Le langage des plateaux de télévision

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Perkele
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Perkele »

Et pourquoi n'emploie-t-on pas "annonceur", "annponceuse" ? ou "présentateur", "présentatrice" ?
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Leclerc92
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Leclerc92 »

Et pourquoi pas en effet ? Mais en attendant qu'on nous donne, à vous et à moi, le pouvoir d'imposer le vocabulaire de nos concitoyens, le mot, que j'ignorais ou avais oublié, semble bien introduit dans le vocabulaire des sports, toujours en avance d'un néologisme. Wikipedia lui consacre un long article :
https://fr.wiktionary.org/wiki/speakeuse
et on trouve de nombreuses occurrences sur Google.

Sur le fond, les gens d'un certain âge ont bien connu la speakerine, comme le rappelle Freddy, mais d'une part ce métier a disparu et le nom n'évoque peut-être pas grand chose aux jeunes générations, d'autre part le métier de speakerine n'a pas grand chose à voir avec celui de speakeuse. Enfin, si on se replonge dans les revues langagières du temps où le mot speakerine fut introduit, celui-ci était très largement vilipendé, en raison de son féminin à l'allemande, totalement inédit en français. Et rappelons-nous aussi les difficultés pour nommer leurs homologues mâles lorsque ceux-ci furent introduits à la télévision : on parla de speakerins, si je me rappelle bien, et non de speakers.

Yeva Agetuya nous avait déjà parlé de speakeure et nous avait dit préféré speakeuse.
viewtopic.php?p=112206#p112206
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freddy.lombard
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par freddy.lombard »

Concernant une sportive dont la catégorie n'avait strictement rien à voir avec la natation ni même la course à pied ou la marche, le présentateur nous dit qu'elle a marché sur l'eau : c'est imagé à la limite du poétique. Je crois qu'il s'agissait d'une lanceuse de marteau ou un sport de type.

Lorsqu'un français gagne une médaille, on entend souvent dire que c'est le patron. Par exemple Teddy RIner en judo. C'est plus joli que boss.
Clarisse Agbegnenou est aussi la patronne.

Une concurrente qui avait beaucoup d'avance sur ses concurrentes a mis tout le monde d'accord. :d
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JLuc
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par JLuc »

Un commentateur, au sujet d'un athlète tombé durant son exhibition à la barre fixe qui reprend avec tout autant de fougue sa démonstration, nous dit :
ce sera difficile pour lui, "il est démobilisé"
Démobilisé?
J'ai été une fois démobilisé, cela ne m'a pas déstabilisé.
“Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.”
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Leclerc92
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Leclerc92 »

Voulait-il dire démotivé ? La fougue que vous mentionnez ne semble pas confirmer cette hypothèse.
Je note dans le dictionnaire de l'Académie ce sens :
☆2. Fig. Faire perdre à un groupe sa combativité, son enthousiasme. Ses atermoiements ont fini par démobiliser ses partisans.
Mais là, on n'a pas de groupe et combativité de l'athlète ne semble pas entamée.
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Perkele
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Perkele »

JLuc a écrit : mer. 07 août 2024, 19:14 Un commentateur, au sujet d'un athlète tombé durant son exhibition à la barre fixe qui reprend avec tout autant de fougue sa démonstration, nous dit :
ce sera difficile pour lui, "il est démobilisé"
Démobilisé?
J'ai été une fois démobilisé, cela ne m'a pas déstabilisé.
Déconcentré, peut-être, aussi.
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freddy.lombard
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par freddy.lombard »

Hier, des articles bien adaptés : un athlète garde un calme olympien tandis qu'une sauteuse à la perche tenait une forme olympique.
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Uranie
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Uranie »

Dans la bouche d'un policier qui se plaint (à juste titre) des incivilités : "les tracassés du bulbe".
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Perkele »

