Mexico et Koweït (ville)

André (G., R.)
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Mexico et Koweït (ville)

Message par André (G., R.) »

Les villes non anglophones dont on fait terminer le nom par « City » en français subissent cette déviance sans aucune justification.
Heureusement il semblerait qu’il y ait des résistances à la diffusion de « Mexico City » (Mexico-City ? Mexico-city ? Mexico city ?). L’espagnol n’a qu’un mot pour le pays et sa capitale et, pour éviter les confusions, nomme cette dernière officiellement « Mexico, Distrito Federal » ou « Mexico, D.F. », l’expression « Ciudad de Mexico » étant également utilisée. Le français distingue le pays, le Mexique, et la ville, qu‘il n’a nul besoin de nommer autrement que Mexico.
Au Koweït l‘anglais est très présent, mais la langue du pays est l‘arabe. La capitale du pays est appelée localement « Madinat al-Kouwait » (transcription), où l’on reconnaît notre « médina », vieille ville arabe, mais on dit souvent simplement « al-Diera », la ville (Renseignements pris sur la Toile). Nos médias ne connaissent guère que « Koweït City » quand ils mentionnent la capitale, dont le nom, comme celui de la capitale du Mexique dans la langue locale, est identique à celui du pays. « Koweït City » m’est insupportable à plus d’un titre : l’anglomanie de ceux qui nous l’imposent, l’aberration consistant à associer un mot français (Koweït) (Kuwait en anglais) et un mot anglais (city) pour le fabriquer et le fait que le français est minoritaire à se comporter ainsi :
Allemand : Kuwait-Stadt
Italien : Madinat al-Kuwait
Russe : Кувейт (Kouveït)
Grec moderne : Πόλη του Κουβέιτ (Poli tou Kouveït) (ville de Koweït)
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Jacques
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Message par Jacques »

Nouveau constat affligeant d'une anglomanie mal comprise qui aboutit à une appellation bâtarde.
Nous avons en Europe le même cas d'un pays dont la capitale porte le nom : le Luxembourg ; on dit couramment Luxembourg ville. Le principe pourrait donc être appliqué au Koweit.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Thypot
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Message par Thypot »

Votre question en appelle une autre, à laquelle vous avez sans doute la réponse : en français, faut-il respecter l'orthographe des noms de villes ou des noms propres étrangers, ainsi que leur prononciation ?

À une époque, je lisais partout : « Beijing » au lieu de Pékin. Mais si l'on veut utiliser les transcriptions françaises à chaque fois, quelle prononciation adopter ? Je pense par exemple aux villes scandinaves. Faut-il reproduire la graphie particulière de ces noms de villes ?

De la même façon, pour les noms propres étrangers, quand il se trouve une lettre bizarrement accentuée (en espagnol par exemple), nous est-il possible d'omettre l'accent en français ?
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Jacques
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Message par Jacques »

En espagnol il n'existe que deux signes diacritiques, l'accent et le tilde. L'accent n'a pas de valeur phonétique, il se met sur une voyelle pour indiquer la syllabe sur laquelle on met l'accent tonique, quand les règles classiques ne s'appliquent pas. Par exemple Jiménez où on met l'accent tonique sur l'avant-dernière syllabe, alors que la règle veut que, quand un mot finit par une consonne, il se met sur la dernière syllabe. On doit donc dire Jinez et non Jiménez. Le tilde transforme le son du N en gne; si on écrit Espana on doit dire esspana, alors que España se dit esspagna.
Il est donc capital de l'écrire avec le tilde. En ce qui concerne l'accent il vaut mieux le respecter.
Pour les mots transcrits en français, il faut prononcer à la française.
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jarnicoton
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Message par jarnicoton »

Beijing et Belarus n'appartiennent pas à mon vocabulaire, même si les pays concernés ronchonnent.
Je ne me mêle pas de la façon dont ils prononcent ou écrivent Paris.
De même pour Bombay (même si cela fait un peu guerrier : "bomb bay", soute à bombes).
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Jacques a écrit : on dit couramment Luxembourg ville. Le principe pourrait donc être appliqué au Koweit.
Toute personne attentive aux mots peut même, la plupart du temps, se passer de l'ajout de « ville ». Si je dis que je vais au Koweït ou au Luxembourg, il ne peut s'agir que des pays, concernant les villes on dira que l'on se rend à Luxembourg ou à Koweït. Toutefois, dans un tableau par exemple, il peut se faire que le nom du pays soit cité sans son article et que l'on ait besoin d'une information supplémentaire pour le nom de la ville, s'il est identique à celui du pays.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

jarnicoton a écrit :De même pour Bombay (même si cela fait un peu guerrier
Je crois qu'il faut distinguer entre un toponyme et une prononciation convenus (on écrira, et on dira à la française Oslo, Stockholm, Helsinki... ), d'une part, et, d'autre part, un nom de lieu choisi par les autochthones, où il importe d'écrire et de prononcer (tant bien que mal, sans doute) comme les habitants. N'est-ce pas impolitesse de persister à dire, p. ex., « Bombay, Calcutta... » lorsque les responsables, qui peuvent chercher à effacer un passé colonial, préconisent « Mumbaï, Kolkata » ?
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Jacques-André-Albert
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Message par Jacques-André-Albert »

