André (G., R.) a écrit :[...] Mon activité de donneur de voix m'éloigne-t-elle des réalités ? Lorsque j'enregistre, il n'est pas question pour moi de ne pas faire la liaison entre « premier » et « objectif ».
Cette noble tâche de donneur de voix vous oblige à vous hisser au plus haut niveau afin de ne pas décevoir les plus exigeants, bien sûr, et vous n'en avez que plus de mérite à appliquer une excellente diction.
gerhec a écrit :Je prononce "première" objectif comme "première" partie (son "ai")
Vous avez raison, ou du moins vous suivez bien la prononciation généralement indiquée comme correcte dans les ouvrages que j'ai consultés.
Par exemple, Pierre Fouché, dans son Traité de prononciation française, écrit ceci : http://img11.hostingpics.net/pics/666567PhotoScan6.jpg
On voit que la prononciation qu'il indique pour "premier" en liaison est bien celle de "première" et non "premiére".
Même chose ou presque dans Comment on prononce le français, de Martinon, qui écrit : http://img11.hostingpics.net/pics/526793PhotoScan51.jpg http://img11.hostingpics.net/pics/183327PhotoScan52.jpg
Il est intéressant de noter d'une part que Martinon parle ici de "e moyen", et d'autre part qu'il y avait eu une controverse au XIXe siècle pour savoir si l'on devait plutôt maintenir l'e fermé (premié).
Les faits de prononciation sont essentiellement instables dans le temps et dans l'espace. Il n'est pas sûr que ce qu'écrivent les deux éminents auteurs cités, qui date d'un demi-siècle pour le premier et d'un siècle pour le second, soit encore absolument d'actualité.
Peut-être assiste-t-on à un retour de la prononciation en liaison "premié-r" comme semblent l'indiquer les réponses de deux intervenants ? Sans compter l'absence totale de liaison, fort justement observée par un troisième intervenant.
Merci, Leclerc92, pour cette documentation. Je dois toutefois vous avouer que je ne peux me faire à l'idée de prononcer « premier », dans le groupe nominal « le premier homme » sans la moindre différence avec « première » dans « la première femme ».
Encore une annonce d'un organisme de soutien scolaire qui passe régulièrement à la radio et qui s'adresse aux parents :
" ...pour aider leur enfant à faire leurs devoirs"...
En entendant « leur enfant » vous avez pu, à la rigueur, ne pas vous étonner de l'absence de liaison : on découvre rétroactivement la nécessité de celle-ci avec « leurs devoirs ».
Je croyais qu'on appelait liaison la prononciation de la consonne finale du mot précédent quand elle était muette ; je me trompais puisque :
Le TLF a écrit :Procédé consistant à prononcer devant la voyelle ou le h muet initial d'un mot, la consonne finale, ordinairement muette, du mot précédent.
Dans la majorité des cas il s'agit d'une consonne muette hors liaison. Mais indéniablement, pour « leur enfant » on entend, surtout si l'on n'est pas francophone, trois syllabes associées, la deuxième étant [rɑ̃].
En effet, selon le TLF, la liaison devant voyelle ou h muet initial se fait « pour qq. mots seulement (ans, heures, hommes et parfois autres) ». Je ne connaissais pas cette règle, si on peut dire que c'en est une. Je ne suis pas sûr que je n'aurais pas dit « neuvânes ».
« J’écris autrement que je ne parle, je parle autrement que je ne pense, je pense autrement que je ne devrais penser, et ainsi jusqu’au plus profond de l’obscurité. »
(Kafka, cité par Mauriac)
gerhec a écrit :Encore une annonce d'un organisme de soutien scolaire qui passe régulièrement à la radio et qui s'adresse aux parents :
" ...pour aider leur enfant à faire leurs devoirs"...
Vous n'avez pas compris : c'est l'enfant qui doit faire les devoirs des parents. C'est logique qu'il faille l'aider.
Plus sérieusement : je dis neuvans et neuvheures, mais neufhommes et neufânes. Je n'avais jamais remarqué cette différence.
L'erreur ne devient pas vérité parce qu'elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit.
Gandhi, La Jeune Inde