportunity par opportunité alors que c'est une occasion ; quand ils traduisent investigation par investigations alors que c'est une enquête ; quand il traduisent le mot anglais detective par détective, alors que c'est un inspecteur* de police ; quand ils traduisent site par site, alors que c'est un lieu, un endroit, un emplacement ou cent autres choses. Perkele nous donne l'exemple très caractéristique du charbon baptisé à tort anthrax, qui en français n'a rien à voir.
La surabondance d'impropriétés qui encombrent le français est en grande partie due à ces traducteurs plus que négligents, voire incompétents.
* Depuis quelques années - 1995, tout de même - les policiers, en dehors des commissaires, sont désignés par leur grade.

Ainsi l'inspecteur est un lieutenant, l'inspecteur principal est un capitaine et l'inspecteur divisionnaire est un commandant.
Dernière modification par Perkele le mar. 20 avr. 2010, 7:21, modifié 1 fois.
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Message par Invité »

Il est évident que les traducteurs ne savent pas de quoi ils parlent dans de nombreux domaines, quand ils traduisent company par compagnie, alors que le nom français est société ;
Et pourtant la fondation de la Nouvelle-France fût financée par la Compagnie des Cent-Associés. Et plus tard fût fondée la Compagnie des Indes orientales. Une "compagnie" est un terme admis et très utilisé en droit civil québécois et à un passé historique au moins aussi ancien que la "Société de jésus" en Nlle-France et ailleurs...

Si le traducteur d'un ouvrage d'origine nord-américaine veut décrire une organisation commerciale dans son contexte juridique, il n'a pas d'autre choix que de traduire "company" par "compagnie", simplement parce que celle-ci ne fonctionne pas comme une "société" en droit civil français.

Tout comme il était stupide de traduire par commissaire le titre de "chief police officer" dans la version française des films britanniques. Etc, etc.

Mais il a bien fallu faire de nécessité vertu puisqu'il fallait trouver un équivalent en grade dans l'univers sémantique français.

Tout comme la notion de "secularity" n'a presque rien à voir avec la laïcité à la française
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Jacques
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Message par Jacques »

En France, le mot compagnie ne s'applique pas à un organisme commercial ou industriel dans sa forme juridique. La preuve elle est société anonyme, société à responsabilité limitée, société en commandite par actions, société en commandite simple, ou société civile.
Un groupe industriel ou commercial, une usine, une entreprise quelle que soit sa taille sont des sociétés, même si compagnie est inclus dans la raison sociale, comme la Compagnie Air France ou la Compagnie de Saint-Gobain, même si on parle des compagnies d'assurances.
Vous vous fondez sur des pratiques québécoises, c'est-à-dire américaines. En Europe le concept est différent, et je maintiens que company doit se traduire par société. C'est d'ailleurs bien ce qui nous avait été enseigné en anglais commercial et en droit commercial, et les professeurs insistaient sur ce point.
Dernière modification par Jacques le mar. 20 avr. 2010, 8:27, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je vais prendre un exemple réel et personnel. J’ai fait toute ma carrière chez un agent de change parisien. Les agents de change étaient des sociétés en nom de personne, constituées en commandite simple. On disait « Monsieur Untel, agent de change ».
Ils étaient regroupés au sein d’un organisme fédérateur appelé la Compagnie des agents de change. C’était une entité qui se manifestait par l’intermédiaire de la Chambre syndicale des agents de change, mais elle n’avait pas d’existence juridique ou matérielle, c’était le nom donné à une corporation, la dernière qui fonctionnait encore selon les règles des corporations du Moyen Âge.
Voilà ce qu’est réellement une compagnie dans la société française.
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Manni-Gédéon
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Re: Atlantide

Message par Manni-Gédéon »

Perkele a écrit :Je crois que c'est exactement cela comme pour l'anthrax que nous appelons le charbon.
Je dois avouer que je ne savais pas que l'anthrax était du charbon. Je croyais que c'était une poudre blanche extrèmement toxique que certains criminels glissaient dans des lettres pour empoisonner le destinataire.

