Tout se vaut et réciproquement

[Jacques-André-Albert]

Vous aurez compris que l'absurdité de mon titre fait allusion au grand laisser-aller qui règne dans la parole publique. J'aimerais présenter sous ce titre les imprécisions, allant parfois jusqu'au contresens, glanées au fil des jours.
Vous me trouverez peut-être tatillon, mais une phrase a retenu mon attention ce matin : « Volodymyr Zelensky a expliqué qu'il ne pardonnerait pas aux Russes ». La rigueur voudrait qu'on dît et que l'on écrivît : Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il ne pardonnerait pas aux Russes, ou Volodymyr Zelensky a expliqué pourquoi il ne pardonnerait pas aux Russes.
Le recours à quelques verbes passe-partout est facile dans la précipitation qui caractérise les gens de télévision. Un verbe très à la mode est marteler, utilisé dans n'importe quelle circonstance, même quand la personne citée parle de façon très calme et non agressive.

[Perkele]

"Impacter" m'agace toujours beaucoup.

[Jacques-André-Albert]

Un autre terme mal utilisé, par ignorance : le verbe joncher. Ce soir, j'ai appris que dans une ville d'Ukraine, des corps jonchaient le sol, et l'image montrait un corps étendu. Je rappelle le sens du verbe joncher : Recouvrir en grand nombre le sol (TLFI). Ce n'est pas la première fois que ce verbe est employé pour dire qu'on a trouvé des corps sur le sol, mais pas en grande quantité.

[Leclerc92]

Oui, vous en aviez d'ailleurs récemment fait le sujet d'un fil :
viewtopic.php?p=106777#p106777

[jarnicoton]

Je propose "joncher çà et là".

[Jacques-André-Albert]

Dans le domaine de la grande déconstruction du français, j'ai remarqué qu'une chaîne de supérettes dénommait ses magasins « épicier autrement ».
Allons-y gaiement, l'adverbe peut maintenant préciser le sens d'un substantif.

[Leclerc92]

Comme dans "Scout toujours !".
Il me semble que c'est assez commun et on peut éventuellement y comprendre un verbe d'état sous-entendu ("Scout" et "épicier" sont en somme des attributs d'un verbe sous-entendu comme "être" et l'adverbe modifie ce verbe sous-entendu).
La question qui se pose est : est-ce que ça marche avec tous les adverbes ?

[Perkele]

Ou alors "épicier" est un verbe :

J'épicie
Tu épicies
Il épicie
Nous épicions
Vous épiciez
Ils épicient

[Jacques-André-Albert]

Oui, justement, ce qui me gêne, c'est l'ambiguïté (volontaire ou non) induite par l'emploi d'un nom qui peut ressembler à un verbe du premier groupe, et qui suggère l'appartenance à un ensemble de locutions facilement intégrables au discours (manger autrement, s'habiller autrement, se déplacer autrement, etc.), ce qui n'est pas le cas de cette enseigne.

[Leclerc92]

La confusion éventuelle, et peut-être volontaire, avec un verbe ma rappelle celle qu'on recherche dans cette blague (de fin de semaine ) qui marche évidemment mieux à l'oral qu'à l'écrit : "Est-ce que vous aimez manger épicé ?"

[abgech]

Le titre me rappelle cet aphorisme de Pierre Dac : "Tout est dans tout et réciproquement".

NB : Je suis un inconditionnel de P. Dac.

[Leclerc92]

Cela rappelle aussi les définitions du capitalisme et du communisme. Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme. Le communisme, c'est exactement l'inverse.

[Claude]

[...]
NB : Je suis un inconditionnel de P. Dac.

Et son complice Francis Blanche ?

[Perkele]

"Mieux vaut s'enfoncer dans la nuit qu'un clou dans la fesse droite."

[Claude]

Je ne la connaissais pas ; j'ai cherché et j'ai trouvé.