A l'international - utilisation de cette locution

Thomas

A l'international - utilisation de cette locution

Message par Thomas »

Bonjour à tous,

Je suis nouveau sur le forum.

J'ai une question concernant la locution "à l'international".

En lisant une lettre de candidature, je suis tombé une nouvelle fois sur une phrase du style « j’aimerai travailler à l’international ». Ce genre de phrase est tout le temps utilisé et chaque fois, cela me chiffonne car j’ai l’impression que ce n’est pas du bon français. Pouvez-vous me dire si c’est le cas ?
Personnellement, j’aurai plus tendance à dire « travailler à l’étranger », ou encore « travailler pour l’Internationale » mais pas « travailler à l’international ».

Avant de poster mon message, je suis allé voir dans les outils que propose le forum et le TLFI cite la phrase suivante : me chiffonne
Emploi subst., rare. Synon. de cosmopolite. Dans son dernier roman, Sinclair Lewis décrit New-York « très pénétré de son rôle, jouant à l'international, avec ses Juifs russes habillés à Londres et fréquentant les restaurants italiens servis par des garçons grecs au son d'une musique africaine » (MORAND, New-York, 1930, p. 268).
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/t ... at=;sol=0;

Je vous remercie d’avance pour vos lumières,

Thomas
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Anne
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Message par Anne »

Bonsoir Thomas, et bienvenue !

La phrase « j’aimerais travailler à l’international » me chiffonne aussi. "International" est un adjectif, et seulement un adjectif. Vous avez raison, je pense, de le remplacer par "étranger", qui, dans ce cas, est aussi un adjectif, mais celui-ci on peut le substantiver. Je laisse cependant le soin à d'autres de vous donner une meilleure explication.

Par contre, dans votre extrait « très pénétré de son rôle, jouant à l'international », "international" garde bien sa fonction d'adjectif, il me semble. C'est un raccourci pour « jouant un personnage (une ville, en l'occurrence) international », comme quand on dit « il joue au fou ».
Thomas

Message par Thomas »

Merci pour cette réponse Anne.
Je suis aussi preneur d'autres avis si vous avez.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans les dernières années de ma carrière, je travaillais sur toutes les grandes places financières de la planète, de Hong-Kong à New York en passant par Tokyo et Londres (je sais, ce n'est pas le plus court chemin). Il ne me serait jamais venu à l'idée de dire que je travaillais à l'international. Anne a démontré le côté saugrenu et grammaticalement fautif de cette tournure biscornue. Il existe bien des expressions correctes pour exprimer cette idée. Quand je dis « je travaillais », ce n'était pas physiquement : je ne bougeais pas de mon bureau. Si je devais juger, je donnerais d'emblée une note défavorable aux gens qui s'expriment ainsi.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Perkele
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Message par Perkele »

L'intervention de Jacques éclaircit ce que les engrenages de ma petite cervelle étaient en train de broyer depuis le premier message : qu'entendent les candidats par "travailler à l'international" ?

- Avoir l'occasion de déplacements dans une multitude de pays étrangers ?
- Travailler dans un autre pays sous le statut d'expatrié ?
- Avoir un poste qui oblige à des contacts avec des entreprises étrangères, sans pour autant se déplacer ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Vous avez mis le doigt sur ce qui pèche le plus : outre la syntaxe fautive, cette tournure vague, imprécise, ne permet pas de connaître les intentions de l'interlocuteur.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pha
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Message par Pha »

comme tout ce qui est énnoncé peu clairement, avec des tounures bizarres et incompréhensibles, c'est pour faire pompeux!