Cela démontre, outre mon ignorance, que les mauvaises traductions sèment la confusion.
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Perkele
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Re: Atlantide

Message par Perkele »

manni-gedeon a écrit :
Perkele a écrit :Je crois que c'est exactement cela comme pour l'anthrax que nous appelons le charbon.
Je dois avouer que je ne savais pas que l'anthrax était du charbon. Je croyais que c'était une poudre blanche extrèmement toxique que certains criminels glissaient dans des lettres pour empoisonner le destinataire.

Cela démontre, outre mon ignorance, que les mauvaises traductions sèment la confusion.
Le charbon est une maladie infectieuse aiguë causée par la bactérie Bacillus anthracis. C'est une anthropozoonose, c'est-à-dire une affection qui touche aussi bien l'animal que l'Homme.

Bacillus anthracis est une arme bactériologique potentielle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et a été particulièrement médiatisée à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

Certains journalistes francophones ont confondu l'anthrax, qui en français ne désigne qu'une staphylococcie cutanée, et le charbon, qui, dans les pays de langue anglaise, est appelé anthrax.

Désolée je n'arrive pas à faire fonctionner le lien wikipédia sur la maladie du charbon.
Dernière modification par Perkele le mar. 20 avr. 2010, 15:13, modifié 1 fois.
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Re: Atlantide

Message par Jacques »

manni-gedeon a écrit :
Je dois avouer que je ne savais pas que l'anthrax était du charbon. Je croyais que c'était une poudre blanche extrèmement toxique que certains criminels glissaient dans des lettres pour empoisonner le destinataire.

Cela démontre, outre mon ignorance, que les mauvaises traductions sèment la confusion.
Un anthrax est une infection causée par des staphylocoques, une sorte d'abcès aggravé qui provoque la nécrose des tissus sous-cutanés, une gangrène. Le charbon est une maladie infectieuse cutanée provoquant des lésions noirâtres, d'où son nom.
L'histoire des enveloppes remonte à quelques années ; aux États-Unis, des gens ont, disait-on, reçu des enveloppes dans lesquelles des personnes malintentionnées avaient enfermé des microbes générateurs d'anthrax. Les traducteurs n'ont pas cherché le terme exact, et comme la maladie du charbon est appelée anthrax en anglais, ils ont donné le même mot en français, d'où confusion. Vous avez vous-même tiré les conclusions sur les mauvaises traductions.
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abgech
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Message par abgech »

Peut-être conviendrait-il ici de rappeler que Pasteur a élaboré un vaccin contre le charbon.
Ce fut, à ma connaissance, le premier vaccin vraiment efficace et dont on commençait à comprendre le mode d'action.

Auparavant, la vaccination contre la variole, due à Jenner, était principalement empirique.
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Vous vous fondez sur des pratiques québécoises, c'est-à-dire américaines. En Europe le concept est différent, et je maintiens que company doit se traduire par société. C'est d'ailleurs bien ce qui nous avait été enseigné en anglais commercial et en droit commercial, et les professeurs insistaient sur ce point.
Je répète ce que j'ai dit auparavant. Les entreprises commerciales constituées au Québec le sont sous l'emprise du code civil local, lequel est inspiré par le code Napoléon, comme en Louisiane d'ailleurs. Donc le terme de "compagnie" n'est pas obligatoirement un concept juridique anglo-saxon.

On remarquera que je n'ai nullement remis en cause la dénonciation des autres mauvaises traductions qui ont été données en exemples par Jacques. Cependant concernant la traduction de "company", je ne crois pas que ce soit obligatoirement une faute de traduction. Car la traduction est aussi une adaptation, une mise en contexte, etc. Mais il est vrai que la traduction en France est allée tellement loin dans ce désir d'adaptation que ce fût, et ça l'est toujours, un prétexte à un usage abusif des anglicismes et des calques de l'anglais tout azymuts.

Mais revenons à la traduction de "company". S'il s'agit de la traduction d'un roman américain (mais surtout pas traduit de cette fameuse langue "américaine" que les éditeurs français ont inventé de toute pièce...) je vois mal le traducteur de ce roman proposer "société" pour "company", puisqu'il ferait appel à une entité commerciale qui n'existe pas en Amérique du Nord. La mise en contexte exige normalement que l'on garde la sémantique locale lorsqu'on décrit une réalité locale, surtout si une bonne traduction du mot existe.

