Formes et tournures de phrases

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Invité

Formes et tournures de phrases

Message par Invité »

Bonsoir à ous,
j'ai une petite question

"Ce genre de choses, c'est fini pour moi"
"Les sacs, ça m'a lancé

Quelle est la tournure utilisée dans ces phrases?
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Diomède
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Message par Diomède »

La tournure utilisée n'est pas française. Il y a deux sujets juxtaposés : c' renvoie à Ce genre de choses et ça renvoie à Les sacs.
C'est exactement comme dire : Paul, il est sympathique. C'est, malheureusement, de plus en plus courrant, et ça ne se dit pas.
Qu'il est sombre, le rire amer des grandes eaux !
Leconte de Lisle
Invité

Message par Invité »

Est-il donc faut de parler de la forme emphatique?
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Diomède
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Message par Diomède »

Faux, pas faut...
Et je mettrais à la forme emphatique
Je ne sais pas si, dans ce cas, on peut parler de forme emphatique. Une forme emphatique n'est pas une erreur de français. Alors que là, vous avez un pronom qui renvoie au mot juste avant. C'est, à la rigueur, acceptable à l'oral, encore que, mais à l'écrit...
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Leconte de Lisle
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Jacques
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Message par Jacques »

L'exemple donné par Diomède, Paul il est sympathique est une tautologie. Les avis sont partagés. La tautologie revêt des formes variées, dont certaines figurent dans des œuvres classique (Cyrano de Bergerac dans la tirade du nez : je me les sers moi-même et je ne permets pas qu'un autre me les serve). Des grammairiens l'acceptent comme un effet de style visant à renforcer l'expression de la pensée, d'autres la condamnent comme étant une forme du pléonasme. Littré la qualifiait de « vice d'élocution ». Si la phrase de Diomède peut être tolérée comme une tournure familière, il est certain que dans la langue soutenue on devra éviter ce type de construction.
Pour votre question, même dilemme ; ce genre de chose c'est fini est une tautologie familière, dans la langue soutenue on devra préférer est fini.
Je ne saisis pas l'autre avec les sacs, elle semble mal construite.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
Invité

Message par Invité »

La question m'a été posée ce matin même lors de mon brvet blanc.
Hésitant, j'ai finalement opté pour la forme emphatique. J'ai ajouté afin de justifier que la tournure était utilisée pour mettre en relief le groupe nominal du début!
Qu'en pensez-vous?

Cordialement.
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Diomède
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Message par Diomède »

A l'oral, c'est effectivement le but, je pense.
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Leconte de Lisle
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Jacques
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Message par Jacques »

C'est une bonne justification. Cette forme emphatique est obtenue, justement, par la tautologie, ce que j'ai appelé « un effet de style visant à renforcer l'expression de la pensée ». C'est ce qui distingue la tautologie du pléonasme pur et simple. Dans l'absolu, je pense qu'on ne peut pas condamner le procédé, qui passe évidemment mieux dans la langue orale que dans la langue littéraire.
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Marco
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Message par Marco »

Il s’agit de ce que l'on nomme techniquement dislocation à gauche en linguistique. Cette tournure n’est pas à condamner à l'oral, dans un contexte familier (ou en littérature, lorsqu’on veut rendre le langage parlé).
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Marco
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Message par Marco »

Nos messages se sont croisés, Jacques. :D
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Perkele
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Message par Perkele »

Est-ce que ça ne rentre pas dans la cathégorie des anacoluthes ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Marco
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Message par Marco »

Pas tout à fait : l’anacoluthe est une phrase qui change soudainement de cap syntaxique ; la dislocation à gauche (ou à droite) est une forme de mise en relief, séparée le plus souvent par une virgule. Mais on pourrait considérer que c’est un cas particulier d’anacoluthe, en effet.
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Jacques
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Message par Jacques »

Marco a écrit :Nos messages se sont croisés, Jacques. :D
Oui, et nous sommes d'accord, à cela près que je n'ai pas comme vous de culture linguistique, et que mon raisonnement est moins technique.
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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Claude
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Message par Claude »

Marco a écrit :l’anacoluthe est une phrase qui change soudainement de cap syntaxique
Pouvez-vous me donner un exemple ?
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Jacques
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Message par Jacques »

claude a écrit :
Marco a écrit :l’anacoluthe est une phrase qui change soudainement de cap syntaxique
Pouvez-vous me donner un exemple ?
Le nez de Cléopatre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait été changée (Pascal).
Pourtant les flics un peu la veille, ils l'avaient traité encore pire. (L.F. Céline).
La naissance n'est rien où la vertu n'est pas (pour là où : ne peut pas se rapporter à naissance).
Si haut qu'on soit placé, on n'est jamais assis que sur son cul (MONTAIGNE).
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