Il est très couru dans mon entreprise de parler de «wholesale» pour désigner les détaillants multimarques (alors que la simple dénomination «multimarque» est aussi courte et facile à comprendre) et d'«outlet» pour parler des soldeurs (même remarque).
pour ma part je m'obstine à parler de multimarque et de soldeur! :)
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Perkele
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Message par Perkele »

Là, rien qu'avec "distribution textile" qui semble d'un français correct, vous allez nous énerver Jacques...
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Perkele a écrit :Là, rien qu'avec "distribution textile" qui semble d'un français correct, vous allez nous énerver Jacques...
Le Robert donne comme exemple de textile en emploi d'adjectif : industries textiles. On comprend ; mais distribution textile est-il grammaticalement correct ? Une distribution peut-elle être textile ? Je crois qu'il est plus correct de dire distribution du textile, où ce dernier est est fonction de complément du nom et indique sur quoi porte la distribution.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pha
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Message par Pha »

je ne sais pas si l'industrie peut plus facilement être «textile» que la distribution, mais je veux bien admettre que «distribution textile» soit fautif; il me semblait que les deux se formaient de la même façon.
M'autorisez vous cependant cette forme au motif qu'elle fait partie du jargon propre à ma profession?
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Perkele
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Message par Perkele »

Pha a écrit :je ne sais pas si l'industrie peut plus facilement être «textile» que la distribution, mais je veux bien admettre que «distribution textile» soit fautif; il me semblait que les deux se formaient de la même façon.
M'autorisez vous cependant cette forme au motif qu'elle fait partie du jargon propre à ma profession?
Il faut que le conseil de discipline se réunisse... :evil:


(Je plaisante,bien entendu. Nous avons tous des contraintes dans notre travail. Moi-même j'écoute certaines choses en serrant les dents, n'y pouvant rien faire et j'en profère d'autres pour me faire entendre plus rapidement)

Mais ici nous veillons ! :D
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Jacques
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Message par Jacques »

Pha a écrit :je ne sais pas si l'industrie peut plus facilement être «textile» que la distribution, mais je veux bien admettre que «distribution textile» soit fautif; il me semblait que les deux se formaient de la même façon.
M'autorisez vous cependant cette forme au motif qu'elle fait partie du jargon propre à ma profession?
Vous êtes soumis à des contraintes dans le milieu professionnel, et vous ne pouvez y échapper. Les milieux professionnels de toutes catégories donnent à fond dans le charabia, l'américanomanie et le barbarisme. Si vous voulez ne pas être considéré comme un extraterrestre ou, pire, une « mauvaise tête », vous êtes bien obligé de courber l'échine et de faire comme les autres, et surtout comme le décide la direction. La résistance linguistique ne servirait qu'à vous attirer des ennuis, même si c'est vous qui avez raison.
Vous pouvez toujours venir vous défouler sur le forum, vous y trouverez des âmes compréhensives.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Pha
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Message par Pha »

Il me semblait qu'une règle de la langue française autorisait, dans un cadre professionnel, des emplois qui sont fautifs en dehors de ce cadre; et que c'est justement là la définition de «jargon».
Cette règle reconnait en fait que certaines professions ont -par nécessité ou usage- un emploi différent de certains mots, qui dans le langage courant seraint fautifs.
cette règle existe-t-elle vraiment? le Grévisse la mentionne vaguement dans ses «préliminaires».
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Jacques
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Message par Jacques »

Il n'existe pas noir sur blanc, je pense, une règle clairement énoncée autorisant de telles pratiques. C'est l'usage, je suppose, et la nécessité professionnelle, qui créent les jargons qu'on nomme parfois aussi des argots de métier. Les termes spécifiques à des professions existent depuis des siècles. Il y a toutefois lieu de distinguer le jargon du charabia. Les métiers du commerce, de la publicité et de la communication ont abandonné le simple jargon professionnel indispensable pour s'adonner au charabia, qui ne l'est pas.
Pour revenir au sujet d'origine, j'ai parlé dans un autre qui, pour le moment, est juste en dessous de celui-ci, d'un individu qui se fait un ardent défenseur de l'américanomanie, et dans son texte je relève ceci :
la langue française n'est pas menacée à domicile, même si elle l'est à l'international. C'est donc une expression qui s'implante. Il aurait pu tout aussi bien écrire internationalement, qui était plus correct.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Thomas

Message par Thomas »

Jacques a écrit :[/i] C'est donc une expression qui s'implante. Il aurait pu tout aussi bien écrire internationalement, qui était plus correct.
Bien plus que vous ne croyez.
A vrai dire, on peut croiser cette expression absolument partout (dans les lettres de motivations, à la télévision, dans les journaux...).
Parmi mes amis, je crois que je suis le seul à ne pas utiliser cette expression.
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