Déliter

[Claude]

Lu sur le bandeau d'une chaîne d'informations : « La majorité se délite ».
Ignorant ce verbe j'ai consulté la Toile. La seule définition que j'ai trouvée, s'appliquant à ce contexte humain et à la forme pronominale, figure dans le dictionnaire de l'Académie (9e édition) :

Fig. et litt. Une société qui se délite, qui perd sa cohésion, qui se désagrège.

[Leclerc92]

Votre réaction même, Claude, et le fait que vous n'ayez trouvé que la définition de la 9e édition du dictionnaire de l'Académie, montre que cet emploi imagé de "se déliter" est relativement récent. Il est toutefois assez courant me semble-t-il et félicitons l'Académie de l'avoir noté. Les dictionnaires d'usage l'ont fait aussi. Mon PLI 1997 parle déjà de la nation qui se délite, et mon vieux PR cite Barrès pour un cénacle de fidèles qui se délite.

[Claude]

Je suis surpris que le TLFi ne le mentionne pas au sens figuré.

[Leclerc92]

Le TLF mentionne un emploi métaphorique déjà :

− P. métaph. Sujets où les mots se délitent, où les expressions s'émiettent (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 140).

L'emploi un peu plus moderne, s'appliquant au contexte humain, ne s'y trouve pas mentionné, mais après tout, ce n'est qu'une application particulière du sens général de "se défaire, se décomposer, se désagréger".

Le dictionnaire USITO écrit de son côté :

fig. et littér. Se décomposer, en parlant d’un ensemble. « ils ont le sentiment très net que la victoire s’y délite, s’y effrite, s’en va en morceaux » (M. Barrès, 1922).

On voit que c'est encore Barrès qui est cité, dans une autre citation que celle du Robert ! Barrès devait aimer ce verbe !