Uranie a écrit : jeu. 08 août 2024, 9:42 Dans la bouche d'un policier qui se plaint (à juste titre) des incivilités : "les tracassés du bulbe".
N'est-ce pas plutôt de l'ordre des métaphores pittoresques ?
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Perkele »

JLuc a écrit : mer. 07 août 2024, 19:14 Un commentateur, au sujet d'un athlète tombé durant son exhibition à la barre fixe qui reprend avec tout autant de fougue sa démonstration, nous dit :
ce sera difficile pour lui, "il est démobilisé"
Démobilisé?
J'ai été une fois démobilisé, cela ne m'a pas déstabilisé.
Mais, Jean-Luc, vous êtes une force de la nature ! :d
Il faut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux.
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par JLuc »

Perkele a écrit : jeu. 08 août 2024, 13:17Mais, Jean-Luc, vous êtes une force de la nature ! :d
Ha! Quand je vous le disais. :wink:
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par JLuc »

L’haltérophile « a battu son propre record personnel »
À lui ?
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Leclerc92
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Leclerc92 »

Oui, on pardonnera l'outrance et l'insistance lourde des commentateurs qui vivent de difficiles mais palpitantes journées !
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par JLuc »

Après avoir entendu au JT que des aoûtiens profitaient de leurs vacances pour faire de la marche à pied, une personne a utilisé l'expression "Force est de constater...".
Comme d'autres termes en vogue, on pouvait l'entendre au boulot surtout par zèle hypocrite de certains.
Si j'ai bien compris, cette locution verbale est utilisée pour signifier qu’on ne peut pas remettre en cause...
Pourtant, je suis bien forcé de constater que cette locution verbale m'agace car je ne comprends pas sa construction, ni vraiment sa signification.
Y a-t-il d'autres groupes de mots équivalents à cette forme?
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Leclerc92
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Re: Le langage des plateaux de télévision

Message par Leclerc92 »