jarnicoton a écrit :Beijing et Belarus n'appartiennent pas à mon vocabulaire, même si les pays concernés ronchonnent.
Je ne me mêle pas de la façon dont ils prononcent ou écrivent Paris.
La France est restée la Gaule dans deux langues d'Europe : le grec, où notre pays est dénommé Gallia (Γαλλία), et le breton, où on utilise Bro-c'hall (la France) et galleg (la langue française).
Quand bien nous pourrions estre sçavans du sçavoir d'autruy, au moins sages ne pouvons nous estre que de nostre propre sagesse.
(Montaigne - Essais, I, 24)
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Thypot
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Message par Thypot »

S'il faut utiliser les signes de la langue d'origine, il me semble difficile de reprendre les noms scandinaves, car, sur un ordinateur, il faudrait à chaque fois, par exemple, chercher le signe dans la table des caractères. À l'écrit, il faudrait retranscrire ces signes : quelle affaire !

De la même façon, je n'ai jamais su s'il fallait partir à « Tokyo » ou à « Tōkyō ».

Le plus simple, je crois, est de n'employer les signes que lorsque l'orthographe française qui retranscrit ces noms l'exige.

Le tilde fait peut-être partie de ces exceptions nécessaires à la compréhension.

Tout cela me trouble un peu. Quand j'écoute les médias parler de l'homme politique turc Erdogan, je me demande si l'on peut vraiment prononcer le g à la française.
Dernière modification par Thypot le mar. 11 mars 2014, 9:20, modifié 1 fois.
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Jacques
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Message par Jacques »

Dans les langues scandinaves il n'y pas grand-chose à accentuer.
En danois et norvégien ø qui se prononce ; en suédois ö qui donne le même son. Dans les trois langues å qui se dit ô, ä qui équivaut à è. Ainsi la ville suédoise de Bodö qu'on doit prononcer boudeû.
On peut faire l'effort, d'autant que les francophones ont rarement l'occasion d'introduire des éléments de ces langues dans leurs écrits.
Pour Erdogan, je ne vois pas que des francophones doivent se casser la tête à savoir comment prononcer ; tout le monde dit érdogann.
Dernière modification par Jacques le lun. 10 mars 2014, 19:28, modifié 1 fois.
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André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Je ne connais en français que les accents aigu, grave et circonflexe. Il me semble préférable de ne pas utiliser les noms accent et accentuation et le verbe accentuer quand on parle des nombreux autres signes que peuvent porter ou contenir certaines lettres dans de nombreuses langues, que les mots concernés soient ou non empruntés par le français. Ces signes modifient, infléchissent la prononciation de la lettre simple. Ils n'ont rien à voir avec l'accent tonique de mot ou de phrase qui consiste à mettre en relief oralement une syllabe.
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Islwyn
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Message par Islwyn »

Moi aussi je préfère signes diacritiques.
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Jacques
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Message par Jacques »

Islwyn a écrit :Moi aussi je préfère signes diacritiques.
C'est le seul terme qui convienne. La cédille, pour prendre un exemple français, n'est pas un accent. Le tilde espagnol non plus.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Thypot
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Message par Thypot »

Très bien, merci à tous.

Jacques, je croyais qu'il y avait beaucoup plus de signes particuliers dans les langues scandinaves ; c'était une idée reçue.
André (G., R.)
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Message par André (G., R.) »

Thypot a écrit : partir à « Tokyo » ou à « Tōkyō ».

Tout cela me trouble un peu. Quand j'écoute les médias parler de l'homme politique turc Erdogan, je me demande si l'on peut vraiment prononcer le g à la française.
Il m'est arrivé aussi de voir « Tōkyō ». Je n'ai aucune idée de la valeur du trait sur l'O. Il me semble, Thypot, que vous soulevez une difficulté réelle : pourquoi le français refuse-t-il certains signes accompagnant des voyelles en langues étrangères et en accepte-t-il d'autres qui ne lui sont pas davantage constitutifs ? Les mots français de souche ne comportent pas ø ou å, or Larousse nous demande de nommer « øre » le centième de la couronne norvégienne. Peut-être la réponse à votre question est-elle à chercher dans l'alphabet : le japonais ne s'écrit pas originellement en alphabet latin.
« Erdogan » ne me semble pas non plus poser de problème particulier de prononciation. La langue turque a adopté l'alphabet latin avec un grand souci de simplicité. Toutes les lettres sont lues, la prononciation allemande est proche, à une exception d'importance, le Z, identique au nôtre : deniz (la mer) équivaut phonétiquement à notre prénom féminin, celui d'une mienne proche, cela m'avait frappé lors d'un séjour en Turquie !
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