Mais il est vrai que beaucoup de traducteurs n'ont pas voulu faire cette traduction et sous prétexte d'une paresseuse adaptation pour des lecteurs français qui détesterait être trop dépaysés, ils ont préféré le remplacer par une notion hexagonale. Tout comme les traduction ou le doublage de nombreux films américains en France. Ou même comme ces cinéphiles français qui exigeraient que les films québécois soient carrément doublés en français de France... Alors que jamais leurs équivalents américains n'ont eu de telles exigences pour les films britanniques projetés aux USA...

Par contre s'il s'agit de la traduction d'un ouvrage généraliste d'économie ou de gestion américain (mot que je préfère au "management" gallo-ricain) traduit en français, j'admet que l'adaptation soit légitime dans ce cas, car la couleur locale du lieu d'origine de la publication n'a rien à y faire.

Autre détail. La mondialisation culturelle (anglomanie) étant ce qu'elle est, on lit en France de plus en plus le nom d'entreprises - n'ayant pas leur sièges sociaux en France - terminé avec le fameux "Co." quant il ne s'agit pas le plus souvent du "Inc." ("incorporated", "incorporé" au Québec) qui est la forme moderne et utilisée indifféremment avec la précédente. Bien qu'en Grande Bretagne il y ait quelque résistance à ce sujet. Mais comme l'anglomanie hexagonale est surtout d'inspiration américaine et non plus vraiment britannique, alors on risque surtout de voir fleurir chez nos journalistes et essayistes gallo-ricains non pas l'expression traduite "compagnie", mais bien plutôt l'usage direct de "company" ou même mieux encore de "corporation". Pour ce qui est de la sémantique médiévale pré-Code civil on sera sûr d'être bien servi de ce coté-là...
Dernière modification par Invité le mer. 21 avr. 2010, 15:38, modifié 2 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Je sais très bien faire la différence entre compagnie et société, je vous en ai donné un exemple avec mon propre métier. Et je sais faire la différence aussi entre les bonnes et les mauvaises traductions du mot company.
Je n'ai pas dit que compagnie est un terme anglo-saxon, puisque j'ai expliqué que je travaillais à la Compagnie des agents de change.
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Message par Invité »

En fait notre discussion a commencée par un quiproquo.

Vous écriviez :
Il est évident que les traducteurs ne savent pas de quoi ils parlent dans de nombreux domaines, quand ils traduisent company par compagnie, alors que le nom français est société
En fait vous vouliez dire plutôt : "alors que l'équivalent en France est société". Vous utilisiez "français" comme adjectif géographique alors que moi je l'ai lu comme adjectif linguistique.

Pour le reste j'envie votre connaissance de la langue française dans un domaine d'activité économique où la maîtrise du français spécialisé se fait malheureusement de plus en plus rare...
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Jacques
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Message par Jacques »

Je crois, oui, qu'il y a un quiproquo. Chez nous, compagnie est un concept général désignant un monstre industriel comme Monsanto, Toyota, Shell, qui étend des ramifications un peu partout. Mais ce terme ne fait pas référence au statut juridique, et la compagnie reste une société. Un bon traducteur ne doit pas traduire mais interpréter et, de ce fait, adapter son vocabulaire à la langue dans laquelle il traduit. Quand je fais une traduction, je me demande toujours, après avoir assimilé le sens, l'idée : « Que dirait-on en français dans le même cas » ? Et vous connaissez cette maxime : traduttore, traditore. Mais nécessité fait loi.
Ce qui m'ennuie, c'est que ces traducteurs peu scrupuleux donnent carrément le nom de compagnie à une petite entreprise employant cent à deux cents personnes, par exemple, ce qui est loin du compte.
Ce que vous appelez mes « connaissances dans le domaine économique » vient probablement de mes études commerciales d'une part, et d'autre part de ma profession, mais je n'ai pas vraiment l'impression d'être un expert en ce domaine, et il s'en faut de beaucoup.
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