Force est de constater = on est bien forcé de constater, comme vous l'avez vous-même écrit.
C'est une jolie expression, à mon avis, mais à la construction étrange et probablement très ancienne. L'Académie dit :
Force est de, suivi d'un infinitif, il faut se rendre à l'obligation de faire quelque chose. Force est de constater... Force lui fut de se taire.
J'hésiterais à employer la seconde expression.
Le TLFi donne lui aussi une expression ancienne en prime, qu'il qualifie de rare :
− Force est (était) de (loc. verb. impers.). Il est (était) nécessaire de. Il fallut bien se soumettre, car ce roi les eût envoyés en prison. Force était d'obéir avec docilité (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 352).Force nous avait été de la former, cette junte; elle parlait aux Espagnols au nom de leur roi; elle amenait les généraux des Cortès à traiter avec une autorité de la patrie (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 197).
♦ Il est force de (rare). Ces prédications gasconnes sont utiles dans l'ordre civilisé, où il est force d'abuser le peuple sur son malheureux sort (Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 24).
Ces expressions sont très anciennes dans la langue, et leur construction nous échappe un peu aujourd'hui. Hors de la première, les autres sont d'un emploi rare. Mais ceux qui aiment les textes en ancien français les retrouveront plus souvent, comme dans ces exemples donnés pas le Dictionnaire du Moyen Français :
- Force est (à qqn) (de + inf.). "C'est une nécessité (pour qqn) (de)" : Si m'est force par temps ma vie expirer (HAUTEV., Compl. B., c.1441-1447, 26). Et si m'est force de avancer (HAUTEV., Conf. Test. am. tresp. B., c.1441-1447, 24). ...si conclurent tous ensamble et d'un commun accord de retourner dont ilz estoient venus. Car force leur estoit, pour la nécessité des vivres dont ilz ne povoient finer. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 423). ...force leur fu de prendre port a une petite cité quy... (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 39). Le pouvre, tout esbay et ainsin gehyné d'elles, force lui fut de dire oÿ (LA SALE, J.S., 1456, 14). ...force luy fut d'obeir. (C.N.N., c.1456-1467, 66). ...si luy fut force de confesser ce qu'il eust tres voluntiers celé (C.N.N., c.1456-1467, 229). ...mais force lui fut d'obeyr. (MOLINET, Chron. D.J., t.1, 1474-1506, 473). TESTE LEGIERE. Deablë emport les boulengiers Qui nous font mengier le pain chault. SOCTE MYNE. Force est d'endurer. TESTE LEGIERE. Il le fault SOCTE MYNE. Ung jour serons hors de soucy. (Sots, c.1480-1500, 262).
. Il est force (à qqn) (de + inf.) : ...force il m'en sera. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 204). ...car il est aucunes foiz force de dire des choses qui ne sont pas vraies pour complaire aux gens et leur donner ung peu d'esperance (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 201). [Autre ex. p.203] ...et me sera force de mettre par escript aucune chose hors de ce que je veiz (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 196).
- Force est (à qqn) que. "Il est nécessaire (pour qqn) que, il faut que" : Force m'est que par la je passe (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 230). ...force seroit que gaires peuist vivre (Hist. seign. Gavre S., c.1456, 111). Ce n'est pas icy que tu doiz dire ton courage, force est que tu faces de necessité vertuz. (C.N.N., c.1456-1467, 253). Il fault qu'il y ait quelque mistere ; il est force que je le sache. (C.N.N., c.1456-1467, 317). S'il est mort, force est que desvye, Voirë, ou que vive sans vie (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 86). Force est que [vous] vous deportés, Et qu'un petit vous supportés Vos sotz, quë avés assoctés A foloyer de tous costés. (Vig. Trib., c.1480, 227). Force est que vous [vous] deportés Et que le fait vous racomptés. Dont vient ceste melencolie ? (Vig. Trib., c.1480, 227). Si sommes venuz pour traicter Sur ce fait, pour trouver remede ; Et est force que l'on procede A sa mort : nous n'en pouons plus. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 529). JÉSUS. Le second point, mere benigne, Auquel requerez que je meure Sans peine souffrir, soyés seure, Force est que point ne l'obtenez. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 582). Force est que nous entrons dedens Et puis clorrons, de peur de doubtes, Les huys et les fenestres toutes, Que ses Juïfz ne nous y saichent. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 983). Force est que je me desespere Pour le grant mal qui me survient Et de guerir jamais n'espere. (LA VIGNE, S.M., 1496, 452).
. Il (m')est force que. Ce m'est force que. "Il est nécessaire que, il faut que" : Il est force que je m'en aille. (Au grey d'amours F.-H., c.1400-1500, 209). Et ainsi il aduient que combien que nous aions voulente de monter souuent iusques au souuerain eschelon de ceste eschielle, cest a contemplacion, nous est force et necessite que nous descendons. Et quant il aduient que par necessite de ceste vie on descende (CIB., p.1451, 179). ...mais il estoit force que la quittance et renonciacion des dites promesses ce fist en jugement (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 169). Si est il force que je rive. Mais brief, c'est le port de Chatou, On n'y treuve ne fons ne rive. (Sots, c.1480-1500, 266). SAINCT MARTIN. Tresvoluntiers en ceste heure presente, Vous le sçaurez pour resolucion : Il est forcé [l. force] que du monde m'exente Pour contempler de Dieu la passion (LA VIGNE, S.M., 1496, 358). Ce m'est force que je domyne D'elle (Gent. moun. T., c.1500, 349).
- C'est force que : "Mon amy, c'est force que vous eloignez..." (C.N.N., c.1456-1467, 167).
- Il n'(y) a force. "Ce n'est pas la peine" : Ta partie [s'] est retraicte : Ne dy plus " bee ", il n'y a force. (Path. D., c.1456-1469, 188).
- Estre de force que. "Être nécessaire que" : Et est de force qu'on procede A sa mort (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 207).
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